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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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projets d’urbanisme du Reich passent dans le domaine de ma compétence ; Bormann ayant fait échouer ce dessein, je déclarai à Hitler le 17 janvier 1941 – après une longue maladie qui m’avait donné le temps de réfléchir à maint problème – qu’il était préférable que je me consacre désormais aux seuls chantiers dont j’avais la charge à Nuremberg et à Berlin. Hitler fut tout de suite d’accord : « Vous avez raison ; il serait dommage que vous vous laissiez absorber par des affaires d’ordre général. S’il le faut, vous pouvez déclarer en mon nom que le Führer souhaite qu’on vous laisse en dehors de ça, afin que vous puissiez avant tout vous consacrer à vos véritables tâches artistiques 3  . »
    Je fis un large usage de ces pleins pouvoirs et, dès les jours suivants, je démissionnai de toutes mes fonctions dans le parti. Pour autant que j’apprécie correctement l’ensemble des motifs qui m’y poussèrent, ce geste était peut-être aussi dirigé contre Bormann qui, dès le début, avait adopté envers moi une attitude hostile ; bien entendu je savais que je ne courais aucun risque, Hitler m’ayant à plusieurs reprises qualifié d’irremplaçable.
    Dans ce combat avec Bormann il m’arrivait de me découvrir. Il avait alors la satisfaction de pouvoir, depuis le quartier général, m’adresser un blâme sévère comme par exemple la fois où je conclus avec les directions des Églises protestantes et catholiques un accord prévoyant la construction d’églises dans nos nouveaux quartiers de Berlin 4   ; il me rappela alors sèchement que les églises n’avaient pas à obtenir de terrain à bâtir.
     
    Le 25 juin 1940, Hitler avait, par son décret visant à « sauvegarder la victoire », ordonné la reprise immédiate des chantiers de Berlin et de Nuremberg ; quelques jours plus tard je fis savoir au D r  Lammers, ministre du Reich, que je n’avais pas « l’intention de me fonder sur ce décret du Führer pour réouvrir pendant la guerre les chantiers du réaménagement architectural de Berlin ». Mais Hitler déclara qu’il n’était pas d’accord avec cette interprétation de son décret et ordonna la poursuite des travaux, bien que dans ce cas il allât contre le sentiment de l’opinion publique. Sous la pression de Hitler, il fut décidé que, malgré la guerre, les constructions de Berlin et de Nuremberg devraient être terminées aux dates fixées précédemment, c’est-à-dire au plus tard en 1950. Sur sa demande pressante, je fixai un « Programme urgent du Führer », et Göring m’attribua alors – vers la mi-avril 1941 – la quantité de fer nécessaire à la réalisation de ce programme, soit 84 000 tonnes par an. Pour abuser l’opinion publique, on intitula ce programme « Programme de guerre concernant les voies fluviales et les Chemins de fer de Berlin ». Le 18 avril, je m’entendis avec Hitler sur les délais prévus pour le grand Dôme, le haut commandement de la Wehrmacht, la Chancellerie du Reich et le palais du Führer, bref pour les édifices entourant la « place Adolf-Hitler » et constituant le centre architectural de son pouvoir, dont la construction lui importait toujours au plus haut point, malgré la guerre. En même temps fut fondée pour l’édification de ces bâtiments une association réunissant sept des firmes de construction allemandes les plus puissantes.
    Malgré l’imminence de la campagne contre l’Union soviétique, Hitler continua, avec cette obstination qui lui était propre, à faire du choix des tableaux destinés à la Galerie de Linz une affaire personnelle. Il dépêcha dans les pays occupés ses acheteurs chargés d’y prospecter le marché des tableaux, déclenchant bientôt entre ses émissaires et ceux de Göring une guerre des tableaux qui ne tarda pas à s’envenimer, jusqu’à ce que Hitler rappelât le Reichsmarschall à l’ordre, en spécifiant une fois pour toutes qu’il avait priorité même pour les achats de tableaux.
    En 1941, parvinrent à l’Obersalzberg de grands catalogues reliés de cuir brun contenant des photos de centaines de tableaux que Hitler répartissait lui-même entre ses galeries préférées de Linz et des villes de l’Allemagne orientale comme Königsberg, Breslau, etc. Au procès de Nuremberg, j’ai revu ces volumes bruns produits comme pièces à conviction par l’accusation ; la plupart des tableaux avaient été prélevés en France par

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