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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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instructions souvent circonstanciées, et cela même quand Hitler s’était borné à donner son avis sans s’engager. De cette manière, il ne fallait pas plus d’une demi-heure à Bormann pour prendre souvent une dizaine de décisions importantes ou même davantage. Il dirigeait de facto les affaires intérieures du Reich. Quelques mois plus tard, le 12 avril 1943, il réussissait à obtenir la signature de Hitler au bas d’un document en apparence insignifiant : il devint « secrétaire du Führer ». Alors que, jusqu’à cette date, seules les affaires du parti auraient dû, au sens strict, entrer dans ses attributions, sa nouvelle charge l’autorisait désormais officiellement à exercer son activité dans tous les domaines.
     
    Lorsque j’eus obtenu mes premiers succès importants dans le domaine de l’armement, la mauvaise humeur que Goebbels m’avait témoignée après sa liaison avec Lida Baarova avait fait place à de meilleures dispositions. Je lui avais demandé, durant l’été 1942, de mettre en branle son appareil de propagande : à son instigation, les actualités, les illustrés, les journaux commencèrent à parler de moi, et ma réputation grandit. L’intervention du ministre de la Propagande avait fait de moi l’un des personnages les plus connus du Reich. Ce renforcement de mon prestige fut pour mes collaborateurs, dans les accrochages quotidiens qui les opposaient aux instances de l’État et du parti, un atout non négligeable.
    Il serait faux d’invoquer le fanatisme routinier qui était la marque des discours de Goebbels pour conclure qu’il était un être bouillant et débordant de fougue. C’était un travailleur assidu, qui mettait un soin méticuleux à réaliser ses idées, sans que cela lui fît perdre de vue l’ensemble d’une situation. Il avait le don d’isoler les problèmes de leurs épiphénomènes, de sorte qu’il était capable, me sembla-t-il à l’époque, de porter sur les choses un jugement objectif. Cette impression était renforcée non seulement par son cynisme, mais aussi par la logique de son raisonnement qui dénotait une formation universitaire. Il ne montrait un parti pris extrême qu’en présence de Hitler.
    Durant la première phase de la guerre, celle des succès, Goebbels n’avait manifesté aucune ambition ; au contraire, dès 1940, il avait exprimé l’intention de s’adonner après la victoire finale à ses multiples passions favorites, car disait-il, à ce moment, ce serait à la génération suivante d’assumer les responsabilités.
    En décembre 1942, la tournure désastreuse prise par les événements l’amena à inviter chez lui fréquemment trois de ses collègues, à savoir Walter Funk, Robert Ley et moi-même. Choix tout à fait révélateur, car tous trois nous avions fait des études supérieures et obtenu un diplôme d’université.
    Stalingrad nous avait bouleversés : nous étions consternés non seulement par la tragédie des soldats de la VI e armée, mais plus encore peut-être par cette question : comment une pareille catastrophe avait-elle pu se produire sous le commandement de Hitler ? En effet, jusqu’à cette date, à chacune de nos défaites on avait pu opposer une victoire, qui compensait tous nos sacrifices, nos pertes ou nos revers, ou du moins les rachetait. Pour la première fois nous avions essuyé une défaite sans contrepartie.
    Pour Goebbels, comme il nous l’expliqua au cours de l’une de nos rencontres dans les premiers jours de 1943, nous avions remporté au commencement de la guerre d’importants succès militaires tout en ne prenant, à l’intérieur du pays, que des demi-mesures. Nous avions cru par conséquent que nous pourrions continuer à aller de victoire en victoire sans consentir de grands efforts. Les Anglais, eux, avaient eu davantage de chance, car Dunkerque avait eu lieu dès le début de la guerre. Cette défaite leur avait fourni un bon motif pour restreindre sévèrement les besoins de la vie civile. Avec Stalingrad nous avions aussi notre Dunkerque ! Pour gagner la guerre, les bonnes dispositions ne suffisaient plus.
    A ce propos, Goebbels faisait état des rapports de son appareil tentaculaire signalant l’agitation et le mécontentement qui se faisaient jour dans l’opinion publique. Celle-ci exigeait qu’on mette fin à toutes les dépenses, à tout le luxe, dont le peuple ne retirait évidemment aucun profit. En tout état de cause, disait Goebbels, on

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