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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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fille.
    — Hubert pourrait bien t’accompagner, suggéra Marie en adressant un regard appuyé à son fils. Moi, ça me dérange pas pantoute de m’occuper d’Alexis une couple d’heures.
    Hubert s’empressa d’accepter, ce qui fit sourire Bernadette, qui avait vu clair dans la manœuvre de sa mère.
    Ce soir-là, les gens de la paroisse s’en donnèrent à cœur joie chez le propriétaire du moulin à bois sous l’œil débonnaire du curé Fleurant qui avait accepté sans la moindre hésitation l’invitation de son marguillier. Dès le début de la soirée, Donat, Eugénie, Xavier, Catherine, Camille, Liam, Bernadette et Constant se joignirent à Célina et Hubert pour participer à la fête. Tous vinrent frapper à la porte de Hyland, comme l’avaient déjà fait une trentaine d’habitants de la paroisse avec l’intention de chanter et de danser jusqu’à minuit.
    Hubert remarqua qu’Angélique Dionne était accompagnée pour l’occasion par Ulric Laforce, un jeune cultivateur de Sainte-Monique, mais cela ne lui fit ni chaud ni froid. Il ne manquait qu’Emma et Rémi qui avaient préféré demeurer à la maison parce que Marthe avait une mauvaise toux.
    Le violoneux et l’harmoniciste jouaient des airs entraînants et les sets carrés succédaient aux « pull John » pour plaire aux nombreux Irlandais présents.
    Un peu avant minuit, le curé Fleurant se leva pour signifier qu’il était temps de mettre fin à la fête. Avant de partir, il invita toutes les personnes présentes à l’imposition des Cendres qui aurait lieu à la chapelle le lendemain soir.
    Au moment de quitter Célina, Hubert parvint à vaincre sa timidité et lui demanda si elle lui permettrait de la fréquenter.
    — J’aimerais bien ça, répondit-elle, rougissante, mais il va falloir demander la permission à ta mère parce que c’est elle qui est responsable de moi jusqu’à ce que j’aie vingt et un ans.
    — Je pense qu’elle va vouloir, rétorqua-t-il, presque assuré de la réponse de sa mère.

    Le lendemain, l’atmosphère avait sensiblement changé. L’heure était à la prise des résolutions qu’il allait falloir tenir pendant les quarante prochains jours.
    Après avoir assisté à la cérémonie de l’imposition des Cendres, chacun rentra chez soi. Chez Camille, celle-ci ne se préoccupa pas de Paddy Connolly, mais elle vit à ce que chaque membre de la famille fasse une promesse qu’il serait en mesure de tenir.
    — Et toi, Liam, qu’est-ce que tu promets ? demanda- t-elle à son mari dont le visage renfrogné disait assez son manque d’enthousiasme.
    — Moi, quoi ? laissa-t-il tomber.
    — Qu’est-ce que tu promets ?
    Il se rendait bien compte que ses enfants venaient subitement de se taire et attendaient sa réponse.
    — De pas fumer, finit-il par dire.
    — J’aimerais autant pas, déclara-t-elle sans ambages. La dernière fois que t’as fait cette promesse-là, t’étais pas endurable du carême.
    — Dis donc, c’est toi ou moi qui promets ? fit-il en élevant la voix.
    — Toi, affirma sa femme avec un mince sourire. Mais c’est trop dur pour toi de te priver aussi longtemps de tabac, et t’entendre téter ta pipe vide durant quarante jours me tente pas. Qu’est-ce que tu dirais de pas sacrer durant tout le carême ?
    Liam jeta un coup d’œil à son oncle qui haussa les épaules avec l’air de le plaindre de se laisser mener par le bout du nez par sa femme. L’espace de quelques instants, on sentit que le maître de la maison eut la tentation de dire à sa femme de se mêler de ses affaires, mais la vue de ses enfants, en train de guetter sa réaction, le ramena à de meilleurs sentiments. Depuis quelques mois, une agréable entente régnait entre sa Camille et lui. Par conséquent, la vie à la maison était devenue franchement agréable… et ce n’était pas uniquement dû à la naissance de Damian.
    — Ouais ! Pourquoi pas ? finit-il par laisser tomber.
    — Chaque fois que tu t’échapperas, tu pourrais dire un chapelet, suggéra sournoisement sa femme avec un petit sourire.
    — Calvaire ! Quand tu parles comme ça, tu me fais penser à ta mère, ne put-il s’empêcher de s’écrier.
    — Disons que ce sacre-là compte pas, fit-elle en riant…

    Le mardi matin suivant, Donat se leva à l’aube et descendit au rez-de-chaussée. Il trouva la cuisine glaciale et s’empressa de jeter une bûche sur les derniers tisons qui se consumaient dans le

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