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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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présentes, entassées dans la petite cuisine surchauffée.
    Évidemment, l’atmosphère était autrement plus joyeuse que celle qui avait régné dans la famille au jour de l’An précédent. Avant le repas, plusieurs voisins vinrent saluer les maîtres de la maison et souhaiter une bonne année à toutes les personnes présentes. Le caribou et le vin de cerise circulèrent abondamment pendant que les enfants se gavaient de fondant et de sucre à la crème. Paddy Connolly, qu’Emma avait convié du bout des lèvres pour ne pas peiner son beau-frère Liam, avait d’abord refusé l’invitation. Puis finalement, il s’était présenté chez les Lafond au moment où les hommes quittaient la maison pour aller soigner les animaux.
    Durant l’absence des hommes, les femmes dressèrent le couvert et firent manger les enfants de manière à ce que les adultes puissent s’attabler ensemble et discuter sans être dérangés. Emma avait fait cuire une énorme pièce de bœuf qu’elle servit avec des pommes de terre brunes, et les invités avaient apporté des gâteaux, des beignets et des tartes aux bleuets et au sucre pour le dessert.
    Au cours du repas, il fut beaucoup question de l’emménagement de Hubert dans sa nouvelle maison, voisine de celle de Rémi et Emma, face à l’entrée du pont, et chacun y alla de sa proposition pour l’aider à s’installer la semaine suivante, alors que Tancrède Bélanger et son épouse auraient libéré les lieux depuis quelques jours.
    — À mon avis, il va y avoir un bon ménage à faire avant que tu puisses t’installer là-dedans, dit Marie Beauchemin à son fils. Je veux pas être mauvaise langue, mais Émérentienne était pas trop portée sur le frottage.
    — J’ai pas l’intention de ménager le savon, m’man, affirma Hubert. La première règle que le cousin de Télesphore Dionne m’a apprise, c’est qu’une fromagerie doit être bien propre, sinon le fromage vaudra rien.
    — On va tous aller te donner un coup de main, déclara sa tante Mathilde, à la plus grande surprise de tous.
    Si ces paroles étonnèrent la plupart des personnes présentes, elles firent craindre à ses hôtes qu’elle s’incruste plus tard que la fête des Rois chez les Beauchemin. Mathilde Beauchemin était surtout connue pour commander sur un ton autoritaire sans jamais mettre la main à la pâte, et avoir à la supporter plus d’une semaine encore était nettement au-dessus des forces des habitants de la maison.
    — Ils vont pas vous attendre à l’orphelinat, ma tante ? s’enquit Bernadette.
    — Je vais leur écrire que je dois soigner une parente, répondit la sœur Grise sur un ton désinvolte.
    — Vous nous scandalisez, ma tante, reprit Camille qui avait vu sa mère pâlir à la perspective d’avoir à héberger sa belle-sœur plus longtemps que nécessaire. Vous iriez tout de même pas jusqu’à mentir à votre supérieure !
    — Un pieux mensonge, ma fille… Juste un pieux mensonge.
    Après le repas, tous unirent leurs efforts pour remettre la cuisine en ordre. La table fut repoussée contre un mur et les sièges furent placés autour de la pièce. Rémi sortit son vieil accordéon et Xavier alla chercher son harmonica. Plusieurs adultes se retirèrent en grand secret dans la chambre des parents pour en revenir avec des paquets plus ou moins bien ficelés. Les enfants les plus âgés avaient deviné et s’étaient écriés avec enthousiasme :
    — Des étrennes ! On va avoir des étrennes !
    Alexis eut droit à un petit cheval de bois, comme son cousin Joseph. Pour leur part, Flore et Constance héritèrent d’une belle poupée en chiffon. Puis Camille et Liam remirent à Ann et à Rose une robe de nuit neuve, alors que Patrick et Duncan recevaient une tuque et des moufles neuves. Marie fut probablement celle qui eut le plus de succès avec ses étrennes puisqu’elle avait cuisiné pour chacun des enfants un gros bonhomme en pain d’épices que les enfants se mirent à grignoter, même s’ils disaient ne plus avoir faim.
    Si certains adultes s’étaient offert des cadeaux, ils l’avaient fait discrètement durant la journée avant d’arriver chez les Lafond. Toutefois, cela n’avait pas empêché plusieurs femmes de remarquer que Bernadette étrennait une magnifique paire de gants de cuir brun, cadeau de Constant, et Eugénie, des bottines à la dernière mode, surprise de Donat.
    Ensuite, Rémi et Xavier se mirent à jouer des airs

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