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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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Isaac.
    Le claquement des éperons du capitaine sur le carrelage résonna dans la demeure vide. Assis, la main sur la nuque du mâtin, Gilabert écoutait son protecteur aller d’une pièce à l’autre. Raquel trouva une cruche de vin et une autre d’eau, et elle lui prépara un breuvage qu’elle approcha de ses lèvres. Il secoua la tête sans conviction et continua d’écouter. Après une éternité, les pas revinrent.
    — Don Gilabert, ouvrez cette porte, je vous prie. Je suis le capitaine.
    — Comment en être sûr ? répondit Gilabert, assailli par un doute soudain.
    — De Vilafranca à ici, vous avez chevauché avec une lenteur d’escargot sur la mule de Son Excellence. J’ai placé un lambeau de tissu noir sur une branche, au-dessus de la rivière. Est-ce suffisant ? Demandez au médecin. Il connaît ma voix.
    — Si ce n’est pas notre capitaine, déclara Isaac, je cesse de pratiquer la médecine.
    Gilabert tira les lourds verrous et ouvrit la porte. Le capitaine entra, tirant derrière lui deux femmes en pleurs dont les mains étaient aussi rouges et crevassées que leur nez.
    — J’aime qu’un soldat soit circonspect, dit-il. Il vit plus vieux et son entraînement n’a pas été vain.
    — Je ne suis pas bien équipé pour pourfendre l’ennemi en cet instant, fit Gilabert.
    Il regarda les deux femmes qui, en des temps meilleurs, auraient été d’allure fort avenante, et il hocha la tête.
    — Je suis heureux qu’il y ait toujours quelqu’un ici.
    — Don Gilabert ! s’écria la plus grande des deux, livide de surprise. Vous êtes en vie. Le ciel en soit loué !
    — Que s’est-il passé ?
    — Il y a eu une bande… commença-t-elle.
    — Une horde… l’interrompit la plus petite des deux.
    — Oui, une horde de cavaliers est arrivée, et quand Josep leur a ouvert le portail, ils l’ont tué et ont jeté son corps dans un fossé. La nouvelle camériste a tout vu de la fenêtre, nous sommes allées voir à notre tour, et puis elle s’est enfuie par-derrière en criant à la cuisinière et aux servantes d’en faire autant.
    — Elles l’ont suivie ? demanda le capitaine.
    — Je crois bien. Nous, on s’est cachées dans la garde-robe, dit la petite. Ils ne nous ont pas trouvées. On a entendu des gens hurler, pas vrai ?
    — Oui, et on est restées là.
    — Là-dessus, quelqu’un a crié que le maître avait été tué. Ensuite, c’est redevenu tranquille. On a passé pas mal de temps dans la garde-robe, mais il fallait bien en ressortir…
    — Je pouvais plus respirer, surenchérit la grande.
    — Et juste après on a entendu ce gentilhomme.
    — Elles essayaient de regagner leur cachette quand je les ai surprises, dit le capitaine. Elles disent que vous les reconnaîtrez.
    — Effectivement, répondit Gilabert. Savez-vous qui sont ceux qui ont fait cela ?
    — Non, dit la petite.
    — Pas vraiment, fit l’autre. Je ne les ai vus que de dos depuis la fenêtre.
    — Et où sont passés les autres ?
    — Dans les champs. Pau devrait être bientôt de retour – le maître voulait le voir ce matin.
    Sur ce, elle éclata une fois de plus en larmes, dissimula son visage dans son tablier et se balança d’arrière en avant.
    — Peut-on attendre son retour ? demanda Gilabert au capitaine. J’aimerais lui donner des instructions. Ensuite, je partirai pour Tarragone.
    — Bien entendu, Don Gilabert.
    Ce dernier se tourna vers les deux femmes.
    — Seuls Pau et vous deux devez savoir que je suis vivant. Sinon je serai traqué, massacré comme mon oncle, et vous n’aurez plus qu’à mendier votre pain. Me comprenez-vous ? Pas un mot. Pau veillera à ce que mon oncle, Ramon et Josep soient enterrés ; vous ne soufflerez pas mon nom. Si vous gardez le silence, je reviendrai et vous serez récompensées, bien plus généreusement que si ces assassins achetaient votre loyauté.
    — Oui, Don Gilabert, dirent-elles d’une même voix.
    — Bien.
    Il sortit sa bourse et la tendit à Raquel.
    — Maîtresse Raquel, veuillez je vous prie prendre deux pièces et les donner à ces femmes. Il y a bien des choses qu’on ne peut faire d’une seule main.
    — Certainement, Don Gilabert.
    — Il y en aura d’autres – bien d’autres – quand je reviendrai, poursuivit le jeune homme. Si vous êtes loyales.
    — Nous le serons, Don Gilabert, fit la petite d’une voix tremblante.
    — À présent, amenez-moi Pau dès son retour et pas un mot.

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