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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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dedans qui sait écrire. Ça fait qu’on peut pas écrire une lettre d’entente à soir.
    — Je sais écrire, affirma Constant. Si vous trouvez une feuille de papier et de l’encre, on peut régler ça tout de suite, proposa-t-il avec bonne humeur.
    Devant l’air méfiant de Tancrède Bélanger, le meunier se sentit obligé de lui préciser :
    — Soyez pas inquiet, j’essaierai pas de vous voler.
    — Si c’est comme ça, enlevez votre manteau et vos bottes et venez vous asseoir à table, les invita le gros cultivateur pendant que sa femme disparaissait dans la pièce voisine pour y prendre ce qu’il fallait pour écrire.
    Il ne fallut que quelques minutes pour que le document soit dûment rédigé et signé par Constant Aubé. Sa signature fut suivie par les « X » de Tancrède Bélanger, de sa femme et de Hubert Beauchemin. Sous chacun, Constant prit la peine d’écrire leur nom, pour éviter toute contestation possible chez le notaire.
    Après cela, le maître des lieux remplit des verres de caribou et on but à la transaction.
    — Vous venez de faire une maudite bonne affaire, déclara le gros homme, la mine satisfaite.
    — Vous en avez pas fait une mauvaise, vous non plus, répliqua Constant.
    — Mais dites-moi donc, les jeunes, pourquoi vous faites pas affaire avec le notaire Valiquette, comme presque tout le monde dans la paroisse ? Ça nous ferait pas mal moins loin à aller courir pour passer les papiers.
    — Parce que la famille Beauchemin a toujours fait affaire avec le notaire Letendre, répondit Hubert.
    — Dans mon cas, c’est tout simplement parce que mon argent est placé à son étude, se contenta de répondre le meunier.
    Comme Donat, Constant trouvait un air faux à Eudore Valiquette et, pour dire vrai, il le trouvait trop poli pour être honnête. Cependant, il se garda bien d’exprimer ses pensées devant Tancrède Bélanger, de crainte que l’autre ne répande des rumeurs sur le président du conseil de fabrique et conseiller municipal.
    À leur sortie de chez les Bélanger, Hubert, fou de joie, voulut que son nouveau partenaire l’accompagne à la maison pour annoncer la bonne nouvelle aux Beauchemin.
    — Non, c’est à toi d’annoncer ça chez vous, refusa fermement le meunier. Après tout, dans une semaine, la terre de Tancrède Bélanger va être à toi et tu vas ouvrir ta fromagerie…

    Deux jours plus tard, la veille de Noël 1872, une petite neige folle se mit à tomber au milieu de l’après-midi. Chez les Beauchemin, tout était déjà prêt pour le souper de Noël et Marie avait invité tous ses enfants, leurs conjoints et ses petits-enfants pour l’occasion. Évidemment, la veuve de Baptiste Beauchemin n’avait pas oublié Constant Aubé.
    — On fera pas de réveillon en revenant de la messe de minuit, déclara-t-elle aux siens, mais s’il y en a qui ont faim Eugénie pourra toujours leur réchauffer un pâté à la viande et une tarte à la mélasse. Elle va rester ici dedans pour garder Alexis.
    Vers onze heures, Hubert et Donat allèrent atteler le Blond à la sleigh et suspendirent un fanal à l’avant du véhicule. En rentrant dans la maison, ils secouèrent les flocons de neige qui étaient tombés sur leurs épaules et sur leur tuque.
    — Pourquoi on part si de bonne heure ? demanda Bernadette. C’est pas utile, on a notre banc réservé.
    — Je dois être là pour aider à placer le monde, répondit Donat.
    — Et prier un peu te fera pas de mal, poursuivit sa mère, sur un ton sévère en s’adressant à sa plus jeune fille. Je te dis que tu vas faire toute une mère catholique, toi, ajouta-t-elle.
    — Je vois pas pourquoi vous dites ça, m’man.
    — Parce qu’une bonne mère doit donner l’exemple à ses enfants, ma fille.
    — En plus, tu vas avoir la chance d’entendre Liam s’exercer à chanter le Minuit, Chrétiens , intervint Eugénie.
    — Si je connais bien Camille, dit Marie, je serais pas mal surprise qu’elle prive un des enfants de la messe de minuit. Elle va rester à la maison avec son petit dernier et se sacrifier, comme d’habitude.
    — Sainte Camille, priez pour nous ! se moqua Bernadette.
    — Tu devrais chercher à l’imiter plutôt que de rire, la rabroua sa mère avec mauvaise humeur.
    À l’arrivée des Beauchemin à la chapelle, la neige tombait encore lentement et la température était assez douce. Le stationnement était déjà à moitié rempli par toutes les sleighs , les

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