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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pas de la peste. Même cette année terrible, les gens mouraient d’autres maladies.
    — C’est vrai, acquiesça Isaac, je m’en souviens moi aussi.
    — Après sa mort, son voisin produisit un document attestant du don de ses terres, de sa maison et de tous ses biens en règlement d’une dette contractée précédemment. Don Fernan examina le document et jura ses grands dieux que la signature n’était pas celle de son défunt beau-frère. D’autres vinrent attester la même chose, me semble-t-il.
    — Cela aurait dû régler le problème, non ?
    — Ah, Isaac, comme vous le savez, quand un homme cupide a de telles prétentions, il prend habituellement soin de s’entourer d’une ou deux personnes puissantes. L’objection fut débattue. Divers témoins se présentèrent pour dire que le beau-frère ne s’était jamais endetté, pas au point de céder l’intégralité de ses biens, en tout cas. Le voisin fut sommé de présenter les témoins de la signature. Je vous passe le détail des procès et des appels mais, en fin de compte, après trois ans de procédure, Don Fernan a gagné. Il n’agissait plus qu’au nom de ses neveux et nièces car sa douce sœur avait disparu, morte de chagrin après le décès de son mari et d’angoisse à l’idée de se voir, elle et son enfant – ou ses enfants – jetés sur les routes, sans un sou vaillant.
    — C’est une terrible histoire, dit Isaac, mais malheureusement trop fréquente.
    — Elle n’est pas terminée, reprit Joshua, l’air sombre. Quelqu’un – le voisin, probablement – a alors dénoncé mon bon ami Don Fernan comme hérétique et ajouté qu’il abritait des hérétiques notoires. Il produisit un document qui, jurait-il, lui avait été remis par un serviteur avant sa fuite. La finca dépendait du diocèse de Barcelone, où la dénonciation provoqua quelque émoi, mais fut bientôt oubliée. Déçu, l’informateur alla trouver l’archevêque. Il n’obtint rien de Don Sancho, mais réussit tout de même à intéresser l’Inquisiteur. L’Inquisition connaissait un certain regain à Tarragone et Don Fernan fut arrêté alors qu’il y venait pour affaires. S’ensuivit une brève controverse juridictionnelle au cours de laquelle son jeune neveu, un garçon de seize ou dix-sept ans, disparut. Don Fernan, qui avait à la fois de l’intelligence et des amis, se tira de cette nouvelle difficulté.
    — Pourquoi le neveu a-t-il abandonné son oncle ?
    — Chacun pensait que cela tenait au fait qu’il était à l’origine des rumeurs d’hérésie. Pour découvrir la vérité, il faudrait la lui demander. Et commencer par le retrouver. Mais je pense qu’aujourd’hui il a enfin appris que l’on ne peut faire confiance au premier venu.
    — J’en suis persuadé, dit Isaac. Sinon il ne serait plus en vie.
    — Bien entendu, mon frère, il est probable qu’il vit à présent loin de Tarragone, où on le recherche pour je ne sais quels crimes horribles.
    — Celui qui l’abriterait courrait alors de grands dangers, n’est-ce pas ?
    — Oh, si j’étais son protecteur, je ne m’inquiéterais pas spécialement. Les accusations sont fausses, et il suffit d’un peu d’argent et de bonne volonté pour les enterrer.
    — Voilà vraiment une triste histoire, Joshua. Je plains ce jeune homme et j’espère que vous avez raison. Mais, à mon avis, la calomnie ne signifie en rien qu’il n’y aura pas de procès.
    — Peut-être avec l’aide d’amis, dit Joshua d’une voix douce. Pas simplement de marchands juifs qui lui veulent du bien, mais d’amis chrétiens qui ont la confiance du roi. Le problème serait ainsi réglé.
    Isaac rit.
    — Je vous ai toujours su très rusé, Joshua. Toutes vos histoires d’angoisse et d’insomnie nous ont conduits sur des chemins passionnants. Car telle était votre intention, je n’en doute pas.
    — Je suis heureux de ne pas avoir perdu la main. Mais il est vrai que je dors mal la nuit.
    — Je vous donnerai quelques gouttes d’une décoction que j’ai préparée. Où est Yusuf ?
    — Il était par ici, répondit Joshua.
    — Je mets sa force à l’épreuve en le tenant éveillé, expliqua Isaac. Ou plutôt en l’arrachant à son lit. Il peut dormir n’importe où. Yusuf ! appela-t-il doucement.
    — Ici, seigneur.
    En titubant, le jeune garçon sortit de l’obscurité et se présenta à la lueur de la lampe.

CHAPITRE III
     
     
    Vendredi 2 mai
     
    Il était

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