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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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annonçait brièvement la conclusion d’un accord. C’était là le tournant le plus sensationnel que l’on pût imaginer : un télégramme réunissant en amis, sur une feuille de papier, les noms de Staline et de Hitler. Le film qu’on nous projeta ensuite montrait l’Armée rouge défilant devant Staline. A la vue de cet énorme déploiement de troupes, Hitler exprima sa satisfaction d’avoir maintenant neutralisé cette puissance militaire et se tourna ensuite vers ses aides de camp dans l’intention évidente de discuter avec eux de la valeur qu’il fallait accorder à ce déploiement d’armes et de troupes. Les dames continuaient à être tenues à l’écart, mais bien entendu nous leur apprîmes la nouvelle, que la radio pour sa part diffusa peu après.
    Lorsque, au soir du 21 août, Goebbels eut commenté la nouvelle au cours d’une conférence de presse, Hitler le fit appeler au téléphone. Il voulait savoir comment les représentants de la presse étrangère avaient réagi. Les yeux brillants et enfiévrés il nous fit part de ce qu’il avait appris : « La nouvelle a fait sensation. Et lorsque au même moment les cloches se sont mises à sonner, un journaliste anglais a déclaré, résigné : « Elles sonnent le glas de l’Empire britannique. » C’est cette remarque qui fit sur Hitler, en pleine euphorie ce soir-là, de loin la plus forte impression. Maintenant, pensait-il, il était arrivé assez haut pour que les coups du destin ne puissent plus l’atteindre.
    Cette nuit-là, dehors avec Hitler sur la terrasse du Berghof, nous assistâmes émerveillés à un étrange phénomène naturel. Pendant plus d’une heure une aurore boréale extrêmement vive 1 inonda de lumière rouge l’Untersberg, ce mont entouré de légendes que nous avions en face de nous, tandis que le firmament prenait les couleurs de l’arc-en-ciel. On n’aurait pu rêver mise en scène plus impressionnante pour le dernier acte du Crépuscule des dieux . Cette lumière donnait aux mains et aux visages de chacun d’entre nous une teinte irréelle. Ce spectacle nous rendit tous songeurs. S’adressant à l’un de ses aides de camp, Hitler dit tout à coup : « Cela laisse présager beaucoup de sang. Cette fois, cela ne se passera pas sans violence 2  . »
    Depuis des semaines déjà, Hitler avait manifestement reporté tout son intérêt sur les problèmes militaires. Au cours d’entretiens qui duraient souvent plusieurs heures avec l’un ou l’autre de ses quatre aides de camp, le colonel Rudolf Schmund pour le commandement de la Wehrmacht, le capitaine Gerhard Engel pour l’armée de terre, le capitaine Nikolaus von Below pour l’armée de l’air et le capitaine de vaisseau Karl Jesko von Puttkamer pour la marine, Hitler essayait de voir clair dans ses plans. De toute apparence ces officiers, jeunes et candides, lui plaisaient particulièrement, d’autant plus qu’il cherchait toujours une approbation, plus facile à trouver auprès d’eux que dans le milieu des généraux compétents mais sceptiques.
    Pourtant, dans les jours qui suivirent la proclamation du pacte germano-soviétique, la relève fut assurée par les sommités politiques et militaires du Reich, parmi lesquelles Göring, Goebbels, Keitel et Ribbentrop. Goebbels surtout semblait ouvertement préoccupé du danger de guerre qui se dessinait. A notre grande surprise, lui qui avait l’habitude de pratiquer une propagande jusqu’au-boutiste, estimant que c’était là courir un très grand risque, tenta de convaincre l’entourage de Hitler d’adopter une ligne pacifique et manifesta la plus grande irritation à l’encontre de Ribbentrop, qu’il considérait comme le principal représentant du parti de la guerre. Dans l’entourage privé de Hitler, nous les tenions, lui et Göring, lui aussi partisan du maintien de la paix, pourdes êtres faibles, dégénérés par leur vie facile d’hommes au pouvoir, ne voulant pas mettre en jeu les privilèges acquis.
    Bien que ces journées aient vu s’évanouir sur un coup de poker les chances que j’avais de jamais réaliser l’œuvre de ma vie, j’étais persuadé que la solution des questions d’intérêt national devait avoir le pas sur les intérêts personnels. La confiance en soi dont Hitler fit preuve en ces journées dissipa mes doutes. Il m’apparaissait alors comme un héros des légendes antiques qui, sans la moindre hésitation, conscient de sa force, se lançait dans les

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