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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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célébrer la bonne transaction que vous venez de faire et aussi un peu le temps des fêtes.
    Là-dessus, il ouvrit le dernier tiroir de son bureau et en sortit une bouteille d’alcool et trois petits verres qu’il remplit allègrement.
    — Tancrède Bélanger aurait peut-être pas haï boire un petit verre avant de repartir, fit remarquer en riant Constant Aubé.
    — J’en doute pas, dit le notaire, mais j’ai pas l’habitude d’offrir à boire à quelqu’un qui vient de m’insulter et de mettre en doute mon honnêteté.
    Le meunier adressa un regard d’incompréhension à Hubert, mais celui-ci n’eut pas le temps d’expliquer la situation à son compagnon. Omer Letendre avait déjà repris la parole.
    — Jusqu’à l’arrivée de mon confrère Valiquette à Saint-Bernard, l’année passée, monsieur Bélanger m’avait toujours jugé assez digne de confiance pour m’occuper de ses affaires et placer son argent, mais voilà que tout d’un coup il dit qu’il a plus confiance en lui qu’en moi, en laissant entendre que je pourrais être malhonnête alors que je pratique dans la région depuis plus de trente ans. Jamais personne a eu à me reprocher quoi que ce soit…
    — Personne dans ma famille, en tout cas, l’assura Hubert.
    — Moi, je vous fais entièrement confiance, renchérit Constant, qui avait toujours placé toutes ses économies et ses héritages successifs chez le notaire Letendre depuis son arrivée à Saint-Bernard-Abbé, quatre ans auparavant.
    — Si c’est comme ça, je peux bien vous dire quelque chose, dit l’homme de loi en baissant instinctivement la voix. Au début du mois, je suis allé rencontrer à Victoriaville quelques confrères avec qui j’ai étudié à l’université. Pendant la soirée, l’un d’eux, qui exerce à Montréal, a parlé d’un notaire âgé d’une cinquantaine d’années qui a levé le pied il y a près de deux ans avec tout l’argent que lui avaient confié ses clients depuis des années. Il a disparu du jour au lendemain. Si je me fie au portrait que mon confrère m’en a fait, il me semble que ce notaire-là ressemble pas mal à Eudore Valiquette.
    — Vous pensez que ce pourrait être lui ? demanda Contant.
    — Non, avoua Omer Letendre d’une voix hésitante, mais à la place des gens de Saint-Bernard, je me méfierais… De toute façon, on garde ça entre nous, ajouta-t-il, soudain inquiet d’avoir trop parlé. C’est peut-être juste une coïncidence que le notaire Valiquette soit arrivé dans Saint-Bernard récemment et qu’il ait à peu près le même âge que ce notaire-là.
    — Inquiétez-vous pas, monsieur Letendre, intervint Hubert. On va être muets comme des tombes. De toute façon, nous, les Beauchemin et Constant Aubé, ça nous touche pas : on a toujours fait affaire avec vous et on a toujours été satisfaits de vos services.
    Le petit homme de loi les reconduisit à la porte de son étude en s’informant de leurs projets du jour de l’An pendant qu’ils chaussaient leurs bottes et endossaient leur manteau. On se souhaita une bonne année et le paradis à la fin de ses jours avant de se quitter.

Chapitre 20
Le jour de l’An
    La veille du jour de l’An, le mercure se maintint très bas dans la région, forçant les hommes à renoncer à aller bûcher tant le froid était rigoureux. Chez les Connolly, on se contenta d’occuper la matinée à corder dans la remise les bûches rapportées depuis quelques jours de la terre à bois.
    — Maudit qu’on gèle ! déclara Liam en rentrant dans la maison, suivi de ses deux fils aussi frigorifiés que lui.
    — Il faut pas se plaindre, fit sa femme en lui tendant une tasse de thé bouillant, il y a bien des années où on a eu des tempêtes qui sont venues gâcher notre jour de l’An.
    — Est-ce que mon oncle est déjà parti chez Dionne ?
    — Tu sais bien qu’il ira pas là tant qu’on n’aura pas dîné. Il est monté faire une sieste il y a une heure. Quand il va entendre brasser les chaudrons sur le poêle, tu vas le voir descendre, affamé comme d’habitude.
    Chez les Lafond, Rémi avait permis à son homme engagé d’aller fêter chez ses parents quelques minutes auparavant dès que les coffres à bois des deux cuisines eurent été remplis de bûches. Pendant qu’il procédait au ménage de la cuisine d’été en prévision du souper offert le lendemain soir à sa belle-famille, Emma finissait de faire cuire quatre tartes et des

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