Amy, ma fille
Nous sommes arrivés au University College Hospital vers vingt heures quinze.
Les médecins l’ont immédiatement prise en charge. Je suis resté seul dans le couloir à repenser à ce qui venait de se passer : si je n’étais pas arrivé à temps, elle aurait pu mourir.
Je faisais les cent pas. Je n’ai pas arrêté de poser des questions et on m’a répondu qu’un médecin allait me tenir informé au plus vite.
Je devenais fou. Malgré l’interdiction de téléphoner dans l’enceinte de l’hôpital, j’ai appelé Jane. J’avais besoin de lui parler. Elle m’a rassuré et m’a demandé si je voulais qu’elle prévienne Janis. J’ai répondu que ça ne servait à rien pour le moment, que je l’appellerais quand j’en saurais davantage. J’ai contacté Raye pour qu’il s’occupe de la presse. Il a immédiatement téléphoné à Chris Goodman d’Outside Organization.
J’ai attendu pendant très longtemps. J’ai piqué une telle crise que les vigiles ont menacé de me virer. Peu après, une infirmière m’a informé que je pouvais voir Amy.
— Comment va-t-elle ? ai-je demandé.
Elle a marmonné quelque chose avant de s’éclipser. Comme d’habitude, je me suis imaginé le pire et j’ai pensé qu’elle ne voulait rien me dire tellement l’état d’Amy était inquiétant.
Ne sachant pas à quoi m’attendre, j’ai pénétré dans la chambre de ma fille en tremblant. Elle dormait, un masque à oxygène sur le visage. Il y avait des fils qui lui sortaient du corps et une machine contrôlait son rythme cardiaque. Le médecin était là ; il m’a dit qu’il attendait les résultats des analyses avant de se prononcer. Impossible de lui soutirer une autre information. Son beeper a retenti et il a quitté la chambre, me laissant seul avec Amy.
Que s’était-il passé ? Une nouvelle attaque ? Une overdose ? Je l’ignorais, mais elle était en vie et je priais pour qu’elle s’en remette.
Je lui ai pris la main. Qu’est-ce qui était arrivé à ma petite fille ? Elle réussissait si bien. Je me suis senti mal. J’ai lâché sa main, saisi la carafe posée près du lit et me suis servi un verre d’eau. Je tremblais tellement que j’ai presque tout renversé sur mon T-shirt en portant le verre à ma bouche.
Je me suis assis et me suis pris la tête dans les mains. Je ne savais plus quoi faire pour elle, ni ce que j’allais faire si elle mourait.
La tête lourde et les jambes tremblantes, je me suis levé, j’ai pris de profondes inspirations et j’ai tenté de me raisonner. Je me suis servi un deuxième verre d’eau avant de me rasseoir. Il était vingt-deux heures quarante-cinq et la veillée s’annonçait longue.
J’étais épuisé et en dépit de mes efforts, j’ai piqué du nez. Un coup de tonnerre m’a réveillé peu avant minuit. Un éclair a illuminé la pièce et malgré la pluie battante, Amy ne s’est pas réveillée. Le tonnerre, les éclairs, les ombres dansant sur les murs, tout cela me donnait l’impression d’être dans un film d’horreur de la Hammer.
La pluie a cessé et je me suis ressaisi. J’avais besoin d’aller aux toilettes mais comme je ne voulais pas la laisser seule, j’ai croisé les jambes sur la chaise pour me retenir.
À minuit trente, elle s’est réveillée. Elle a soulevé la tête de l’oreiller, regardé autour d’elle, ôté le masque à oxygène et m’a dit :
— Papa, j’ai faim. Ça te dirait un KFC ? Papa ? Tu pleures ?
J’étais en larmes.
Quand je me suis repris, je lui ai raconté ce qui s’était passé. Elle ne se souvenait de rien. Je lui ai demandé si elle avait pris de la drogue mais elle ne souhaitait pas en parler. Après un instant de réflexion, elle s’est souvenue avoir demandé à quelqu’un un cachet pour la tête sans savoir si elle l’avait avalé ou non.
Apparemment, il y avait eu des allées et venues chez elle toute la journée.
— Peut-être que quelqu’un m’a filé un truc, papa, a-t-elle suggéré.
Volontairement ou par erreur, ai-je pensé. La dernière chose dont elle se souvenait, c’était d’écouter de la musique dans sa chambre.
J’ai voulu demander au médecin de lui apporter quelque chose à manger, mais je me suis ravisé, craignant qu’il refuse.
Je suis allé au KFC au bout de la rue, ouvert toute la nuit. À l’extérieur de l’hôpital, une horde de journalistes attendaient. En revenant, l’un d’eux m’a demandé si c’était grave et
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