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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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affaire. Churchill déclara à cette époque que l’équipée de Hess prouvait qu’un ver rongeait la « pomme impériale »  46 . Il ne pouvait soupçonner à quel point ce terme s’appliquait littéralement au successeur de Hess.
    Dans l’entourage de Hitler on ne fit désormais presque plus mention de Hess. Seul Bormann continua longtemps encore à s’occuper de lui. Il fouilla avec acharnement dans la vie de son prédécesseur et persécuta sa femme. Eva Braun s’entremit pour elle auprès de Hitler, sans succès toutefois, et l’aida par la suite à l’insu du Führer. Quelques semaines plus tard, j’appris par mon médecin, le professeur Chaoul, que le père de Hess était à l’agonie, je lui fis envoyer des fleurs, sans toutefois me faire connaître.
    J’ai alors pensé que c’était l’ambition de Bormann qui avait poussé Hess à entreprendre cette démarche désespérée. Hess, qui lui aussi était ambitieux, voyait son influence sur Hitler diminuer sensiblement. Ainsi vers 1940, après un entretien de plusieurs heures avec Hess, Hitler me confia : « Quand je parle avec Göring, c’est pour moi comme un bain d’acier ; après, je me sens frais et dispos. Le Reichsmarschall a une façon captivante de présenter les choses. Avec Hess, tout entretien devient une épreuve insupportable. Il vous importune sans cesse avec des choses désagréables et ne lâche pas prise. » Sans doute Hess, après tant d’années passées dans l’ombre, essaya-t-il, en se rendant en Angleterre, de faire sensation et de remporter un succès personnel ; car il n’avait pas les qualités nécessaires pour s’affirmer au milieu de ces intrigues et ces luttes pour le pouvoir. Il étaittrop sensible, trop franc et trop instable, donnant souvent raison à toutes les parties, dans l’ordre où elles se présentaient. Il était le type même de ces hauts dirigeants du parti, de loin les plus nombreux, qui avaient de la peine à garder le contact avec la réalité.
    Hitler imputa la responsabilité de cette entreprise à l’influence néfaste du professeur Haushofer. Vingt-cinq ans plus tard, à la prison de Spandau, Hess m’assura avec le plus grand sérieux que cette idée lui avait été inspirée en rêve par des puissances surnaturelles. Il n’avait pas voulu s’opposer à Hitler ou le mettre dans l’embarras, me dit-il : « Nous garantissons à l’Angleterre son Empire et, en échange, elle nous laisse les mains libres en Europe », tel était le message qu’il avait apporté à l’Angleterre, sans toutefois pouvoir le délivrer. C’était aussi une expression fréquemment employée par Hitler, avant la guerre et parfois même pendant la guerre.
    Si je ne me trompe, Hitler ne s’est jamais remis de la « félonie » de son adjoint. Quelque temps après l’attentat du 20 juillet 1944, alors qu’il était en train de faire de la situation une analyse délirante, il mentionna même qu’une des conditions qu’il posait pour faire la paix était l’extradition du « traître » qui devait, disait-il, être pendu. Lorsque plus tard je rapportai cela à Hess, il me dit : « Il se serait réconcilié avec moi, cela ne fait pas de doute ! Et ne croyez-vous pas qu’en 1945, lorsque tout approchait de la fin, il a parfois pensé : C’est bien Hess qui avait raison ? »
     
    Hitler n’exigea pas seulement qu’en pleine guerre les constructions de Berlin soient poussées à fond ; il augmenta aussi, sous l’influence de ses Gauleiter, et de façon inflationniste, le nombre des villes devant faire l’objet d’un réaménagement architectural ; au début il n’y avait que Berlin, Nuremberg, Munich et Linz, par la suite il avait, par décrets personnels, déclaré « villes à réaménager » vingt-sept autres villes, parmi lesquelles Hanovre, Augsbourg, Brème et Weimar 2  . Il ne consulta jamais ni moi ni personne d’autre pour juger de l’opportunité de telles décisions ; je recevais tout bonnement une copie du décret que Hitler avait pris, lorsqu’il avait eu un entretien à ce sujet. Comme je l’écrivis à Bormann le 26 novembre 1940, le coût de tous ces travaux aurait atteint, d’après mes estimations, compte tenu notamment des projets du parti dans les villes à réaménager, 22 à 25 milliards de marks.
    A mon avis tous ces projets risquaient de m’empêcher de tenir mes délais. Tout d’abord je tentai d’obtenir que, par un décret de Hitler, tous les

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