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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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les frères assez bien portants pour s’asseoir à notre table.
    — Le frère Johan vous montrera le chemin et vous apportera toute l’assistance dont vous avez besoin.
    Gilabert fut conduit dans une grande pièce aérée, pourvue d’un lit douillet. L’infirmier l’examina et secoua la tête.
    — Il est très malade, Votre Excellence. Il y a peu que nous puissions faire pour lui, je le crains.
    — Il s’est remarquablement remis depuis que nous l’avons découvert ce matin, observa Berenguer.
    — Le bon frère a cependant raison, intervint Isaac avec diplomatie. Dans ces cas, après une brève rémission, la fièvre fait souvent son œuvre pour emporter le plus robuste des hommes.
    — Précisément, surenchérit l’infirmier. Il vaut mieux le tenir à l’écart de nos frères malades ou de ceux qui veillent sur eux. J’oserais suggérer un bon bouillon. Pensez-vous que c’est recommandable ?
    — Un bon bouillon et une chambre à l’écart, c’est exactement ce que je conseillerais, dit Isaac. Et nous avons avec nous suffisamment de gens aptes à garder les malades. Vos cuisines pourront-elles nous fournir du bouillon, ou devrais-je demander à nos cuisiniers…
    — Ne dérangez pas les cuisiniers de Son Excellence !
    L’infirmier imaginait très bien le chaos et la mauvaise volonté que cela susciterait dans les cuisines.
    — Nous lui donnerons un excellent bouillon. Et s’il peut le supporter, peut-être un œuf battu et du vin.
    — Rien ne pourrait être meilleur, conclut Isaac.
    L’infirmier partit alors donner des ordres avec une double impression, celle d’avoir évité à ses aides une nuit impossible et celle d’avoir fait grand bien à un hôte de santé défaillante.
     
    Quand l’évêque vint voir comment allait la jeune victime, la pièce était déjà pleine de visiteurs. Isaac était penché, l’oreille posée contre la poitrine du blessé. Près du lit, Raquel avait une bougie toute prête à la main.
    — Comment allez-vous, jeune Gilabert ? s’enquit l’évêque.
    — Je suis entouré d’excellentes personnes et ne manque de rien.
    Comme l’évêque lui adressait un sourire rassurant et se préparait à repartir, le jeune homme leva sa main indemne pour l’attraper par la manche.
    — Mille pardons, Votre Excellence, mais puis-je parler ?
    — Certainement, si cela ne vous fatigue pas trop.
    Berenguer s’assit sur la chaise placée près du chevet du patient et se pencha vers lui.
    Gilabert relâcha son étreinte et parla à voix basse.
    — Votre Excellence, je ne me rends compte que maintenant que vos compagnons et vous-mêmes vous rendez à Tarragone. Je vous supplie de ne pas me laisser dans ce monastère – si doux soient les moines – et de m’emmener avec vous.
    — C’est un voyage très éprouvant pour qui est dans votre état.
    — Non, non, pas du tout. Je suis très fort, je vous l’assure. J’ai survécu à pire que cela. Et si je ne survis pas cette fois-ci, je serai plus heureux dans les mains de Dieu que dans celles des hommes. Non, je vous en prie, ne m’interrompez pas avant que je vous aie tout dit. Mon père vit dans une minuscule finca, elle est très pauvre, mais c’est la sienne, et j’ai récemment appris qu’il était très malade et souhaitait me revoir avant sa mort.
    Il chercha son souffle.
    — Votre Excellence, nous avions échangé des propos terribles avant mon départ, et je ne pourrais supporter de le voir descendre dans la tombe sans qu’il sache combien je regrette chacun de ces mots, sans qu’il sache que je l’aime et le révère plus que tout autre homme sur cette terre. Si je meurs en tentant de le retrouver, qu’il en soit ainsi. J’aurai essayé. Mais je prie… Votre Excellence, c’est Dieu qui vous a envoyé à moi. Être découvert sur le point de mourir par un saint évêque, accompagné d’un habile médecin… ce n’est pas là un simple coup de chance. Qui d’autre pourrait me ramener aussi bien chez moi ?
    — Vous plaidez votre cause avec beaucoup d’éloquence, jeune homme, dit Berenguer. Je parlerai de cela avec le médecin et, si cela nous est possible, nous accéderons à votre requête.
     
    — Est-il en état de voyager ? demanda Berenguer.
    Isaac secoua la tête.
    — Le problème est plutôt de savoir s’il est raisonnable de le laisser dans une maison où ceux qui ont les capacités de le soigner sont eux-mêmes en proie à l’infection. Non, nous ne

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