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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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grilles qui longeaient le cloître Saint-Germain. Un coup de reins et il pourrait échapper à ses bourreaux.
    Chefdebien vit son frère sauter, saisir les barreaux, lancer un pied en avant quand un éclat de métal vola au-dessus des têtes. Tranchante comme un rasoir, la faux fendit l’air.
    Quand elle retomba, Voyron était mort.

48
     
    Rennes-le-Château
    24 juin 2009
     
    Le marquis avala son verre d’un trait et se lissa les cheveux en arrière. Antoine réajusta sa veste et s’adossa contre la cheminée pendant que Cécile ouvrait la grande sacoche qui contenait la photo en taille réelle de l’esquisse. L’aristocrate reprenait ses esprits.
    — Navré, le choc a été si fort quand vous m’avez parlé du dessin…
    — Je croyais que Les Bergers d’Arcadie n’avaient aucune valeur, sauf sur le plan humoristique, dit Marcas d’un ton acide.
    — Je n’ai pas dit cela, seulement qu’aucun chercheur n’avait trouvé quoi que ce soit avec le tableau du Louvre. Et puis on croyait tous que Gilles délirait quand il disait qu’une ébauche existait.
    — Mais cette information, il la tenait d’où ?
    De Perenna grimaça.
    — Ce serait plutôt à vous de me le dire !
    Antoine se figea tandis que le marquis reprenait :
    — Gilles était discret là-dessus, mais on le savait tous.
    — Mais quoi, enfin ?
    — C’était un frère, un initié comme vous. Maintenant que votre curiosité est satisfaite, je peux voir le dessin ?
    Antoine ravala sa colère. Ce n’était pas le premier frangin qui apparaissait dans cette histoire. Déjà ce Georges Monti dont lui avait parlé le frère Obèse. Et maintenant ce vieillard assassiné.
    Cécile posa sur la table la photo : une reproduction parfaite du dessin volé. Le marquis sortit une paire de lunettes d’une boîte de fer oblongue, les chaussa et inspecta le cliché. Son œil parcourait chaque détail, sa main droite tapotait nerveusement le bord de la table. Il jubilait comme un enfant devant un cadeau encore dans son paquet.
    — Extraordinaire. Cécile, veux-tu me passer la reproduction du tableau des Bergers d’Arcadie accrochée au mur, à côté de la porte ? Et ma loupe qui est dans le premier tiroir du buffet.
    — Bien sûr.
    Elle revint vers eux avec un grand cadre en bois dans lequel était inséré le Poussin. Elle le posa au-dessus du dessin. Le marquis avait sorti un stylo plume laqué noir de la poche de sa veste et le pointa alternativement sur les deux œuvres, puis il approcha la grosse loupe de la photo.
    — C’est bien ce que je pensais. Raisonnons logiquement, mes amis. Le tableau du Louvre a été réalisé par Poussin à la suite d’une commande d’un cardinal romain. C’était une œuvre officielle. L’esquisse, elle, n’a jamais été mise sur le marché. Regardez alternativement les deux créations. Les différences sont là, ça crève les yeux.
    Marcas s’approcha.
    — Oui, je sais, dans le dessin il n’y a que trois personnages, il a oublié l’un des bergers en cours de route.
    — Ne dites pas de sottises. Un peintre de ce niveau ne commettait pas d’erreurs ou alors elles étaient volontaires. Certes, il manque un personnage, mais ce n’est pas tout. Prenez la loupe. Regardez bien, c’est sur le tombeau. Le personnage ne pointe plus du doigt, comme sur le tableau, la lettre R de l’expression Et in Arcadia ego , mais désigne la suite.
    Antoine prit la loupe. Il poussa un juron : il n’avait pas repéré que le peintre avait rajouté d’autres mots à la suite de la célèbre expression latine.
    On pouvait lire : Et in Arcadia ego sum Maria Magdala .
    — « Et moi aussi, Marie Madeleine, je suis en Arcadie », articula lentement Antoine. Mais que vient faire ce personnage des Évangiles dans une composition païenne ?
    Le marquis s’était levé, le regard brillant.
    — C’est la preuve que l’on attendait depuis des années. La femme sur le tableau est bien Marie Madeleine. Quand il a entrepris ses travaux gigantesques, Bérenger Saunière a dédié tout le village à cette sainte. L’église lui est consacrée. Quant à la tour Magdala et la Villa Béthania, elles font référence à Marie Béthania, sœur de Lazare, plus connue sous le nom de Marie Madeleine. Mais vous n’avez pas tout vu, approchez la loupe du bord gauche du tombeau, là où il n’y a plus le berger du modèle du Louvre. Que voyez-vous à la place ?
    Antoine inspecta minutieusement cette partie-là

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