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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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en robe noire assis autour de la table et fit une révérence élaborée. Ils étaient bien moins intimidants que ses parents.
    — Petite fille, demanda Pere Vitalis, peux-tu nous dire très exactement ce que tu as vu et entendu ce matin ?
    — J’allais chercher de l’eau, messire, et j’ai entendu quelqu’un gémir. J’ai posé ma cruche et je suis allée voir. C’était un prêtre, comme le père Bernat, et il m’a demandé de donner à l’évêque le morceau de papier qu’il avait à la main.
    — Ah, vous voyez ? intervint l’oncle. C’est juste comme je vous l’ai dit.
    — Du calme, bonhomme, dit Vitalis, qui avait l’habitude des enfants pour être entouré de nièces et de neveux. Je suis persuadé que tu ne peux pas me répéter ses paroles exactes. Tu auras oublié.
    — Ah ça, non ! fit-elle, indignée. Il a dit…
    Elle s’arrêta et ferma les yeux.
    — « Tiens, donne ceci à… à l’évêque. En main propre. Jure… que tu lui donneras… »
    Sur ce, elle s’arrêta.
    Les quatre hommes la regardaient, stupéfaits. Dans cette petite voix haut perchée, ils parvenaient à entendre les accents, les halètements et les hésitations de l’agonisant.
    — Est-ce bien tout ? s’enquit Pere Vitalis.
    Elle devint écarlate.
    — C’était un brave homme et je ne veux pas dire le reste.
    — À nous, tu le peux, fit Don Arnau avec une douceur inattendue. Nous ne serons ni surpris ni choqués.
    — Oh, messire…
    Son oncle lui donna une bourrade dans l’épaule.
    — Votre Excellence, il avait l’air si gentil, je ne veux pas…
    — Allons, mon enfant, il est important que nous sachions exactement ce qu’il a dit. Et tu n’as pas besoin de m’appeler Excellence.
    Les autres avaient cependant remarqué qu’il avait ébauché un sourire fait de plaisir et d’amertume quand elle avait employé cette expression.
    — Oui, Votre Excellence… messire. Il m’a dit : « Jure, et laisse-moi mourir ici comme je le mérite », aussi vite que ça, et rien d’autre après.
    Le vicaire général la fit venir à ses côtés et, sous la table, lui glissa une pièce dans la main tout en lui tapotant la tête.
    — C’est très bien, mon enfant, très bien. Dieu te récompensera de ta bonté envers un mourant.
    — Merci, messire.
    Elle courut vers la porte.
    — Oh… il parlait d’une drôle de façon, mais je le comprenais quand même, ajouta-t-elle.
    — Attends, intervint Galceran qui avait oublié son impatience. Qu’entends-tu par là ?
    — Il ne parlait pas comme les gens d’ici, mon père. Il parlait comme…
    Elle fronça les sourcils.
    — Oncle Marc, rappelle-toi, à la foire, l’homme qui faisait des sucreries et tu n’as pas voulu m’en acheter parce que tu disais qu’elles n’étaient pas bonnes. Tu m’as acheté un gâteau au miel à la place. Oui ?
    — Non, dit l’oncle, qui avait l’air sincèrement perdu.
    — Mais si. Il parlait comme ça.
    Elle sourit, ébaucha une autre révérence et s’enfuit, les doigts serrés sur sa pièce.
     
    — Il ne nous reste plus qu’à attendre six mois la prochaine foire, lança Ramon de Orta, et demander d’où il vient au marchand de sucreries.
    — Ce n’est pas notre problème immédiat, répondit Galceran. Mais je pense qu’il est clair qu’il s’agit là d’une lettre très personnelle adressée à l’évêque. Et qu’elle a trait à quelque transgression de la part du moine. Il aurait été plus convenable qu’il envoie un message à son supérieur, mais cela ne nous regarde pas.
    — Vous pensez donc que nous devrions la communiquer à l’évêque ? demanda Corniliano.
    — Oui, ce serait plus sûr.
    — Plus sûr ? reprit Don Arnau. Et s’il s’agit d’affaires diocésaines qui doivent être réglées sans plus attendre ?
    — Dans ce cas, Son Excellence donnera ses instructions au messager qui nous les rapportera au plus vite.
    — Voilà une excellente idée, dit Pere Vitalis, qui avait des raisons personnelles d’être de l’avis de Galceran.
    — Je suis d’accord, déclara Ramon de Orta en se levant.
    Les trois chanoines sortirent de concert du cabinet et descendirent l’escalier menant à la cour. Un jeune homme se tenait là, élégamment vêtu d’une tunique de soie bleue. Ses manches présentaient des crevés écarlates. Il s’inclina.
    — Ah, Fortunat ! s’écria Galceran. Soyez le bienvenu. J’espère que vous avez voyagé sans

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