Amy, ma fille
était petite.
*
La police n’en avait pas fini avec elle au sujet de l’affaire du pot-de-vin. Les inspecteurs ont rencontré nos comptables. Ils ont tenu à interroger Amy et à nouveau on nous a conseillé de nous présenter au poste de nous-mêmes. Ils désiraient également m’interroger pour savoir s’il était possible qu’elle retire de l’argent sans que je le sache, mais je n’avais aucune inquiétude à avoir : c’était impossible.
Je continuais de conduire mon taxi autant que je le pouvais à cette époque et quand les clients me reconnaissaient ils me demandaient : « Comment allez-vous ? Et votre fille ? » Ce à quoi je répondais : « Elle va bien, merci, c’est gentil de prendre de ses nouvelles. »
Mais la vérité c’est qu’elle n’allait pas bien et moi non plus. Nous ne savions jamais à quoi nous attendre d’un jour sur l’autre : Amy n’avait jamais agi de façon aussi imprévisible.
Le vendredi 23 novembre, la liberté sous caution de Blake a été rejetée. Amy était anéantie. Tout était de nouveau sens dessus dessous.
Il n’est guère surprenant que le concert d’Amy au Hammersmith Apollo le lendemain soir ait été une catastrophe.
À chaque fois que je le pouvais, je passais la voir avant un concert pour m’assurer que tout allait bien et l’encourager. Avant celui-là, je m’étais rendu dans son hôtel où je l’avais trouvée en compagnie du chanteur Pete Doherty. Ils étaient tous les deux assis sur le lit et jouaient de la guitare. On parlait régulièrement dans la presse des excès de Doherty, qu’ils soient liés à l’alcool ou à la drogue, et je n’avais donc aucune envie qu’Amy le fréquente. Je l’ai mis à la porte. Certaines personnes ont affirmé que je l’avais frappé à la tête avec sa guitare ; je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet, si ce n’est qu’en quittant la chambre, il se tenait la tête entre les mains.
Amy est arrivée une demi-heure en retard sur scène sous les sifflets d’une partie du public. Elle a fait une belle prestation dans l’ensemble même si par moment elle semblait un peu à l’ouest. Le concert m’a paru assez décousu, mais la plupart des gens l’ont apprécié.
Quelques jours plus tard, elle m’a appelé pour me dire qu’elle voulait annuler le reste de la tournée : elle ne savait plus où elle en était sur le plan affectif. J’en ai parlé à Raye et nous avons conclu que la meilleure chose à faire était en effet d’annuler. La santé d’Amy était de loin la chose la plus importante. Mais cela ne suffisait pas : il fallait qu’elle suive une cure de désintoxication. Je suis allé la voir pour lui en parler, en douceur.
Je lui ai dit que Raye et moi avions discuté et elle a paru soulagée quand je lui ai appris que les prochaines dates avaient été supprimées.
— Tu sais pourquoi on fait ça, ma chérie ? Parce qu’on t’aime et qu’on veut que tu ailles mieux. Ta santé est plus importante qu’une tournée. Mais pour aller mieux, tu dois te faire aider.
— Tu veux parler d’une cure de désintox, c’est ça ? J’ai envie d’aller mieux mais je ne veux pas aller en désintox, papa.
— Je sais et c’est pour ça que je cherche d’autres solutions. Il doit y avoir d’autres moyens.
Je pensais que l’écriture pouvait l’aider. Une fois qu’elle s’impliquait à fond dans quelque chose, il n’y avait pas moyen de l’arrêter. Je l’ai prise dans mes bras avant de partir.
Quand je suis monté dans mon taxi, j’ai reçu le premier d’une série de textos anonymes : « T’es une vraie ordure d’avoir dit ce que tu as dit sur Georgette. Occupe-toi de ta fille, espèce de c… »
Je n’en ai pas parlé à Amy.
*
Je me suis rendu au commissariat de police. Je me sentais un peu nerveux, mais je savais que nous n’avions rien à nous reprocher. J’ai expliqué comment nous gérions nos comptes et quelles mesures nous avions prises pour protéger Amy.
J’espérais que ma fille et moi serions mis hors de cause dans cette affaire. Confiant quant aux conclusions de l’enquête, je suis allé voir Amy dans son appartement de Bow pour discuter avec elle de la cure de désintoxication. Elle était au lit et incapable de se lever parce qu’elle subissait les effets de la boisson et/ou de la drogue. Est-ce que ce serait tous les jours comme ça ? Même si Blake se trouvait en prison et qu’elle affirmait vouloir s’en sortir,
Weitere Kostenlose Bücher