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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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porté par tous les étudiants et apprentis de la ville.
    Le garçon l’emmena loin des appartements de l’archevêque, vers des pièces et des bureaux aux dimensions plus modestes. Ils venaient de franchir une petite porte assez lourde quand le page s’arrêta et se tourna vers l’évêque.
    — C’est un peu compliqué, Votre Excellence. Si vous voulez bien poser la main sur mon épaule et me suivre, nous y serons dans un instant.
     
    — L’Inquisiteur ? demanda Pons de Santa Pau. Oui. On a bien tenté de déclencher certaines enquêtes à l’intérieur de l’archidiocèse. Cela fait plus de vingt ans que la dernière panique est retombée…
    — Vous n’en avez assurément aucun souvenir, dit Berenguer.
    — Non, répondit le jeune homme. J’étais au berceau à l’époque, et ces problèmes ne me concernaient pas. Mais il en est qui s’en souviennent… et le mouvement est rapidement passé de la crainte de l’hérésie aux juifs de la ville.
    — Nous avons entendu parler d’une agression à l’encontre d’un marchand juif. Elle se serait soldée par sa mort et la destruction de ses biens. Cela a beaucoup irrité Sa Majesté. Est-ce exact ?
    — Ça l’est.
    Avec une grande précision et une économie de moyens, il brossa le décor de l’incident.
    — C’est très intéressant, dit Berenguer. J’approfondirai certains points que vous avez évoqués.
    — Bien, fit Santa Pau. Quand mon prochain rapport sera terminé, Votre Excellence, vous pourrez y adjoindre le vôtre si vous le désirez. Je m’excuse de vous avoir fait venir ici, mais nous pouvons faire confiance à Raimundo, le propriétaire de cette demeure. Il faisait jadis partie de la maison de mon père. Il est loyal et bien payé.
    — Ce qui est pratique.
    Santa Pau se leva et s’inclina.
    — Dès que mon rapport sera prêt, je vous le ferai savoir. Cela ne tardera pas. La ville commence à s’agiter.

CHAPITRE II
    Le quartier juif et le couvent
     
    Au matin du 1 er mai, le timbre grave du bourdon de la cathédrale appela à la conférence les évêques de la province de Tarragone. Non qu’une telle convocation fût nécessaire. Vêtus d’habits splendides et bavardant à bâtons rompus, ils attendaient sous les portails l’arrivée de l’archevêque. Pour l’ouverture du conseil général, celui-ci célébrerait la messe du Saint-Esprit, ainsi que le voulait le rituel établi bien des années auparavant, lors du premier conseil général.
    La messe fut impressionnante. Même s’il avait souvent pris part à des cérémonies de cette ampleur, Berenguer fut ému par sa beauté. La soie brodée et le lin fin resplendissaient dans la sombre majesté de la cathédrale. La maîtrise entonna le Veni Sancte Spiritus d’une voix qui résonna sous la haute voûte. L’Évangile du jour, Ego sum pastor bonus, fut chanté de manière éthérée par un diacre pourvu d’une voix de ténor d’une rare qualité.
    Don Sancho se leva pour prononcer le premier sermon de ce conseil, et Berenguer se prépara à une diatribe cuisante sur le thème de l’insubordination.
    — Avaritia causa omnium malorum, dit-il. L’avarice est la cause de tous les maux.
    Il prodigua un sermon aussi bref qu’élégamment construit. Chacun y vit un chef-d’œuvre du genre, même si l’évêque de Vic, assis à côté de Berenguer et certain que cela ne s’appliquait pas à lui, s’endormit dès les premiers mots. Il somnola paisiblement sur son siège jusqu’au début de l’appel.
    Ceux qui étaient présents se manifestèrent. Ceux qui se trouvaient dans l’impossibilité de venir avaient envoyé leurs représentants. Pour nombre d’évêques installés dans les stalles ouvragées, se dit Berenguer avec une pointe de cynisme, la grande affaire de la journée était terminée. Ils pouvaient désormais se sentir libres de dormir tout au long des séances de l’après-midi, lorsque chaque problème était débattu de manière informelle.
    Son genou se mit à le faire souffrir alors qu’il ne l’avait pas tourmenté depuis Sant Pol de Mar.
     
    Ce n’est qu’en fin de matinée que leurs hôtes tant attendus arrivèrent enfin chez Joshua et Dinah. Judith serra sa sœur dans ses bras, Raquel fit la révérence devant sa tante et son oncle, puis elle s’esquiva au moment précis où Gilabert franchit le portail en boitant.
    — Mon cher Joshua, dit Isaac, nous amenons avec nous l’un de mes patients. Permettez-moi de vous

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