Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
passant, j’ai vu que l’arbre tombé sur la remise de monsieur le curé a été débité, fit remarquer Xavier. On dirait même que la couverture de sa remise est correcte.
    — J’en ai entendu parler au magasin général, déclara Constant. Il paraît que notre pauvre curé a eu ben de la misère à trouver du monde pour faire la besogne.
    Donat se garda bien de commenter.
    — Il paraît qu’il a d’abord demandé au père Moreau de s’occuper de ça. Le bedeau a refusé en disant qu’il était ben trop vieux pour faire cet ouvrage-là. Son garçon a refusé, lui aussi, en prétextant qu’il avait pas le temps. Finalement, c’est Tancrède Bélanger et son employé qui s’en sont occupés.
    — Tancrède Bélanger ! s’exclama Rémi. C’est pourtant pas son genre de faire quelque chose pour rien.
    — C’est justement là où c’est drôle, reprit le meunier. Il a dit au curé qu’il débiterait l’arbre à condition de garder le bois pour lui.
    — Puis ? fit Liam, intéressé.
    — Ben, Bélanger et son homme ont débité l’arbre. C’était un sacrifice de gros érable. Quand monsieur le curé s’est rendu compte qu’il y avait trois bons voyages de charrette de bois, il paraît qu’il a commencé à se lamenter et à vouloir revenir sur l’entente. Mais vous connaissez Bélanger. Il a rien voulu savoir et notre curé était en beau maudit.
    — J’ai l’impression qu’on n’a pas fini d’en entendre parler au conseil, déclara Donat avec un sourire en coin. Il s’était mis dans la tête que les marguilliers lâchent tout le lendemain de l’orage pour s’occuper de son arbre.
    — En tout cas, il devrait s’estimer chanceux, conclut Xavier. La couverture de la remise a pas souffert.
    Au moment de partir, Donat demanda à Constant s’il était intéressé par les peaux de sa vache et de son veau qu’il avait mises à sécher dans sa grange.
    — C’est certain, j’ai jamais trop de cuir.
    — Bon, je vais t’apporter ça cette semaine.
    Constant eut subitement l’air un peu emprunté avant de lui dire, un ton plus bas :
    — J’ai appris pour la mort de ton petit. C’est bien triste une affaire comme ça, ajouta-t-il. J’espère que ta femme va s’en remettre.
    — Elle est au lit pour quelques jours encore, mais ça va déjà mieux.
    — J’y pense, fit le meunier, ça te tenterait pas de lui faire faire une belle paire de bottines ? Avec du cuir de veau, elles vont être dépareillées. Ça, ça pourrait lui remonter le moral.
    — C’est correct. Fais-en une paire.
    — T’as juste à m’apporter sa paire de souliers, pour la taille de ses pieds, conclut Constant.
    Donat se garda bien de parler de ce cadeau à qui que ce soit à la maison. Son intention était de l’offrir à sa femme à titre de présent du jour de l’An.
     
     
     

Chapitre 10
Des gens de caractère
    Le dimanche matin, quelques minutes avant la grand-messe, Josaphat Désilets fit venir ses marguilliers dans la sacristie où il les accueillit avec un visage sévère.
    — Messieurs, j’ai pas de félicitations à vous faire sur votre façon de prendre soin de votre curé, leur dit-il abruptement.
    — Est-ce qu’on peut savoir pourquoi vous nous dites ça, monsieur le curé ? lui demanda le notaire Valiquette, le corps bien droit pour ne pas perdre un pouce de sa petite taille.
    — Un arbre est tombé sur ma remise cette semaine et aucun de mes marguilliers est venu s’en occuper, expliqua le prêtre en jetant un regard lourd de reproche à Donat.
    — C’est peut-être parce qu’on avait tous des choses plus urgentes, lui fit remarquer le président de la fabrique.
    — Ça, c’est juste un exemple, poursuivit Josaphat Désilets, l’air mauvais. Mes souliers sont usés jusqu’à la corde. Les semelles sont finies. Qui va se charger de m’en faire faire des neufs ?
    — Vous, monsieur le curé, répondit Donat. Vous avez juste à aller voir le meunier. Il va vous faire des bons souliers pour pas cher.
    — C’est moi qui dois m’occuper de ça ? fit le curé Désilets, apparemment surpris.
    — C’est normal, c’est votre entretien, conclut Samuel Ellis, agacé.
    — J’ai tout un conseil, conclut le prêtre. Bon, vous allez me laisser, je dois me préparer pour la messe.
    À la fin de la grand-messe, Catherine invita toute la famille à venir manger un morceau du gâteau d’anniversaire de Xavier qui célébrait ce jour-là ses vingt-trois ans.

Weitere Kostenlose Bücher