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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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mes chansons tandis qu’ils travaillent. Entre l’arrivée quasi inopinée de tant de monde et la maladie qui frappe les moines, les frères convers travaillent jour et nuit.
    Judith l’envoya amuser le personnel de cuisine et prendre un peu de sommeil, Raquel se retira dans la chambre voisine et le calme revint. Judith tamponna le front du jeune homme, le força à boire. Un peu de bouillon, une gorgée de vin coupé d’eau, une cuillerée de tisane à la menthe, une autre d’infusion apaisante à base de gingembre et d’épices aromatiques. Puis elle le laissa dormir, écoutant ses murmures et les cris qu’il poussait parfois. Elle se demandait quelles horreurs il pouvait bien voir dans ses rêves.
     
    Peu de temps avant que Raquel ne prenne le relais de sa mère, la fièvre de Gilabert se mit à monter.
    — Je dois dormir un moment, fit Judith à voix basse. Je reviendrai bientôt. Donne-lui encore à boire. Humecte ses lèvres et veille à ce qu’il n’ait pas trop chaud. S’il va plus mal, fais-nous appeler, ton père et moi.
    Raquel embrassa sa mère et s’assit près du lit. Elle mouilla un morceau d’étoffe et épongea la sueur qui se formait sur le front de Gilabert. À un moment, ce dernier ouvrit les yeux.
    — Est-ce que je suis déjà mort ?
    Raquel le fit taire en lui donnant un peu de bouillon. Ses paupières se refermèrent.
    Judith revint peu après.
    — J’ai dormi quelque temps. Je vais me reposer ici, à moins que tu aies besoin de moi.
    Andreu et Felip continuaient d’apporter de l’eau fraîche et des chiffons propres. Ils alimentèrent le feu et offrirent aux deux femmes du pain, des olives et des fruits.
    Gilabert s’agita dans son lit, cherchant à remuer sa main blessée, puis tirant sur les bandes qui la lui plaquaient au corps. Raquel posa une main ferme sur son bras, mais elle fut repoussée.
    — Maman, venez m’aider. Il essaye de se dégager. Et s’il bouge trop, je crains qu’il n’abîme aussi les pansements de sa jambe. Ils ne sont pas trop serrés, ajouta-t-elle. Il est très fort, et je ne puis le contenir.
    — Nous devons aller chercher ton père, dit Judith.
    Andreu, qui se tenait tout près de Raquel, désireux de l’aider, quitta la pièce sans un mot.
     
    Isaac écouta patiemment le cœur de son patient et sa respiration difficile, s’appuyant sur lui pour qu’il ne bouge pas pendant l’examen.
    — Nous devons le calmer et faire baisser sa fièvre, fit-il en se redressant. J’avais espéré que sa forte constitution viendrait à bout des pires effets de son expérience, mais peut-être était-ce trop demander.
    — Pourquoi vous montrez-vous si hésitant, papa ? l’interrogea Raquel.
    — Parce qu’il a besoin de calme et de repos, et bientôt nous devrons le contraindre à partir d’ici. De plus, il y a le bien et le mal dans chaque médicament. Tu le sais. L’usage de ces substances n’est pas aisé. Mais mesure bien les quantités et humecte-lui-en les lèvres. Andreu lui maintiendra les épaules sur le lit.
    Felip avait rejoint son compagnon tandis qu’Isaac se penchait vers le malade.
    — Je m’en chargerai, dit-il, mes bras sont plus longs que ceux de mon ami.
    — Où en est la nuit ? demanda Isaac.
    — Les premières lueurs de l’aube troublent le ciel, répondit Andreu. Et le vent est tombé.
    Raquel effleura les lèvres du jeune homme avec la puissante décoction et, peu à peu, ses épaules s’affaissèrent, son bras intact retomba sur le côté et il s’endormit.
    — Il est calme, papa. Est-ce que je dois…
    — Ne lui en donne plus. Mets seulement de l’eau sur ses lèvres, et laisse-le dormir.
    Isaac regagna sa chambre, laissant son épouse et sa fille auprès du patient. La lumière s’affirmait au-dehors et pénétrait par les fentes des volets pour rendre blafarde la lueur de la bougie. Raquel observa attentivement le jeune homme.
    — Sommes-nous sur le point de gagner, maman ?
    — En tout cas, nous ne sommes pas battus. Va faire ta toilette et te préparer. Tu te sentiras mieux.
    Dans le couloir, Raquel perçut les bruits du monastère qui se réveillait. Andreu apparut, porteur d’une cruche et d’un panier recouvert d’un linge.
    — Les frères sont déjà debout et ne vont pas tarder à éveiller les autres, dit-il.
    — Devons-nous partir bientôt ? Il vient seulement de s’endormir.
    — Je ne puis vous répondre. Mais j’ai apporté du poulet froid et quelques autres

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