Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
complètement sorti de la tête, avoua Hubert.
    Le jeune homme dut subir le regard mécontent de sa mère et de sa sœur.
    — J’espère que vous avez au moins réglé le problème, dit la religieuse avec une certaine hauteur.
    — De quoi tu parles, Mathilde ? fit la femme de son frère décédé.
    — Je parle des mulots. Il y en avait partout la dernière fois que je suis venue. Ils ont même mangé mon voile.
    — Il y en a peut-être plus qu’avant, si c’est ce que vous voulez dire, ma tante, intervint une Bernadette espiègle. Les mères ont eu le temps d’avoir une ou deux autres portées depuis le temps, mais nous autres, on les voit plus. Venez, je vais vous aider à vous installer en haut.
    — C’est donc de valeur que je puisse pas coucher dans la chambre du bas, fit sœur Marie du Rosaire dans une vaine tentative de s’approprier la chambre des maîtres occupée par Donat et Eugénie. J’ai mal sans bon sens aux jambes depuis un mois.
    — C’est pas possible. Pour moi, t’es à la veille de plus pouvoir voyager pantoute à cause de ton âge, laissa tomber Marie en réprimant mal sa hâte de ne plus la voir débarquer chez elle à tout moment.
    — Ça va être bien triste.
    — Tu feras comme tous les vieux plus capables d’aller où ils veulent, tu te contenteras d’envoyer un mot, répondit sèchement l’hôtesse. Ma fille, suis donc Bernadette, ajouta-t-elle en se tournant vers l’orpheline. Elle va te montrer la chambre.
    La religieuse fit signe à sa jeune compagne de prendre les deux valises demeurées près de la porte et de suivre sa nièce à l’étage. Les deux jeunes femmes montèrent sans dire un mot, mais dès que la porte de la chambre bleue se fut refermée sur elles, la langue de Célina Chapdelaine se délia.
    — Ça me gêne pas mal d’arriver chez vous comme ça, sans être invitée, avoua-t-elle en ouvrant l’une des valises. Votre tante…
    — Ta tante… T’es pas pour me dire « vous » comme si j’étais une vieille sœur, fit en riant l’institutrice. On a à peu près le même âge. Est-ce que t’arrives au moins à placer un mot quand t’es avec ma tante Mathilde ?
    — Pas souvent, reconnut Célina avec un petit rire.
    — Elle a toujours été comme ça, poursuivit Bernadette. Il faut se lever de bonne heure pour la faire taire.
    — J’ai pas compris l’affaire des mulots. Je sais qu’elle en a peur, mais elle m’a dit durant le voyage que c’était effrayant comme il y en avait chez vous.
    — C’est ma faute, dit Bernadette en riant. La dernière fois qu’elle est venue, je lui ai fait croire qu’il y en avait partout. Elle était en train de devenir folle. Elle a fait une vraie crise. Aimes-tu ça te faire commander du matin au soir par elle ? demanda-t-elle à la compagne de sa tante en changeant de sujet de conversation.
    — Pas tellement, admit Célina en souriant.
    Lorsqu’elle souriait, ses joues s’ornaient de deux belles fossettes et ses yeux pétillaient.
    — Si c’est comme ça, t’as juste à te tenir pas trop loin de moi, lui conseilla l’institutrice, moqueuse.
    Quand elles descendirent au rez-de-chaussée, Hubert avait dételé Prince et venait de rentrer dans la maison. Elles arrivèrent au moment où Marie expliquait à sa belle-sœur que le souper du jour de l’An était offert par Emma et Rémi et qu’il serait bon que la maîtresse de maison soit prévenue qu’elle allait devoir compter deux invitées de plus.
    — Comme ça, cette année, t’as pas grand-chose à préparer pour recevoir durant les fêtes ? s’enquit Mathilde.
    — Comme tous les ans, j’ai préparé le souper de Noël.
    — Avoir su, je serais venue te donner un coup de main, dit la religieuse qui, depuis des années, venait se faire recevoir sans jamais apporter aucune aide à sa belle-sœur.
    — Dis-moi pas que t’as appris à cuisiner, fit Marie, sarcastique.
    — Non, mais Célina est pas mal bonne, si je me fie à notre cuisinière, à l’orphelinat.
    — On va l’envoyer avec Bedette chez Emma après le dîner.
    — J’ai parlé à Rémi à matin, intervint Hubert. Il paraît que tout est prêt. Comme Donat a décidé de passer l’après-midi chez Xavier, ce serait peut-être pas une mauvaise idée d’aller faire un peu de raquette sur la rivière si le vent tombe.
    — Et si j’ai besoin de Célina ? demanda la religieuse.
    — Voyons, ma tante, vous faites toujours une sieste après le dîner,

Weitere Kostenlose Bücher