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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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du tribunal militaire, que présidait, vu l’importance de l’affaire, un général d’aviation, se terminait par cette étrange conclusion : « On n’a découvert aucun indice particulier permettant de conclure à un sabotage. Il est inutile de poursuivre les recherches  5  . » Au demeurant, le D r  Todt avait, quelque temps avant sa mort, déposé dans son coffre-fort une assez forte somme, destinée à sa secrétaire personnelle, depuis longtemps à son service. Pour le cas où quelque chose lui arriverait, avait-il dit.
     
    Choisir d’une manière aussi impulsive le titulaire de l’un des trois ou quatre ministères dont dépendait l’existence de son État comportait pour Hitler une grosse part de risque et d’inconséquence. Pour l’armée, pour le parti, pour les milieux de l’économie, j’étais en effet le type même du profane. Jamais de ma vie je ne m’étais occupé d’armements, car je n’avais jamais été soldat et je ne m’étais jamais servi d’un fusil, même pas d’un fusil de chasse. Mais Hitler, conformément à sa propre tendance au dilettantisme, choisissait de préférence ses collaborateurs parmi des non-spécialistes. Après tout, il avait déjà, par exemple, fait d’un négociant en vins son ministre des Affaires étrangères ; il avait nommé le philosophe de son parti ministre des territoires occupés de l’Est, et mis un ancien pilote de guerre à la tête de toute l’économie nationale ; aujourd’hui c’était un architecte qu’il choisissait pour être ministre de l’Armement. Ce qui est sûr, c’est que Hitler préférait placer des profanes aux postes de commande ; toute sa vie il s’est défié des spécialistes, tels que Schacht par exemple.
    Dans mon arrivée inopinée au quartier général, la veille de la mort de Todt, et dans ma décision de ne pas partir avec lui en avion, de sorte que pour la seconde fois ma carrière se trouvait infléchie par la mort d’un autre homme (la première fois ce fut après la mort du professeur Troost), Hitler vit les signes absolument patents d’une intervention de la Providence. Après mes premiers succès de ministre, il souligna plus d’une fois que l’accident de Todt avait été un mal nécessaire, pour que la production d’armements connût des résultats supérieurs.
    Todt n’était pas un collaborateur facile à manœuvrer ; en moi Hitler avait au contraire trouvé un instrument plus docile de ses volontés, du moins au début ; à cet égard ma nomination était conforme au principe de la sélection négative qui régissait le choix de l’entourage de Hitler. En effet, comme il éliminait tout opposant en choisissant quelqu’un de plus maniable, et comme le processus durait depuis longtemps, il était maintenant entouré d’hommes qui approuvaient ses idées avec une soumission toujours plus grande et les mettaient en pratique sans faire d’objections.
    Si les historiens manifestent aujourd’hui quelque intérêt pour mon action de ministre de l’Armement, ils inclinent à considérer mes projets architecturaux pour Berlin et Nuremberg comme des travaux de second ordre. Pour moi, en revanche, mon activité d’architecte ne cessa jamais d’être la grande tâche de ma vie. Mes nouvelles fonctions n’étaient dans mon esprit qu’une interruption qui ne devait pas excéder la durée de la guerre, c’était ma façon de faire la guerre, en quelque sorte. Je voyais là l’occasion d’acquérir une renommée et un prestige qui auréoleraient l’architecte de Hitler et non pas le ministre, dont le rôle, si important fût-il, serait nécessairement éclipsé par la gloire qui entourait Hitler. Je sollicitai donc très tôt de lui qu’il s’engage à me rendre à mes fonctions d’architecte dès que la guerre serait terminée  6  . Dans mon esprit cette disposition était indispensable, ce qui montre combien on se sentait soumis à la volonté de Hitler, même dans ses choix les plus personnels. Hitler me donna son accord sans hésiter ; il pensait lui aussi que, dans mon rôle de premier architecte, je rendrais au Reich et à lui-même d’éminents services. En de telles occasions, quand il parlait de ses projets d’avenir, il déclarait parfois avec nostalgie : « Ce jour-là nous partirons tous les deux pendant quelques mois et nous reverrons tous les projets de constructions. » Mais ces réflexions allaient bientôt devenir extrêmement rares.
    La première

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