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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pas…
    — Qu’est-ce que vous ne pouvez pas, ma très chère, ma belle Raquel ?
    — Tourner le dos à ma famille et à ma religion. Pas après ma sœur. Cela détruirait ma mère. Et bouleverserait mon père.
    — Mais pas vous ?
    — Cela me déchirerait, dit-elle, l’air abattu.
    — Qu’est-il arrivé à votre sœur ?
    — Elle a épousé un chrétien, fit Raquel.
    — Damnation ! s’écria Gilabert. Mais pourquoi a-t-elle fait cela ? Et si elle ne l’avait pas fait… Non, ne répondez pas à cette question. Je ne supporterais pas d’entendre votre réponse, quelle qu’elle fût.
    — Répondre m’est impossible, que vous le vouliez ou non.
    Sur ce, elle se détourna de lui, en larmes.
    — Raquel ? claironna la voix familière de sa mère. J’ai besoin de toi. Sors de ta chambre.
    — Je dois m’en aller, dit-elle.
    — Vous devez d’abord me dire que vous m’aimez. Dites, c’est vrai, Gilabert, je vous aime. Avec cela, je vivrai.
    De sa main valide, il la saisit par le poignet.
    — Dites-le, ou je ne vous laisse pas partir.
    — C’est vrai, Gilabert, murmura-t-elle, je vous aime, pour mon infinie douleur.
    Elle s’enfuit.
     
    Pendant que Raquel conversait avec Gilabert, Judith s’installa dans un coin ombragé de la cour en compagnie de sa sœur, Dinah, afin d’avoir une discussion sérieuse sur le sujet qui occupait toutes leurs pensées.
    — Ta Raquel est une beauté, dit Dinah d’un air approbateur. Ce n’était pas une belle enfant quand je l’ai vue pour la dernière fois, mais cela arrive souvent, n’est-ce pas ? En grandissant, les belles enlaidissent. Impossible de les marier sans dots colossales.
    — Elle n’avait que cinq ans quand tu as quitté la maison, lui rappela Judith. Mais on l’admire beaucoup, je dois le reconnaître.
    — Nous avons toujours formé une belle famille, s’esclaffa Dinah. Même mes filles, dont le père n’est pourtant pas une beauté…
    — Allons, Dinah, fit Judith, choquée. Tu ne dois pas tenter le Seigneur en louant ainsi tes enfants…
    — Ah, ma sœur, tu ne changes pas. Toujours à me dicter ce que je dois faire.
    — Toi non plus. Tu n’as jamais eu de respect pour… disons… les gens et les choses que tu devrais respecter. Je n’ai pas oublié le jour où…
    — Judith ! s’écria Dinah, la main levée pour endiguer le flot de ses paroles. Voyons ce que nous pouvons faire à propos de ce mariage. Nous pouvons passer toute une semaine à évoquer de vieilles querelles. Qu’en pense son père ?
    — Isaac ? Il refuse de s’immiscer, ainsi qu’il le dit. Comme si un père ne devait pas s’intéresser au mariage de sa fille. Mais si nous l’arrangeons et si Raquel est heureuse, il donnera son consentement. Ainsi qu’une somme raisonnable. Bien sûr, elle n’a pas besoin de s’acheter un mari…
    — Elle a d’autres prétendants ?
    — Oh oui ! Le neveu et héritier d’Ephraïm le gantier la voudrait.
    — Et qu’en dit-elle ?
    — Il ne lui déplaît pas. Je l’ai observée très attentivement, et je dirais qu’elle n’est amoureuse de personne en ce moment, affirma Judith. Maintenant, parle-moi du neveu de Joshua.
    — Nous n’avons que deux filles, dit Dinah. Comme tu le sais. Et Joshua n’est plus un jeune homme. Je ne pense pas avoir d’autres enfants.
    Il y avait de l’agressivité dans sa voix, comme si elle défiait sa sœur de se moquer d’elle ou de la prendre en pitié.
    — Tes filles sont délicieuses, et leur père les adore, répondit Judith avec tact.
    — Oui, et elles auront de belles dots. Mais j’élève Ruben depuis qu’il a neuf ans – depuis la mort de ses parents, en fait –, et il est pour moi comme un fils. Pour Joshua aussi. C’est un bon garçon, intelligent – un peu timide, mais charmant quand on apprend à le connaître. Il sera l’héritier de l’affaire et de cette maison. Et ce n’est pas rien, Judith.
    — C’est ce que je vois, dit sa sœur en regardant autour d’elle.
    — Il ne nous reste plus beaucoup de famille, à toi et à moi. Qu’adviendra-t-il de mes filles quand Joshua mourra ? Ruben pourrait épouser une fille qui pense que son mari ne devrait pas aider ses cousines ou sa tante par union. Une fille qui ne m’aimerait pas et me demanderait de partir. C’est ma maison, Judith.
    — Tu penses que Ruben écouterait sa femme ?
    — Oui. Il est trop doux et trop accommodant. Il a besoin d’une femme qui

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