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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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invitation.
    Quelques jours après, j’étais de retour au quartier général du Führer. Chaque jour, Zeitzler nous communiquait le message de la VI e armée concernant les tonnes de vivres et de munitions qu’elle recevait par avion : une partie seulement des quantités promises arrivait. Certes Hitler ne cessait de demander à Göring des explications, mais celui-ci restait évasif : le temps était mauvais, le brouillard, les pluies glacées et les tempêtes de neige avaient empêché jusqu’à présent de fournir l’effort prévu. Dès que le temps changerait, le tonnage promis serait livré.
    Il fallut donc diminuer encore les rations de nourriture de nos soldats. Au mess de l’état-major, Zeitzler se faisait servir avec ostentation des rations identiques et se mit à maigrir visiblement. Au bout de quelques jours, Hitler lui déclara que le chef d’état-major n’avait pas à gaspiller ainsi son influx nerveux en se livrant à de telles manifestations de solidarité et que cela lui paraissait hors de propos ; il lui ordonna de recommencer immédiatement à se nourrir normalement. Néanmoins, Hitler interdit pendant quelques semaines de servir du Champagne et du cognac. L’atmosphère devint de plus en plus oppressante, les visages étaient figés comme des masques, nous restions ensemble sans rien dire. Personne n’avait envie de parler d’une armée qui, victorieuse quelques mois avant, agonisait maintenant peu à peu.
    Hitler continuait d’espérer, même lorsque je passai de nouveau quelques jours au quartier général, du 2 au 7 janvier. La contre-attaque qu’il avait ordonnée, destinée à rompre l’encerclement et à approvisionner nos troupes moribondes, avait échoué depuis déjà deux semaines. Un mince espoir subsistait, si l’on décidait d’abandonner le réduit.
    Dans le vestibule de la salle de conférences je vis, l’un de ces jours-là, Zeitzler harceler Keitel et le supplier, au sens propre du terme, de le soutenir au moins ce jour-là auprès de Hitler, pour qu’il donne l’ordre de repli. C’était la dernière chance d’éviter une catastrophe épouvantable. Keitel approuva Zeitzler avec conviction et lui promit solennellement de lui prêter le concours qu’il sollicitait. Mais au cours de la conférence, lorsque Hitlerinsista une nouvelle fois sur la nécessité de tenir bon, Keitel s’avança vers lui avec émotion et montra sur la carte de la ville un dernier réduit entouré de gros cercles rouges, il affirma : « Ici, mon Führer, nous tiendrons. »
    Le 15 janvier 1943, alors que la situation était désespérée, Hitler donna au maréchal Milch des pouvoirs spéciaux, qui l’habilitaient à prendre, dans le cadre de l’aviation civile et militaire, toutes les mesures qui lui paraissaient nécessaires pour approvisionner Stalingrad, sans avoir à en référer à Göring 13  . J’eus ces jours-là avec Milch plusieurs conversations au téléphone, car il m’avait promis de sauver mon frère bloqué à Stalingrad. Mais, avec la confusion généralisée qui régnait dans la ville, il fut impossible de le retrouver. Mon frère envoya des lettres de désespoir, il avait la jaunisse, ses membres étaient enflés ; on le transféra à l’hôpital, mais il ne put supporter d’y rester et se traîna dans un poste d’observation de l’artillerie pour rejoindre ses camarades. A partir de ce moment, je ne reçus plus aucune nouvelle de lui. Pour des centaines de milliers de familles, il en alla comme pour mes parents et moi ; elles reçurent pendant quelque temps des lettres parties par avion de la ville encerclée, puis plus rien 14  . De cette catastrophe, dont lui-même et Göring étaient les seuls responsables, Hitler ne voulut plus entendre parler. Au contraire il ordonna de mettre immédiatement sur pied une autre VI e armée, qui devait rétablir la gloire de celle qui avait succombé.
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    47 . Oberkommando der Wehrmacht : Haut commandement des forces armées.

18.
    Intrigues
    Durant l’hiver 1942, en cette période critique où nous nous battions pour Stalingrad, Bormann, Keitel et Lammers décidèrent de resserrer le cercle autour de Hitler. Les dispositions qui devaient être soumises à la signature du chef de l’État devraient désormais passer exclusivement par les mains de ces trois hommes ; cela devait permettre de juguler l’anarchie des décrets signés à tort et à travers et de mettre un terme à la profusion des directives

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