Amours Celtes sexe et magie
troupe d’oiseaux apparaît dans le ciel et tournoie au-dessus de l’assemblée. « Tandis que les Ulates les contemplaient avec ravissement, car ils n’en avaient jamais vus d’aussi beaux sur toute la terre d’Irlande, leurs femmes brûlèrent d’envie d’en posséder au moins un chacune (31) . »
On s’adresse alors à Cûchulainn, car « il n’a pas son pareil pour attraper les oiseaux vivants ». Celui-ci, ainsi sollicité, commence par manifester sa mauvaise humeur en s’écriant : « Comment ? Les putains d’Ulster n’ont rien trouvé de mieux que de m’envoyer chasser des oiseaux aujourd’hui ! » Mais il finit par se laisser convaincre et, à coups d’épée, il assomme de nombreux oiseaux qu’il distribue aux femmes d’Ulster. Cependant, peu de temps après, « on vit apparaître au-dessus du lac deux grands oiseaux qui, d’une blancheur et d’une grâce incomparables, volaient en décrivant de larges cercles au-dessus de la plaine de Muthemné. »
On remarqua ensuite qu’une chaîne d’or rouge les reliait l’un à l’autre. Et ils chantaient une si douce chanson qu’en l’entendant tous les Ulates s’endormirent, à l’exception d’Émer (la femme de Cûchulainn), de Cûchulainn et de Loeg (son cocher). Et malgré les avertissements d’Émer et de Loeg, Cûchulainn, se décide à attraper ou à blesser les oiseaux. Par deux fois il les rate avec ses balles de fronde. « Alors, de dépit, il jeta sa fronde, prit son javelot et, d’un coup très sec, le lança avec tant d’adresse contre les oiseaux qu’il traversa les ailes de chacun. Si bien que tous deux s’abattirent immédiatement sur le lac qui les engloutit. »
C’est alors qu’il se produit quelque chose d’étrange : « Cûchulainn se sentit mal et, pris de faiblesse, il faillit tomber sur les rochers qui surplombaient les eaux. En titubant, il revint en arrière et s’assit auprès d’un pilier (un menhir ?) auquel il s’adossa, en proie à mille pensées affligeantes. Mais bientôt, le sommeil s’empara de lui. » Mais ce sommeil est particulièrement agité par des songes inquiétants. Au cours de l’un d’eux, « il vit deux femmes venir à lui, l’une vêtue d’un manteau vert, l’autre d’un manteau de couleur pourpre et à cinq plis. La femme au manteau vert l’aborda et, avec un large sourire aux lèvres, se mit à le frapper sauvagement d’une cravache dont la morsure était cuisante. Quand elle eut fini, elle donna la cravache à sa compagne au manteau pourpre, et cette dernière, à son tour, le fouetta de si belle manière qu’il se sentit, dans tout son corps, blessé et meurtri. Ensuite, la première recommença, puis la seconde la relaya. […] Enfin, les deux femmes, sur un grand éclat de rire, s’évanouirent. Et Cûchulainn demeura immobile à la même place, les yeux fermés. »
Pendant une année entière, Cûchulainn, qu’on a transporté dans sa maison, demeure dans un état de prostration qui frise le coma profond. Sur les conseils des druides, le soir de la fête de Samain suivante, on le ramène jusqu’au pilier contre lequel il s’était endormi l’année précédente. C’est alors qu’il voit apparaître la femme au manteau vert qui lui dit : « Je dois t’entretenir de la part de Fand, fille d’Aed Abrat. Sache qu’elle est l’épouse de Mananann, fils de Lîr, mais que, délaissée par lui, elle a jeté les yeux sur toi, et que son cœur s’est empli d’amour. Voilà ce qu’elle m’a chargée de te dire. » On comprend alors qui étaient les deux grands oiseaux blancs unis par une chaîne d’or. Et l’on comprend également qu’elles viennent du « Pays de la Promesse », autrement dit l’Autre Monde, où résident les Tuatha Dé Danann , gouvernés par Mananann mac Lîr depuis que les Gaëls se sont partagé avec eux la surface de terre et l’univers souterrain de l’île d’Irlande.
Et la femme aux vêtements verts invite Cûchulainn à venir rejoindre Fand dans son pays de Mag Mell , la « Plaine merveilleuse », qui désigne le séjour bienheureux des dieux et des héros de l’ancien temps. Mais Cûchulainn, qui se sent encore trop faible – ou qui a peur d’affronter l’inconnu – demande un délai et ordonne à son cocher Loeg d’accompagner la messagère et de revenir lui décrire l’état des lieux. Ainsi est fait. Quand Loeg revient, il fait une description enthousiaste de Mag Mell.
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