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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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soutinrent mes conceptions radicales et, comme il fallait s’y attendre, Frick, le ministre de l’Intérieur, et Lammers lui-même exprimèrent des réserves. Sauckel déclara catégoriquement qu’il se faisait fort de fournir autant de main-d’œuvre et d’ouvriers spécialisés étrangers qu’on lui en demanderait  3  . Même lorsque Goebbels réclama que l’on demande aux grands dignitaires du parti de renoncer à leur train de vie, qui jusqu’alors n’avait souffert pratiquement aucune restriction, il ne put rien changer. Eva Braun elle-même, qui d’ordinaire se tenait à l’écart de l’agitation politique, en appela à Hitler lorsqu’elle apprit qu’on se proposait d’interdire les permanentes et de stopper la production des produits de beauté. Aussitôt Hitler faiblit : il me recommanda de ne pas prononcer d’interdiction explicite mais de laisser tacitement s’instaurer une « pénurie de teinture pour les cheveux et autres objets nécessaires aux soins de beauté » et de « cesser les réparations des appareils utilisés pour faire des permanentes 4   ».
    Après plusieurs séances à la Chancellerie du Reich, il devint patent, pour Goebbels et moi-même, qu’il ne fallait pas compter sur Bormann, Lammers et Keitel pour stimuler la production des armements ; nos tentatives s’étaient enlisées dans de dérisoires questions de détail.
     
    Le 18 février 1943, Goebbels prononça son discours sur la « guerre totale ». Ce discours ne s’adressait pas uniquement à la population ; il voulait aussi toucher indirectement les couches dirigeantes qui ne voulaient pas approuver les efforts que nous faisions tous les deux en vue d’une mobilisation radicale de toutes les forces du pays. Au fond, Goebbels voulait tenter par ce discours de soumettre Lammers et tout le camp des hésitants et des timorés à la pression de la rue.
    Jamais, si ce n’est au cours des réunions publiques où Hitler eut le plus de succès, je n’avais vu un public porté à un tel degré de fanatisme. Rentré chez lui, Goebbels, à mon grand étonnement, se mit à analyser froidement ses explosions verbales, qui avaient paru être dictées par la passion, et l’effet psychologique qu’elles avaient produit, à peu près comme aurait fait un acteur chevronné. Il était également, ce soir-là, satisfait de ses auditeurs : « Vous avez vu ? Ils réagissaient à la moindre nuance et applaudissaient juste au bon moment. C’est le public le mieux dressé politiquement qu’on puisse trouver en Allemagne. » L’assistance avait été invitée par les organisations du parti, elle comprenait des acteurs et des intellectuels célèbres, comme Heinrich George, dont les réactions enthousiastes, filmées par les caméras des actualités, étaient destinées à faire impression sur le peuple. Mais le discours de Goebbels avait été prononcé également dans un but de politique extérieure : il constituait une tentative d’assortir de son complément politique l’orientation militaire de la pensée de Hitler. Par ce discours Goebbels adressait, du moins il le croyait, aux puissances occidentales un avertissement éloquent, afin qu’elles prennent conscience du danger qui de l’est menaçait l’Europe entière. Quelques jours plus tard il se montra très satisfait de ce que ces passages de son discours aient fait l’objet de commentaires favorables dans la presse occidentale.
    Il est de fait qu’à cette époque Goebbels ambitionnait de devenir ministre des Affaires étrangères. Il usa de toute l’éloquence dont il était capable pour tenter de monter Hitler contre Ribbentrop et au début il parut y réussir. En tout cas, Hitler écouta ses arguments sans rien dire et sans orienter la conversation, comme il avait coutume de le faire, sur un sujet moins gênant. Déjà Goebbels se croyait en passe de réussir lorsque, brusquement, Hitler se mit à rendre hommage à l’excellent travail de Ribbentrop, au talent dont il avait fait preuve dans les négociations avec nos « alliés », pour conclure par ce jugement lapidaire : « Vous vous trompez complètement sur le compte de Ribbentrop. C’est l’un des plus grands hommes que nous ayons, un jour l’histoire le mettra au-dessus de Bismarck. Il est plus grand que Bismarck. » En même temps, il interdit àGoebbels de continuer à lancer des ballons d’essai vers l’ouest, comme il l’avait fait dans son discours au Palais des

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