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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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proposait un vin bon marché et une nourriture encore plus médiocre. Pourtant, la qualité des boissons et des plats proposés et sa décoration sordide n’empêchaient pas cet établissement de jouir d’une évidente popularité. Les bancs étaient quasiment pleins, et le maître des lieux avait du mal à répondre aux appels des buveurs.
    Les femmes contemplèrent la foule et, sans dire mot, se retirèrent dans un petit abri encombré édifié juste au-dessus de la porte d’entrée. Elles s’assirent là, entassées sur un banc étroit ou juchées sur des tonneaux, indifférentes à tout excepté leur propre dignité et leur sécurité, maîtresse et servante, juive et chrétienne mélangées, en attendant qu’on leur prépare un endroit pour elles seules.
    Les hommes cherchaient des places dans la taverne. Isaac suivit Yusuf, la main posée sur l’épaule du garçon ; Don Gilabert venait derrière lui, aidé du jeune garde, Enrique, et du sergent. Yusuf dénicha le coin le plus calme. Le reste de l’entourage de l’évêque lui emboîta le pas.
    Un homme était assis sur un banc juste à côté d’eux. De l’autre côté de la table, le long du mur, deux individus débattaient de façon assez incohérente de la probabilité d’un changement de temps pendant la nuit.
    — Pardonnez-moi, messires, dit Yusuf avec témérité, mais mon maître, qui est aveugle, et ce grand seigneur, blessé lorsqu’il était au service de Sa Majesté, doivent s’asseoir. Si vous voulez bien vous déplacer un peu…
    Il installa les deux personnes dont il avait la charge. À chaque réorganisation des personnes et des bagages, il réclamait davantage de place pour les compagnons de l’évêque, jusqu’à ce que, finalement, les deux interlocuteurs aillent régler leur querelle en sortant observer le ciel nocturne.
    Le sergent s’était vu confier par l’évêque une bourse pour ce genre de situation ; il commanda des pichets de vin pour chasser la poussière de la gorge des marcheurs et s’assura que tout le monde ait un endroit où coucher, d’une manière ou d’une autre.
    — Sergent, l’interpella le cuisinier, ne cherchez rien pour nous. Nous dormirons dans la charrette parmi les victuailles. Ce sera mieux, me semble-t-il.
    — Prenez deux des garçons, répondit le sergent après avoir toisé une assistance plus que variée.
    — Ils sont déjà dehors. À boire le vin de Son Excellence, sans aucun doute, murmura-t-il à l’oreille de son second.
    Celui-ci leva sa carcasse dégingandée et sortit en silence pour jeter un coup d’œil aux charrettes. Le cuisinier attendit son gobelet de vin, le vida d’un trait et le rejoignit.
     
    Judith examina les lits des chambres qu’on leur avait assignées et envoya Ibrahim et Naomi chercher leur coffre. Elle en tira des draps propres qu’elle étendit sur ceux plutôt douteux laissés par l’aubergiste. Les quatre lits étroits qu’on avait introduits dans cette pièce étaient venus à bout des ressources de l’établissement ; la plupart des hommes durent se contenter de bottes de foin posées à même le sol de la salle à manger commune. À raison de deux par lit, la chambre aurait du mal à accueillir toutes les femmes.
    — Oh, maman, murmura Raquel qui regardait avec consternation les femmes épuisées, je crois que je préférerais passer la nuit au rez-de-chaussée.
    — C’est ridicule, rétorqua Judith, tu es bien plus en sécurité ici.
    Raquel et sa mère ôtèrent leurs surcots, délacèrent leurs robes et se préparèrent au sommeil. Les yeux mi-clos, Raquel observa les religieuses qui enlevaient leurs voiles et leurs guimpes avant de les imiter. Les servantes avaient marché pratiquement tout le temps et étaient trop fatiguées pour se plaindre. De Sor Agnete, bien entendu, il n’y avait pas la moindre trace. Elle se trouvait dans un endroit sûr en compagnie de son garde, du moins Raquel le supposait-elle. Lasse, endolorie, elle rêvait d’espace et d’intimité, puis elle cessa de ruminer des idées sombres et s’abandonna au sommeil.
     
    Il était très tôt quand un bruit réveilla Isaac. Il savait qu’il faisait jour. Les oiseaux piaillaient bruyamment, et il y avait dans l’air une saveur qui disparaissait toujours avec la nuit. Quelqu’un marchait, dans la cuisine certainement, mais ses compagnons de chambrée continuaient de dormir sans se soucier du bruit ou du manque de confort de leur couche.
    — Yusuf ?

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