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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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appela-t-il doucement.
    Pas de réponse. L’enfant dormait encore. Il tendit la main, trouva son bâton et se leva.
    Il traversa la pièce avec précaution, franchit la porte et contourna le puits. Il se dépouilla de ses vêtements et de sa chemise, hissa un seau d’eau et se lava vigoureusement le mieux possible. Frissonnant dans la fraîcheur de l’aube, il passa ses doigts dans sa chevelure et sa barbe humides, secoua sa chemise et sa tunique, puis les enfila avant de dire ses prières matinales. Il terminait quand il perçut un petit rire derrière lui. Il n’était pas le seul à être déjà debout, il le savait, et il supposa que celui qui avait œuvré à la cuisine et allumé le feu partageait maintenant avec lui la cour de l’auberge.
    — Je vous souhaite le bonjour, lança Isaac.
    — Bonjour, messire, dit une voix d’enfant. Qu’est-ce que vous faisiez là ?
    — Tu vois, je me suis lavé, répondit-il, puis j’ai récité mes prières. Je suis maintenant prêt pour cette nouvelle journée. Toi aussi, tu te lèves bien tôt.
    — Je dois lancer le feu avant que mon maître ne s’éveille, expliqua l’enfant avant d’hésiter un instant. Mais l’un de vos compagnons était réveillé avant vous, messire. Il m’a demandé si le blessé était toujours avec vous. Je lui ai répondu que j’ignorais de qui il parlait, parce qu’il y avait deux hommes au bras bandé. Je les ai vus la nuit dernière quand je me suis faufilé pour admirer toutes ces nobles personnes.
    — Tu es certain qu’il était bien des nôtres ?
    — C’est ce qu’il m’a dit, mais il n’est pas venu avec vous. C’est le gros qui s’est laissé distancer.
    — Et où se trouve-t-il à présent, mon garçon ?
    — Il était là aux premières lueurs. Je crois qu’il est parti. Messire, si vous m’accompagnez dans la cuisine, ajouta-t-il avec une voix de conspirateur, je sais où le pain est caché. Je le partagerai avec vous. Ils ne s’en rendront même pas compte.
    — C’est très aimable à toi, mais je dois retourner auprès de mes amis.
    Isaac fouilla dans sa bourse et en sortit une petite pièce.
    — Tiens, c’est pour toi, pour débuter ma journée par un geste de bonté.
    — Pardon ? fit l’enfant.
    Isaac lança la pièce dans la direction de la voix et s’en revint par où il était venu. Alors qu’il tournait au coin du mur, il sentit une caresse chaude sur sa joue glacée. Le soleil se levait.
     
    Il était inutile de s’attarder à l’auberge plus que nécessaire. Les autres étaient debout quand Isaac les rejoignit et ils se préparaient au voyage avec toute la hâte dont ils étaient capables. Ils sentaient déjà les effluves de leur destination et ils partirent d’un pas plus rapide.
    Le soleil était encore bas mais déjà très vif. Une fraîche brise marine effleura leurs visages. Andreu et Felip se mirent à chanter, bientôt rejoints par les deux cuisiniers, puis par quelques garçons d’écurie et, enfin, par la plupart. Au faîte de chaque colline, ils entrevoyaient la mer qui dansait sur leur gauche. Enfin, au sommet d’une pente assez raide, Raquel vit une grande flèche s’élever dans le ciel.
    — Regardez, dit-elle. Qu’est-ce que c’est ?
    — La cathédrale, maîtresse Raquel, l’informa le capitaine. Sa tour est belle, n’est-ce pas ?
    — Et cette chose, ici même ?
    Elle désignait une robuste structure de pierre blanchie qui se dressait au bord de la route.
    — On prétend que les Romains ont laissé cela quand ils étaient ici. C’était il y a longtemps.
    Bien avant que le soleil ne fût haut dans le ciel, ils franchirent les portes de Tarragone.

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER
    Le palais archiépiscopal
     
    Berenguer de Cruilles arriva au palais et réclama l’honneur d’une audience immédiate avec Don Sancho Lopez de Ayerbe. La réponse de l’archevêque ne se fit pas attendre. Son Excellence était désolée, mais elle se reposait. Berenguer se débarrassa de la poussière et de la boue de la route, se changea et dîna. L’archevêque n’arrivait toujours pas. Quand il eut mangé, Berenguer adressa un nouveau message à Son Excellence. Don Sancho regrettait de chagriner l’évêque de Gérone, mais il s’occupait à préparer le conseil.
    — Puis-je suggérer à Votre Excellence de prendre un peu l’air ? dit Bernat. La vue des remparts est très plaisante.
    — Non, Bernat, vous ne pouvez pas me le suggérer. Et

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