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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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jeunes pour la seconder et voyant à ce que chacun ait son ardoise, son chiffon et ses craies, avant de donner son premier cours de catéchisme. La jeune institutrice ne fut dérangée qu’un peu avant onze heures par une voiture qui vint s’immobiliser près de l’école. Debout devant l’une des deux fenêtres qui donnaient sur la route, elle en vit descendre un vieux monsieur tout habillé de noir qui prit la peine de s’épousseter avant de venir frapper à la porte que Duncan Connolly lui ouvrit sur un signe de son enseignante.
    Bernadette s’avança vers lui, le regard interrogateur.
    — Oui, monsieur ?
    — Charlemagne Ménard, inspecteur des écoles, mademoiselle.
    Bernadette ne put réprimer un sursaut. Où était passé le bel Amédée Durand qu’elle espérait encore, contre toute attente, séduire ?
    — Bonjour, monsieur. Si vous voulez entrer, l’invita- t-elle en faisant signe aux enfants de se lever poliment pour accueillir le visiteur.
    L’inspecteur retira son chapeau melon encore un peu poussiéreux, salua les enfants et les pria de s’asseoir. Il se dirigea tout de suite vers la petite estrade sur laquelle était posé le pupitre de l’institutrice et il fit un court laïus aux enfants sur l’importance de bien étudier et de bien obéir à leur maîtresse. Ensuite, il leur donna congé jusqu’à une heure et leur permit d’aller dîner. Debout au fond de sa classe, Bernadette n’avait rien dit et elle attendit que la porte du local se referme derrière son dernier élève pour s’avancer vers son visiteur qui venait de s’asseoir sans façon à sa place.
    — J’ai lu votre dossier, mademoiselle Beauchemin, lui annonça-t-il d’une voix neutre. Il est bon et, mis à part quelques réticences exprimées par le curé de votre paroisse sur votre façon d’enseigner le catéchisme, tout est correct. Mon prédécesseur vous a très bien notée. Il faut dire que vous avez maintenant passablement d’expérience…
    — Merci, monsieur.
    — Normalement, je ne passe pas si tôt dans les écoles, mais j’ai fait une exception ce matin pour Saint-Bernard parce qu’une nouvelle maîtresse commence dans le rang Saint-Paul. Ça mérite toute mon attention dès le début de l’année.
    Bernadette hocha la tête.
    — Je me suis surtout arrêté vous voir pour vous demander d’aider votre collègue de toute votre expérience quand le besoin s’en fera sentir. Est-ce que ce n’est pas trop vous demander ?
    — Ça va me faire plaisir de l’aider quand elle me le demandera, mentit Bernadette.
    — Bon, c’est tout pour aujourd’hui, fit le vieil homme en se levant, le chapeau à la main. Je repasserai sans doute le mois prochain.
    — J’espère qu’il est pas arrivé un accident à monsieur Durand ? finit-elle par demander en rassemblant tout son courage.
    — N’ayez crainte, il est en pleine santé, répondit Charlemagne Ménard sans la moindre hésitation. Il s’est marié il y a deux semaines et il s’occupe maintenant d’écoles de Trois-Rivières.
    Le cœur lourd, la jeune femme le reconduisit jusqu’à sa voiture et le regarda partir avec des sentiments mélangés. Son Amédée auquel elle avait tant rêvé le printemps précédent était maintenant marié… Et elle, elle avait quitté Constant Aubé pour l’attirer dans son salon. Elle avait soudain conscience d’avoir laissé tomber la proie pour l’ombre et cela l’enragea brusquement.
    — Tu parles d’un bel hypocrite, dit-elle à mi-voix en songeant à l’ancien inspecteur avant de refermer la porte de son école.
    Au même moment, elle crut voir passer le meunier dans son boghei se dirigeant vers la côte du rang Sainte-Ursule.
    — La prochaine fois que je le vois, il va me parler, lui. Je vais lui demander de me faire des bottines à la mode et je vais le payer avec mes gages. Après tout, je suis pas plus folle que Catherine, Angélique, Laurence et Eugénie.

    Constant Aubé monta en boitillant l’escalier conduisant à la porte du presbytère et il frappa. Bérengère Mousseau, l’air rébarbatif, vint lui ouvrir. La grande femme à la mine sévère détestait être dérangée dans la préparation d’un repas et elle ne le cacha nullement à l’importun.
    — Bonjour, madame. J’apporte à monsieur le curé ses souliers neufs, lui annonça le cordonnier sans tenir compte de la mauvaise humeur apparente de la ménagère.
    — T’aurais pu venir plus tôt ou plus tard, mon

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