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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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menace d’une violente tempête.
    Durant l’après-midi, Hubert Beauchemin, prévoyant, prit la direction du bois situé au bout de la terre paternelle pour aller couper des branches de sapinage qui serviraient à baliser l’étroite route du rang Saint-Jean le long de la terre des Beauchemin après la tempête, si besoin était.
    — Nous voilà partis pour nous encabaner pour six mois, fit Eugénie en allumant une lampe à huile au début de l’après-midi tant il faisait sombre dans la grande cuisine d’hiver des Beauchemin.
    — On n’en mourra pas, répliqua sa belle-sœur Bernadette, occupée à filer de la laine sur le vieux rouet familial. C’est comme ça tous les ans. Je me demande comment ça va être demain matin sur le chemin, avait-elle ajouté en jetant un coup d’œil à l’extérieur par l’une des fenêtres.
    Elle pensait surtout : « Comment ça va être à Québec, d’où Constant Aubé ne semblait pas pressé de revenir. »
    À la fin de l’après-midi, on nourrit les animaux enfermés dans les bâtiments et on soupa tôt pour permettre à Hubert d’aller veiller chez les Dionne avec la belle Angélique qu’il continuait à fréquenter assidûment, même si la décision de remettre à plus tard la construction de la fromagerie à laquelle il aspirait depuis plusieurs mois l’avait sérieusement mécontenté.
    — Je vous dis qu’il y a des filles de Saint-Bernard qui sont chanceuses de pouvoir veiller au salon avec des garçons, ne put s’empêcher de dire Bernadette en voyant son frère quitter la maison.
    — Si t’avais meilleur caractère, Bedette, répliqua Donat, tu manquerais pas de garçons sérieux qui seraient heureux de venir accrocher leur fanal à notre porte.
    — On dit ça, se contenta de dire la jeune institutrice sur un ton désabusé, avant de monter à sa chambre. C’est certain que c’est ma faute… C’est toujours ma faute, ajouta-t-elle sur un ton acide.
    Hubert rentra à la maison au moment où son frère aîné remontait le mécanisme de l’horloge. Les trois femmes de la maison venaient de se retirer dans leur chambre.
    — Ça a commencé à tomber, dit Hubert. Le vent vient de se lever.
    Comme pour lui donner raison, le vent se mit à hurler dans la cheminée et un paquet de neige vint frapper les fenêtres, donnant le goût d’aller se blottir sous les couvertures chaudes.
    Durant toute la nuit, la nature se déchaîna. À plusieurs reprises, Marie se réveilla en sursaut dans la petite chambre de Rose, chez les Connolly. Sur la recommandation de Camille, Ann l’avait installée là pour tout le temps où elle demeurerait chez son gendre pour aider aux relevailles de sa fille aînée.
    Marie était persuadée que le vent cherchait à arracher la toiture de la maison de son gendre tant il était violent. Cela devait être moins pire pour la maison en pierre des Beauchemin. Baptiste l’avait construite très solide pour résister aux pires intempéries de l’hiver. Au milieu de la nuit, elle se leva même pour tenter de voir ce qui se passait à l’extérieur. Par la petite fenêtre de sa chambre, elle n’aperçut qu’un vague mur blanc de flocons. Le froid l’incita à regagner rapidement la chaleur de son lit où le sommeil l’engloutit.
    Pour leur part, à l’aube, tous les Beauchemin étaient sur le pied de guerre. Après avoir bu une tasse de thé, Hubert passa dans la cuisine d’été pour y allumer les deux fanaux déposés en permanence sur la table. Il en tendit un à Bernadette et garda l’autre.
    Lorsque tous furent bien emmitouflés, Donat précéda son frère et sa sœur et ouvrit la porte. Il se retrouva devant un véritable mur de neige qui lui arrivait un peu plus haut qu’à mi-cuisse. Le vent soufflait toujours et la neige ne semblait pas sur le point de baisser d’intensité. Il avança péniblement jusqu’à la première marche de l’escalier, suivi de près par Hubert et Bernadette, qui durent baisser la tête pour éviter d’être giflés par la neige projetée par le vent.
    Durant la nuit, le paysage s’était complètement modifié. Tout était blanc et, à certains endroits, les piquets de clôture disparaissaient déjà sous les accumulations de neige.
    Pendant que les deux hommes s’ouvraient un chemin vers l’étable avec beaucoup de peine, Bernadette, de la neige jusqu’aux genoux, se dirigea vers le poulailler.
    — Maudite misère noire ! se plaignit-elle à haute voix en se

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