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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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n’était pas venu de se défendre. L’humilité n’était décidément pas l’un de ses points forts.
    — Je ne suggère pas, comme l’ont fait certains, reprit Don Sancho, que l’un de nos évêques aurait tenté de dissimuler – dans son intérêt propre – l’implication du couvent de Sant Daniel dans cette traîtrise.
    Son sourire ébauché indiquait clairement qu’il aurait pris plaisir à une telle hypothèse, mais qu’elle était trop insultante pour être exposée.
    — Néanmoins, Sa Majesté le roi est furieux que Sor Agnete n’ait pas encore été traînée devant un tribunal – ecclésiastique ou royal – pour y être jugée.
    — Sa Majesté mettrait en doute le droit de Votre Excellence à faire juger Sor Agnete par un tribunal épiscopal ? demanda Berenguer. Je m’étonne qu’elle puisse trouver une justification à un tel défi, même à une date aussi tardive.
    — Non, répondit Don Sancho, elle admet notre droit à la juridiction, mais elle n’est pas heureuse de constater que rien n’a encore été fait.
    L’archevêque fit une pause.
    — Ou rien qu’elle-même – ou tout autre membre du diocèse – ait été capable de discerner.
    — Ah, fit Berenguer, le diocèse. Il se peut que le procurateur de Sa Majesté, Don Vidal, lui ait indiqué quelque chose.
    — Je crois qu’il a évoqué ce problème avec Sa Majesté.
    — Maints problèmes gagnent en complexité dès lors qu’ensemble l’Église et l’État s’en mêlent, comme ce fut le cas lors de la nomination de Vidal de Blanes, dit platement Berenguer. Ce doit être difficile pour Don Vidal.
    Sancho Lopez de Ayerbe porta un regard sévère sur l’évêque de Gérone.
    — C’est là mon impression, murmura-t-il.
    — On prétend que le nonce du pape sera à Tarragone pour la conférence, avança Berenguer avec l’air de ne pas changer de sujet.
    — Le nonce nous honore effectivement de sa présence.
    — Peut-on savoir si une affaire particulière l’amène ici ?
    Don Sancho secoua la tête d’un air absent.
    — Il s’agit d’une controverse d’ordre juridictionnel. Quelque chose de très différent. Il a été envoyé ici pour y mettre un terme.
    — Un problème d’ordre juridictionnel ?
    — Entre l’archidiocèse, le diocèse de Barcelone et l’Inquisiteur.
    — L’Inquisiteur ? s’étonna Berenguer.
    — Oui, fit Don Sancho, mais comme le prétendu hérétique est introuvable et que ses voisins pensent qu’il est mort ou bien en France ou en Angleterre, je ne vois pas pourquoi l’archidiocèse ou le nonce de Sa Sainteté s’intéresserait à cela. C’est une perte de temps considérable.
    — Se pourrait-il que Sa Majesté ait également quelque intérêt dans cette affaire ?
    Don Sancho lui adressa un long regard spéculatif.
    — C’est toujours une possibilité. Je me demande si vous pourriez avoir raison. Vous dites que vous avez parlé à Sa Majesté à Barcelone, Don Berenguer ?
    — Oui, Votre Excellence, j’ai parlé à Sa Majesté. De tout autre chose.
    Les rumeurs de cour circulaient à toute allure.
    Don Sancho se leva et lui offrit un sourire cordial.
    — Je vous ai retenu trop longtemps, Don Berenguer. Votre voyage a dû vous épuiser. Mais cette petite conversation a été fort instructive, n’est-ce pas ? Et je suis persuadé que le problème posé par Sor Agnete peut être promptement résolu.
    — Je l’espère sincèrement, Votre Excellence. Je prends la permission de me retirer et vous souhaite une bonne nuit.
     
    Alors qu’il regagnait sa chambre, Berenguer se demanda exactement ce qu’il avait pu dire pour faire ainsi plaisir à l’archevêque.
     
    Un autre page l’attendait dans sa chambre.
    — Votre Excellence, dit-il, mon maître souhaite vous voir. Viendrez-vous avec moi ?
    — Et qui est ton maître, mon garçon ?
    — Pons de Santa Pau, murmura le page, serviteur de Sa Majesté.
    — Et où souhaite-t-il me rencontrer ? La journée a été bien longue et…
    — Dans la maison de Raimundo. J’ai ici une cape pour Votre Excellence. La soirée est un peu fraîche.
    — Je peux supporter une fraîche soirée de mai, mon garçon.
    — Mon maître pense qu’il vaudrait mieux que Votre Excellence porte cette cape.
    — Je m’incline devant ses connaissances supérieures.
    Le page aida l’évêque à endosser une cape d’étoffe grossière avant d’en passer lui-même une brune et plus légère, du type

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