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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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route. Mais chacun repartit, vers le sud et vers Tarragone. Sans réfléchir, Raquel avait pris les rênes de la mule de son père. Si quelqu’un avait songé à chercher Ibrahim, il l’aurait trouvé dans le chariot, assis à l’ombre aux côtés de Naomi.
     
    Ils dépassèrent Caldes, puis l’embranchement qui menait à Barcelone. Ils rencontrèrent d’autres groupes de voyageurs, échangeant des paroles amicales avec certains et des regards soupçonneux avec d’autres. Quand ils entendirent approcher le galop d’un cheval, la plupart étaient déjà trop fourbus pour tourner la tête. Mais le cheval ralentit et, une fois arrivé à hauteur de l’évêque, son cavalier mit pied à terre, s’inclina et présenta à Son Excellence un mince paquet enveloppé de cuir et fermé par un ruban.
    — Des lettres de Don Arnau, le vicaire général, Votre Excellence.
    — Déjà ? s’étonna Berenguer. Il se serait produit quelque chose ?
    — Pas que je sache, répondit à voix basse le messager.
    — Allons, parle. Pourquoi vas-tu ainsi au triple galop ?
    — Le corps d’un moine a été découvert près de la rivière. Aux abords de Sant Feliu. C’est peut-être la raison de ma course. Ce moine a été assassiné, semble-t-il, et il portait une lettre destinée à Votre Excellence. C’était un franciscain, un certain père Norbert, selon toute apparence. Mais ils ne m’ont rien dit, sauf que l’affaire est des plus pressantes et que cette lettre doit vous être confiée.
    — Ils ?
    — Quatre personnes. Don Arnau, Votre Excellence, et trois autres : le père Pere Vitalis, le père Ramon de Orta et le père Galceran de Monteterno.
    — Excellent. Tu as bien travaillé.
    L’évêque récompensa le messager et se consacra au petit paquet.
    Il en rompit le sceau fraîchement apposé et jeta un coup d’œil à la lettre. Un léger geste de la main fit venir auprès de lui Francesc et Bernat. Il murmura à l’oreille de Francesc, et ce dernier pria Raquel de faire marcher à côté d’eux la mule de son père. Quand tous furent rassemblés, il s’intéressa à nouveau à la lettre.
    — Lisez-moi cela, demanda-t-il à Bernat. Elle est tachée et difficile à déchiffrer.
    Bernat prit le document et l’examina rapidement. Arrivé à la seconde page, celle qui formait l’enveloppe, il fronça les sourcils.
    — Une partie est illisible, Votre Excellence.
    — Faites de votre mieux.
    — Voilà, murmura Bernat, cela commence ainsi : « À Son Excellence l’évêque, ou à son très vénérable vicaire général. Je me trouve en fort délicate situation, et implore votre indulgence et votre assistance. J’ignore si le récit de mes actes a atteint vos oreilles. Si tel est le cas, vous comprendrez que, vu ma grande faute – mon crime –, je ne puis transporter ces documents sur ma propre personne. En manquant à faire cela, j’accumule péché sur péché, car j’ai fait la promesse la plus solennelle à un agonisant que je vous les porterais moi-même. Puisse Dieu me pardonner ma couardise.
    « Puisqu’il m’est impossible de vous approcher, par crainte de la pendaison, je tenterai de décrire comment ces documents sont arrivés en ma possession. En fuyant Avignon, j’ai recherché les tavernes et les auberges les plus viles afin d’y trouver l’hospitalité, et j’ai fait mon possible pour ne pas m’attarder dans des villes où j’aurais pu être reconnu ou tourmenté. Hélas, aux abords de Figueres, je suis malencontreusement tombé sur un groupe de voyageurs que j’aurais préféré éviter. L’un d’eux était un messager porteur de documents destinés à vous-même ainsi qu’à Sa Majesté.
    « Peu après l’arrivée à l’auberge où nous descendions tous, le messager est tombé malade et est entré en agonie. Il a demandé un prêtre, et il n’y en avait pas d’autre que moi à proximité. Ivre comme je l’étais et trempé du sang d’un innocent, on m’a demandé de faire de mon mieux pour lui. Juste avant de mourir, il m’a donné ces deux documents et expliqué en partie leur signification. Je les connaissais déjà, mais ne savais ce qu’ils contenaient. Il m’a fait jurer de les dissimuler à tout regard indiscret, y compris au mien, et de vous les remettre en main propre. Je ne les ai pas examinés, mais je ne puis vous les porter. Je chercherai quelque âme honnête qui pourra s’en acquitter. »
    Bernat fit silence un instant.
    — C’est

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