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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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malvenus.
    — Nous partirons, dit Berenguer, dès que j’aurai confié cette lettre à Sa Majesté, qu’il m’accorde ou non une audience. Si nous restons jusqu’à lundi, nous n’arriverons pas à Tarragone à temps pour le conseil.
    — Dois-je dire aux autres de se préparer à partir à tout moment ? demanda Francesc. À l’abbesse ? Ainsi qu’au médecin et à sa famille ?
    — Oui. Dites aussi à maître Isaac que j’aimerais m’entretenir avec lui.
     
    Dame Elicsenda se tenait à l’écart de la table de la grande salle. Elle convoqua sa compagne d’un regard que la sœur ne connaissait que trop bien. Sor Marta n’accourut pas – Sor Marta n’accourait jamais – mais elle s’empressa tout de même de rejoindre l’abbesse.
    — Nous arriverons jeudi soir à Barcelone et nous en repartirons samedi ou dimanche matin, lui annonça dame Elicsenda.
    — J’ai pensé qu’il pourrait en être ainsi, madame. Séjournerons-nous au palais épiscopal ?
    — Je ne le crois pas. Nous prendrons nos propres dispositions.
    — Certainement, madame. L’abbesse de Santa Clara sera enchantée de nous accueillir.
    — Non.
    — Elles ne nous recevront pas ?
    — Nous ne pouvons nous permettre de rester auprès d’elles. On a parlé de conduite frivole… d’un certain manque de discipline au couvent. J’aimerais beaucoup voir l’abbesse. C’est une personne agréable, dont la grande vertu se double d’un grand savoir, mais…
    — Elle a quelque difficulté à surveiller ses filles. J’ai entendu dire cela.
    — Et comme nous ne sommes pas là pour notre distraction, je suggère que nous cherchions refuge auprès des sœurs de Sant Pere de les Puelles, fit Elicsenda avec vivacité. Nul ne pourra nous blâmer de séjourner dans leur maison.
    — Laquelle n’est pas très éloignée du palais, ajouta Sor Marta.
    — Cela devrait plaire à l’évêque.
    — Je pense qu’il serait de mauvaise politique de ne pas fréquenter les plus chastes de nos sœurs, dame Elicsenda.
     
    — Isaac, mon ami, dit Berenguer, je crains de vous avoir arraché à votre famille pour ce soir. Sans grande raison, peut-être.
    — Êtes-vous souffrant, Votre Excellence ?
    — Pas du tout. Je n’ai pas ce genre d’excuse. Je désirais simplement m’entretenir avec vous.
    — Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Ces jardins sont agréables, et une bonne compagnie ne peut qu’agrémenter ce moment.
    — Nous assiérons-nous ? Il y a, non loin d’ici, un banc confortable, raisonnablement éloigné des oreilles et des regards indiscrets.
    Isaac posa une main sur le bras de l’évêque et se laissa conduire vers le banc. Assis à côté de lui, Berenguer resta longtemps silencieux.
    — Ce sont donc là des affaires privées dont nous allons parler, Votre Excellence ?
    — Sinon, pourquoi me protégerais-je des regards indiscrets ? Malgré tout, je n’en suis pas certain, maître Isaac. Votre logique imparable va certainement m’aider. Isaac, la mort de ce moine m’emplit d’appréhension.
    — D’appréhension, Votre Excellence ? Pourquoi ? Je puis comprendre que l’on éprouve de la pitié et de l’horreur devant un tel crime, mais de l’appréhension…
    — Vous étiez présent à la lecture de cette lettre, Isaac. Elle était tout imprégnée de terreur avant de baigner dans le sang. Le père Norbert – et qui était-il, Isaac ? –, le père Norbert m’implorait quand il l’a rédigée.
    — Votre vue vous abuse. Le sang qui souille cette lettre vous fait éprouver la terreur d’un agonisant, Votre Excellence. Mais moi qui n’ai pas vu ce sang, je n’ai entendu que les justifications intéressées d’un homme qui craint d’être châtié pour ses méfaits. Quand il l’a écrite, il redoutait la disgrâce et la prison plus qu’une mort brutale.
    — Vous êtes trop détaché, Isaac. Il y avait de la terreur dans ses propos.
    — Admettons. Je vous accorde un peu de terreur, Votre Excellence, mais en échange, accordez-moi beaucoup de justification intéressée.
    L’évêque prit un temps avant de répliquer :
    — La clarté de votre esprit me réconforte. Mais qui était-il ? Un certain Norbert de C., que ne reconnaissent pas les chanoines de la cathédrale. Il parle comme quelqu’un qui me connaît bien, maître Isaac. Je ne parviens toutefois pas à me rappeler un Norbert qui serait franciscain et dont le nom commencerait par un C.
    — Cela me

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