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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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entraînants qui incitèrent les enfants à faire des rondes au centre de la pièce. Finalement, on se mit à chanter avec entrain des chansons folkloriques qui rappelèrent des souvenirs aux aînés. Plus tard dans la soirée, on décida de danser des sets carrés et Hubert se retrouva tout naturellement le partenaire de Célina avec qui il semblait particulièrement à l’aise.
    Plusieurs membres de la famille avaient observé, non sans un certain amusement, que sœur Marie du Rosaire parvenait à neutraliser l’insupportable et prétentieux retraité qu’était Paddy Connolly, parce qu’elle le noyait sous un flot de paroles aussitôt qu’il faisait mine de vouloir pérorer. À un certain moment, la religieuse alla jusqu’à lui dire de sa voix de stentor habituelle que toutes les personnes présentes dans la pièce purent entendre :
    — Je suppose que vous avez profité de ce jour de l’An pour donner de belles étrennes aux enfants de Camille et Liam ?
    — Pourquoi donc ? demanda-t-il à la sœur Grise. Ces enfants-là ont des parents, non ?
    — Ce sont vos petits-neveux, répondit-elle, indignée. Comme c’est votre seule famille, j’étais certaine que vous les aviez gâtés.
    — Ma sœur, j’ai jamais cru aux cadeaux, affirma-t-il en tirant un cigare de la poche de poitrine de sa redingote. Je trouve que c’est une ben mauvaise habitude de donner aux gens des affaires qu’ils ont pas payées.
    — Une chance que tout le monde pense pas comme vous, déclara Mathilde Beauchemin, la bouche pincée.
    — Et vous, ma sœur, en avez-vous donné des étrennes aujourd’hui ?
    — Vous saurez, monsieur Connolly, qu’une religieuse fait vœu de pauvreté en entrant en communauté et qu’elle possède rien.
    — Ben, moi, je suis un vieux garçon. Je vais laisser tout ce que j’ai à Liam, mon seul parent vivant, pas à une communauté déjà riche, conclut-il en se gourmant.
    Un peu avant minuit, fatigués par une si longue journée, tous les invités décidèrent de rentrer. Les hommes allèrent atteler leur cheval. On dut réveiller les enfants qui avaient succombé au sommeil et les inciter à endosser leur manteau et à chausser leurs bottes. Avant de quitter la maison, on remercia avec effusion Rémi et Emma d’avoir offert une si belle fête. On s’embrassa en se promettant de se reposer le lendemain.
     
     

Chapitre 21
Un mois de janvier mouvementé
    Deux jours après le Nouvel An, il y eut un redoux surprenant alors que le mercure flirtait avec le point de congélation, ce qui incita les hommes de la région à retourner bûcher, persuadés qu’une température aussi clémente ne durerait pas. Les enfants profitaient de leurs derniers jours de vacances et l’heure était au ménage de la maison.
    Ce matin-là, Marie Beauchemin se leva en « traînant de la patte », comme elle disait parfois. Elle avait le souffle court et une douleur lancinante traversait parfois sa poitrine. À la fin du déjeuner, après le départ de Donat et de Hubert pour le bois, elle annonça à sa bru et à Bernadette qu’elle retournait se coucher et qu’elle ferait cuire son pain le lendemain, ce qui était vraiment inhabituel.
    — Il faut pas que tu te laisses aller à la paresse, la sermonna sœur Marie du Rosaire, confortablement assise dans la chaise berçante installée près du poêle.
    Depuis son arrivée, la religieuse avait été moins avare en conseils de toutes sortes qu’en aide.
    — Si vous le permettez, madame Beauchemin, je peux faire cuire, lui proposa spontanément Célina qui venait de ceindre un tablier pour essuyer la vaisselle du déjeuner qu’Eugénie venait de laver.
    — T’es bien fine, répondit la maîtresse de maison avant de se mettre à monter péniblement l’escalier qui conduisait aux chambres.
    — Elle doit vraiment pas se sentir bien pour retourner se coucher, déclara Bernadette.
    — Célina ira la voir tout à l’heure, fit sa tante Mathilde de sa voix autoritaire. Ça lui arrive souvent d’aller soigner les enfants à l’infirmerie de l’orphelinat.
    Pendant ce temps, l’atmosphère était plutôt à l’orage chez les Connolly, alors que Liam semblait vouloir revenir sur sa promesse de permettre à sa fille Ann de fréquenter l’école à la reprise des classes le lendemain de la fête des Rois.
    — Il avait été entendu qu’elle pourrait retourner à l’école après les fêtes, lui rappela Camille, les mains plantées sur les

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