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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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encore avoir au XIII e  siècle sur le rôle provocateur de la femme.
    Car ce que femme veut, elle l’obtient, non pas de gré ou de force, mais plutôt par magie. Car la femme peut disposer d’un redoutable pouvoir, celui de lancer une incantation contraignante, le fameux geis druidique, sur l’homme qu’elle a choisi. C’est ce que racontent avec beaucoup de détails deux récits fondamentaux de la tradition gaélique. L’un appartient à ce qu’on appelle le « cycle d’Ulster »   : il présente une grande cohérence dans la suite des aventures qui y sont relatées et qui gravitent autour du roi Conchobar et du héros Cûchulainn. L’autre fait partie du « cycle de Leinster », série de contes d’époques diverses recueillis en Irlande et en Écosse, et dont les personnages principaux sont Finn mac Cool et son fils Oisin, entourés de la troupe des Fiana .
    La tragique histoire de Deirdre, qui est devenue, dans la mémoire populaire, une sorte de récit emblématique des malheurs de l’Irlande au cours des siècles, se situe donc sous le règne du roi Conchobar d’Ulster. Tout commence alors que le roi et ses compagnons se trouvent hébergés dans la maison d’un certain Fedelmid. Or, la femme de celui-ci est enceinte et, le lendemain, elle accouche d’une fille. Alors le druide Cathbad fait une prophétie au sujet de l’enfant qui vient de naître, et cette prophétie est loin d’être rassurante   : « C’est grande pitié que tu sois née, ô Déirdré, fille de Fedelmid   ! Bien que ton visage soit beau et blanc, ton destin sera sombre et tragique. Ô Déirdré, tu seras cause de destruction, de meurtres et de reniements parmi les Ulates… »
    En entendant cette sinistre prédiction, les Ulates proposent qu’on tue la fille. Mais le roi s’y oppose   : « Non pas. Je veux qu’on me l’amène demain. C’est moi qui assurerai sa protection et son éducation. Elle sera élevée d’après mes ordres, jusqu’à l’âge de vivre avec moi. » On voit que Conchobar pense à assurer son avenir. « Elle fut donc élevée dans une forteresse assez éloignée d’Émain Macha (41) pour qu’aucun homme d’Ulster ne pût la voir jusqu’au jour où elle dormirait avec Conchobar (42) . »
    Les années passent. Conchobar est informé de l’éducation de Déirdré par sa messagère Leborcham, « qui courait plus vite que le vent, et à laquelle on ne pouvait s’attaquer car elle possédait de grands pouvoirs de sorcellerie. Il semble donc que le roi, prenant sur lui la malédiction évoquée par le druide Cathbad, ait réussi à contrer le destin. Mais le destin va bientôt se faire sentir   : « Un jour d’hiver, alors que la neige était tombée en abondance la nuit précédente, l’un des serviteurs de Déirdré se trouvait dans la cour, occupé à écorcher un veau qu’il venait de tuer et qu’il destinait au repas du soir. La jeune fille s’était levée de bonne heure et, depuis la fenêtre de la maison, contemplait le paysage, dont la blancheur si pure et si intense l’émerveillait, quand elle aperçut un corbeau qui s’abreuvait de sang de veau. »
    C’est alors que tout bascule dans l’esprit de Déirdré. Elle dit à Leborcham qui se trouve près d’elle   : « Vois-tu   ? Le seul homme que j’aimerai sera doté des trois couleurs présentes en ce moment dans la cour   : sa chevelure devra être comme le plumage du corbeau, sa joue aussi rouge que le sang, son corps aussi blanc que la neige. » Ces trois couleurs, le noir, le rouge et le blanc, vont avoir une importance exceptionnelle dans l’histoire de Déirdré, mais elles semblent être également avoir une valeur emblématique dans la tradition celtique. On retrouve une scène équivalente dans le récit gallois de Peredur , puis dans le Perceval du poète champenois Chrétien de Troyes   : le héros tombe en extase devant un corbeau qui boit le sang d’une oie sur la neige, ce qui lui rappelle immédiatement la femme qu’il aime, celle-ci ayant les cheveux noirs, le corps blanc et les lèvres rouges. Et faut-il rappeler que ces trois couleurs correspondent aux trois stades des opérations alchimiques, la pierre au noir, dite aussi « tête de corbeau », résultat de la calcination de la matière première, puis la pierre au blanc qui en est la purification, enfin la pierre au rouge qui est la fameuse Pierre philosophale   ?
    Cela dit, Leborcham fait observer à la jeune fille qu’il

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