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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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est beau de rêver mais qu’elle ne doit pas oublier qu’elle est promise au roi d’Ulster qui est « un bel homme, un fier guerrier et un père très bon et très juste pour tous les gens de son peuple ». Cela n’empêche nullement Déirdré de s’obstiner   : « Je n’aimerai qu’un seul homme en ma vie   : celui qui aura des cheveux de jais, des joues rouges et un corps immaculé. » Puis elle demande à Leborcham si elle connaît un tel homme parmi les Ulates. « Hélas   ! répond la messagère, j’en sais au moins un qui a la chevelure plus noire que le plumage du corbeau, les joues plus rouges que le sang et le corps plus blanc que la neige. » Et elle lui révèle qu’il s’agit de « Noisé, l’un des fils d’Usnech, l’un des plus valeureux compagnons de la Branche Rouge (43) . »
    Évidemment, tout sera fait pour que Deirdre ne rencontre pas Noisé, mais on ne peut lutter contre le destin. Un matin, alors qu’elle se trouve à Émain Macha, dans une maison à l’écart « Déirdré s’était éveillée très tôt car, pendant la nuit, elle avait vu en songe une grande ombre se profiler sur les murailles d’Émain Macha, et cette ombre avait pris peu à peu la forme d’un jeune homme à la chevelure noire, aux joues rouges, au corps plus blanc que neige. Se glissant hors de la maison sans que personne s’en aperçût, elle s’approcha des remparts de la forteresse et entendit le chant de Noisé. Elle se hâta en direction de la voix et le vit. Au seul aspect de la chevelure noire, des joues rouges et du corps très blanc du jeune guerrier, elle fut aussitôt envahie dans tout son être d’un violent amour. »
    La conversation s’engage. Déirdré laisse clairement entrevoir ce qu’elle désire. Noisé, qui a reconnu en elle la jeune fille destinée au roi, lui réplique que de toute façon, il la rejetterait par respect pour le roi. Il n’a pas plus tôt exprimé son refus que « Déirdré poussa un grand cri et, se précipitant sur Noisé, le saisit par les deux oreilles. – Par le dieu que jure ma tribu   ! s’écrie-t-elle, voici deux oreilles de honte et de moquerie. Mort et destruction sur toi si tu ne m’emmènes pas immédiatement, quand bien même tous les Ulates voudraient t’en empêcher . » Voilà qui est net et précis. Noisé, persistant dans son refus, lui demande de s’éloigner. Elle répond   : «  Il est trop tard maintenant. Je serai à toi comme tu seras à moi pour toute la vie   ! »
    Oui, il est trop tard. L’incantation magique, le geis , lancé par Déirdré, a un pouvoir contraignant absolu. Si celui qui le reçoit se dérobe, il est voué à la honte, sinon à la mort. La « machine infernale » s’est mise en route. Noisé, accompagné de ses frères, qui eux non plus ne peuvent l’abandonner, va s’enfuir avec Déirdré, déclenchant ainsi la colère du roi Conchobar qui va s’acharner contre le clan des fils d’Usnech. Et sa vengeance sera terrible   : à la suite de luttes sanglantes, il fera tuer Noisé par trahison afin de récupérer Deirdré, mais ce faisant, il s’attirera la défection de son propre fils et du héros Fergus qui s’étaient portés garants de la sauvegarde de Noisé et qui passeront dans le camp de ses ennemis, Ailill et Maeve. Mais Déirdré n’a pas oublié Noisé et son amour pour celui qui n’est plus est toujours aussi passionné. Cela nous vaut d’ailleurs des lamentations d’une sombre beauté poétique   :
     
    Ô Conchobar, que veux-tu   ?
    Tu m’as causé chagrin et larmes.
    Pour moi, tant que je serai en vie,
    ton amour me fera fuir…
    Celui qui fut pour moi le plus beau,
    celui qui fut si cher à mon cœur,
    tu me l’as enlevé cruellement
    et tu l’as conduit à la mort…
    Il a disparu maintenant, hélas   !
    l’aspect sous lequel paraissait le fils d’Usnech,
    tertre noir de jais sur un corps blanc,
    que toutes les femmes admiraient…
    deux joues de pourpre plus belles que le feu,
    des lèvres rouges, des cils noirs comme un scarabée,
    des dents couleur de perle,
    comme la noble teinte de la neige…
    ne brise pas aujourd’hui mon cœur,
    car bientôt j’irai vers ma tombe.
    Le chagrin est plus fort que la mer,
    le sais-tu, ô Conchobar… (44) .
     
    Finalement, lassé par les lamentations de Déirdré, Conchobar lui demande un jour quel est l’homme qu’elle hait le plus parmi ses compagnons. Elle répond   : « Je ne te cacherai rien. En vérité, après

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