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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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espérions que cette nouvelle arme jetterait l’effroi et la confusion dans le camp ennemi et qu’elle le réduirait à l’impuissance. Nous en surestimions l’efficacité. Certes je nourrissais de sérieuses inquiétudes à cause de la vitesse limitée de ces bombes volantes et je conseillai à Hitler de ne les faire partir que lorsque le ciel serait couvert de nuages bas  18  . Mais il ne tint aucun compte de cet avis. Lorsque le 12 juin, sur l’ordre prématuré de Hitler, les premiers V 1 furent catapultés, la précipitation et le manque d’organisation furent tels, que dix seulement de ces projectiles purent être mis en service et que cinq seulement atteignirent Londres. Hitler oublia qu’il avait lui-même insisté pour que ce tir ait lieu et déchargea sa colère, provoquée par l’inefficacité de l’entreprise, sur les constructeurs de ces engins. A la conférence d’état-major, Göring se hâta de faire retomber la responsabilité de cet échec sur Milch son adversaire et Hitler voulait déjà que l’on stoppe la production de cette fusée qu’il jugeait maintenant complètement ratée. Lorsque le chef des services de presse du Reich lui eut présenté des reportages démesurément grossis de la presse londonienne rendant compte des effets des V 1  , l’état d’esprit de Hitler changea du tout au tout. Il exigea alors que l’on augmente la production des V 1   ;Göring s’empressa de déclarer que ce coup d’éclat de sa Luftwaffe avait toujours été exigé et favorisé par lui. On ne parla plus de Milch qui avait été le bouc émissaire de la journée précédente.
    Avant l’invasion, Hitler avait toujours affirmé qu’il dirigerait personnellement les opérations à partir de la France dès le début du débarquement. A cet effet, au prix d’un nombre incalculable de millions de marks, des centaines de kilomètres de câbles téléphoniques avaient été installés et deux quartiers généraux pourvus d’installations coûteuses et réclamant des quantités énormes de béton avaient été construits par l’organisation Todt. Hitler avait déterminé personnellement l’emplacement ainsi que l’importance de ces quartiers généraux. Il justifia en ces jours où il allait perdre la France, les énormes moyens mis en œuvre en faisant remarquer qu’un de ces quartiers généraux au moins était situé exactement à la frontière occidentale de l’Allemagne et pourrait s’intégrer dans un système de fortifications. Le 17 juin, il visita ce quartier général situé entre Soissons et Laon, baptisé W 2  , pour revenir le jour même à l’Obersalzberg. Il se montra de méchante humeur : « Rommel n’est plus maître de ses nerfs, il est devenu pessimiste. Aujourd’hui seuls les optimistes peuvent arriver à un résultat. » Après de telles remarques, le renvoi de Rommel n’était plus qu’une question de temps. Car Hitler considérait encore que la ligne de défense qu’il avait mise en place en face de la tête de pont était toujours invincible. Il me déclara ce soir-là que W 2 lui semblait trop peu sûr, situé qu’il était au milieu d’une France infestée de résistants.
    L’invasion remportait ses premiers succès importants, lorsque presque au même moment, le 22 juin 1944, une offensive des troupes soviétiques commença, qui devait bientôt amener fa perte de 25 divisions allemandes. Désormais la progression de l’Armée rouge ne pouvait plus être stoppée, même en été. Incontestablement, même pendant ces semaines marquées par l’effondrement de trois fronts, le front occidental, le front oriental et le front aérien, Hitler conserva la maîtrise de ses nerfs, montrant une faculté étonnante de persévérance. La longue lutte pour le pouvoir ainsi que de nombreux revers l’avaient vraisemblablement aguerri, tout comme Goebbels et les autres compagnons de lutte. Peut-être l’expérience acquise pendant cette période héroïque lui avait-elle appris qu’il était inopportun de laisser paraître devant ses collaborateurs ne serait-ce que la moindre trace de préoccupation. Son entourage admirait la maîtrise de soi qu’il conservait jusque dans les moments critiques. Il avait certainement contribué, par cette attitude, à inspirer la confiance avec laquelle on accueillait ses décisions. Manifestement il était conscient du nombre d’yeux qui l’observaient et du découragement qu’il aurait provoqué, s’il avait perdu

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