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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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semble étrange. Vous avez une excellente mémoire. Il doit y avoir une explication et, si nous découvrons qui il est, la raison pour laquelle vous ne l’avez pas reconnu nous apparaîtra aussitôt.
    — J’ignore qui il était, Isaac, mais il doit être vengé. Quels qu’aient été ses péchés, il est mort en accomplissant un acte généreux. Il a cherché mon pardon. Il s’inscrivait au nombre de mes ouailles et méritait ma protection. Au lieu de cela, il a été massacré aux abords de la cathédrale.
    — Il serait plus facile de le venger si nous connaissions son identité, fit remarquer Isaac.
    — C’est vrai, mais comment la découvrir ? Ah, Isaac, je suis persuadé que ce problème est fort simple, mais je suis si las et si entouré d’ennemis que je ne parviens pas à voir ce que je dois faire. C’est pourquoi j’ai besoin de vous. Bernat et Francesc ne s’intéressent qu’à ma protection et à mes intérêts, et ils désirent sincèrement que je ne fasse rien à propos de ce Norbert.
    — Que savons-nous de lui ?
    — Rien, fit Berenguer d’un air las. Rien du tout. Si ce n’est qu’il portait l’habit des franciscains.
    — Non, le corrigea Isaac. Nous savons qu’il a reconnu Rodrigue de Lancia ; l’homme dont le nom est masqué ne lui était pas étranger. Peut-être connaissait-il Huguet de Lancia. Si Votre Excellence écrivait à ce Huguet de Lancia…
    — Non, pas à Huguet, dit Berenguer d’une voix un peu moins morne. Je n’aggraverai pas ses problèmes. J’ai un ami plus proche qui vit non loin d’ici. C’est une excellente idée. Bernat ! Oh, Isaac, Francesc a pour vous un message de ma part concernant nos projets de voyage. Francesc !
     
    — Il semble que nous devions implorer un vieil ami de nous accueillir une nuit ou deux à Barcelone, dit Isaac.
    Francesc l’avait rendu aux membres de sa famille qui déambulaient dans les jardins.
    — Pourquoi ? demanda Judith.
    — Parce que, ma mie, l’évêque a décidé que nous passerons deux ou trois jours dans cette ville.
    — Papa… si c’est vraiment un vieil ami, nous n’aurons pas à l’implorer.
    — Effectivement, Raquel, lui répondit son père avec amusement.
    — À quoi ressemble Barcelone ?
    — Tu le sauras bientôt. À présent, rentrons nous asseoir auprès du feu. Le vent se lève et le temps se rafraîchit.
    Quand ils regagnèrent la grande salle, ses murs hospitaliers abritaient deux voyageurs de plus.
    — Une botte de paille dans l’écurie sera pour nous un véritable luxe, messire, dit le premier, le plus grand des deux. Nous avons manqué notre route, et il nous est impossible d’arriver ce soir à destination. Une nuit dans les champs ne serait pas très plaisante. Je sens que l’air est à la pluie.
    L’intendant leva une main, et un serviteur apporta de la soupe et du pain.
    Les deux hommes étaient couverts de la poussière de la route et paraissaient fatigués et affamés ; un calme relatif régna jusqu’à ce qu’ils eussent terminé leur soupe. Puis le plus petit des deux, porteur d’une barbe blonde et vêtu d’une courte tunique rouge sombre à la coupe étrange pour ne pas dire démodée, scruta la salle comme s’il cherchait un public.
    — Messires et gentes dames, nous nous excusons de nous immiscer dans votre groupe. Nous vous sommes très reconnaissants de nous accueillir ici. Mon nom est Andreu, et mon taciturne compagnon s’appelle Felip.
    — Qu’est-ce qui vous met sur la route de Barcelone, messieurs ? les interrogea Berenguer.
    — Nous venons du nord avec le désir de voir le monde, d’étudier et d’apprendre les hommes et la philosophie, répondit Andreu.
    — Et de gagner notre vie en chemin, ajouta Felip, prouvant ainsi qu’il pouvait parler quand les circonstances l’exigeaient.
    — Et comment vous y prenez-vous ?
    — Honnêtement, Votre Excellence, je vous le jure. Felip, ton instrument…
    Felip se pencha vers le balluchon posé à ses pieds avant d’en sortir un rebec et un petit archet. Il l’accorda soigneusement, les sourcils froncés, puis se tourna vers son compagnon qu’il interrogea du regard. Andreu hocha la tête et Felip entama un air plaintif, exposant d’abord le thème avant d’y ajouter quelques fioritures. Puis Andreu se mit à chanter d’une douce voix de ténor qui emplit toute la salle : les paroles évoquaient le chagrin de quitter sa terre natale. C’était une chanson mélancolique dans

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