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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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friandises venues de la cuisine. Avec votre permission, maîtresse, nous déjeunerons en votre compagnie dans la chambre du malade, puis nous remballerons nos propres affaires et reviendrons vous aider à hisser notre pauvre jeune seigneur dans la charrette.
    — Jeune seigneur ?
    — Ce n’est qu’une manière de parler un peu affectée, maîtresse Raquel. Avec tous ses serviteurs, ce ne peut être qu’un seigneur, pour le moins.
    Elle rit et revint auprès de sa mère, où ils déballèrent le contenu du panier. Pas une seule fois au cours de cette longue nuit sans sommeil Raquel n’avait eu le temps de songer à ses propres craintes.
     
    Berenguer entra dans la chapelle bien avant prime, suivi de Bernat et de Francesc, les yeux encore bouffis d’avoir été tirés de leur lit quelques minutes auparavant. L’évêque s’agenouilla pour prier, évitant ainsi toute question et surtout toute récrimination, et il demeura dans cette attitude jusqu’à l’arrivée du chœur et des moines. Il attendit la fin du service religieux pour s’adresser à son secrétaire et à son conseiller.
    — Rassemblez vos affaires et venez au réfectoire. Nous déjeunerons d’une bouchée de pain tandis qu’ils sellent ma monture. La cuisine du monastère nous a préparé de quoi nous sustenter sur la route.
    — Nous partons ?
    — Oui. Le plus tôt possible. Nous serons à Barcelone à temps pour dîner. Les palefreniers sont debout et vont bientôt charger les charrettes. Mais nous ne les attendrons pas. J’ai l’intention de m’en aller avant même que vous puissiez dire un Pater noster.
    Tout en parlant, il se dirigeait à grands pas vers le réfectoire.
    — Le jeune homme a survécu à cette nuit, poursuivit-il. Nous attendions seulement cette nouvelle.
    — Mais, Votre Excellence, votre genou ! s’écria Francesc.
    — Le spectacle de ce jeune homme m’a fait comprendre que moi seul accordais de l’importance à mon genou. Peut-être dois-je y ajouter mon médecin. Si vous êtes rapides, mes amis, vous n’aurez pas à voyager le ventre vide.
     
    Avant que les charrettes fussent chargées, avant même que les palefreniers eussent déjeuné, Berenguer et ses deux prêtres – escortés par deux gardes – firent leurs adieux aux moines de Sant Pol et partirent tranquillement pour Barcelone.
    Plus d’une heure plus tard, un petit groupe attendait dans la cour, prêt à s’en aller. Le train des chariots à bagages s’était déjà ébranlé, laissant les autres le rattraper comme ils pouvaient. Tous les serviteurs étaient partis, à l’exception d’un palefrenier. Le sergent sortit des écuries à vive allure et remarqua Yusuf.
    — Eh bien, jeune Yusuf, le toisa-t-il, je croyais que, toi aussi, tu t’en étais allé. Mais comme tu n’es pas lourd, tu pourras te mettre en selle derrière moi jusqu’à ce que nous les rattrapions, si cela ne t’effraye pas, bien entendu.
    — Pas du tout, sergent, répondit-il poliment.
    — Sergent, qu’est-ce qu’on fait de l’étalon noir ? appela le palefrenier. On le laisse ici ? Il devrait déjà être parti.
    — Je vais le monter, dit Yusuf avec assurance.
    — Toi ? Qu’est-ce que tu sais de l’art de l’équitation ? Ce n’est pas un petit âne que nous avons là !
    — Je crois qu’il sait beaucoup de choses, intervint Isaac. N’est-ce pas, Yusuf ?
    — Oui, seigneur. J’ai monté toute ma vie, jusqu’à…
    — Il est allé de Grenade à Valence à cheval, renchérit le médecin. Vous devriez le laisser essayer.
    — Mets-toi en selle, ordonna le sergent.
    Le cheval quitta l’écurie. Il avait été débarrassé de sa boue et sa robe luisait d’avoir été étrillée : on eût dit un autre animal. Yusuf le prit des mains du palefrenier, posa un pied dans l’étrier et se hissa en selle comme s’il escaladait un haut mur. Sous leurs regards, il se pencha pour raccourcir les étrivières, puis fit trotter l’étalon dans la cour. Il lui tourna alors la tête et le ramena vers le sergent. Il faisait tout son possible pour dissimuler sa satisfaction derrière un masque désabusé.
    — Il a une excellente allure, mais il est plus grand que les chevaux auxquels je suis habitué. Je suis certain d’être tout vermoulu demain matin.
    — Tu es un drôle de gamin, dit le sergent. Où as-tu appris à monter ?
    — Chez moi, répondit-il un peu gêné. J’ai toujours été à cheval, aussi loin que je puisse m’en

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