Amy, ma fille
j’en étais sûr et certain.
J’ai immédiatement pris rendez-vous pour elle à la London Clinic. Tout semblait aller comme sur des roulettes… jusqu’à ce que, la semaine suivante, elle quitte la clinique pour aller se saouler au pub. Nous nous trouvions face à un éternel problème : tant qu’elle n’admettait pas son alcoolisme, elle vivrait dans l’illusion de pouvoir s’en sortir seule. Elle buvait depuis si longtemps que c’était devenu une seconde nature. Elle est revenue à l’hôpital à trois heures du matin, en chantant à tue-tête. Une fois de plus, elle agissait comme si c’était un hôtel.
Bien entendu, Blake n’avait pas dit son dernier mot. Quelques jours plus tard, il a débarqué à Londres et, toutes affaires cessantes, Amy est allée picoler en sa compagnie. J’avais compris que la seule à pouvoir aider Amy, c’était elle-même. Alors plutôt que de lui donner des ordres, j’essayais de la responsabiliser, je lui apportais mon soutien chaque fois que nécessaire et ramassais les pots cassés.
— Ça va mal finir, l’ai-je avertie.
Elle était censée retourner à la London Clinic, mais elle m’a annoncé qu’elle ne voulait plus y mettre les pieds.
Le lendemain, ivre, elle a fait une chute et s’est retrouvée avec un œil au beurre noir et une joue enflée. Quand je suis arrivé chez elle vers dix-neuf heures, elle n’arrêtait pas de dire que Blake lui manquait mais qu’elle ne pouvait pas vivre avec lui s’il prenait de la drogue. Je lui ai répondu qu’elle perdait son temps et ferait mieux de soigner son alcoolisme plutôt que de s’inquiéter pour Blake. Mais mes mots ne servaient à rien : elle n’écoutait que ce qu’elle voulait entendre. Tout ce que j’avais à faire c’était trouver la force d’affronter ça, jour après jour, tant bien que mal.
Quelques jours plus tard, j’ai réussi à la convaincre de réintégrer la London Clinic. L’idée était qu’elle y reste quatre ou cinq jours avant de s’envoler pour les Caraïbes où elle avait prévu de passer des vacances. Mais au bout de deux jours, changement de programme : elle voulait aider Blake et rester à l’hôpital, où elle se sentait en sécurité.
Le lendemain, je donnais un concert à la Hay Hill Gallery, à Mayfair, et le docteur Glynne a autorisé Amy à m’accompagner. La soirée a été merveilleuse et nous avons improvisé quelques duos. C’était un moment unique : ma fille et moi, sur scène, à chanter comme nous aimions le faire devant un public conquis. À la fin de notre dernière chanson, je l’ai regardée. Une larme coulait sur sa joue.
— Qu’est-ce qui se passe, ma chérie ?
— Oh papa, j’adore quand tu chantes ! a-t-elle répondu en riant. Ça m’émeut tellement !
Elle a réintégré la London Clinic, mais s’est saoulée quelques jours après lors d’une fête avec sa copine Violetta. Pour une raison que j’ignore, Violetta et Amy ont dormi à l’appartement de Jeffrey’s Place cette nuit-là et le lendemain, l’un de ses gardes du corps m’a averti que Blake s’y trouvait également. Le temps que j’arrive, il avait déguerpi, sans doute par peur de ma réaction. Amy, elle, était ivre et pleurait parce que Blake avait débarqué sans prévenir. Elle ne savait pas qu’il était à Londres, et il avait réussi d’une manière ou d’une autre à la localiser. Il semblait assez désespéré. Peut-être que si elle arrivait à le tenir éloigné assez longtemps, il finirait par l’oublier.
Quelques semaines plus tôt, Amy avait rencontré un garçon charmant qui lui avait vraiment plu. Ils devaient se revoir la semaine suivante. Comme je ne voulais pas m’emballer trop vite, je n’ai pas posé davantage de questions. Tout ce que je savais, c’est qu’il s’appelait Reg.
Ce n’est que plus tard qu’elle m’a raconté en détail sa rencontre avec le réalisateur Reg Traviss. Ses parents tenaient un pub dans Devonshire Street, près de Bryanston Square, et Reg était assis en terrasse à fumer une cigarette quand Amy et Andrew sont passés par là, par une belle après-midi. Amy lui a jeté un coup d’œil avant de poursuivre son chemin. Reg, qui l’avait reconnue, n’a rien dit pour ne pas la mettre mal à l’aise. Elle lui a jeté un dernier regard et a disparu dans Devonshire Street.
Une quinzaine de minutes plus tard, Reg était à l’intérieur du pub avec des amis quand Amy et Andrew sont entrés. Reg
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