Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
attributions de mon ministère figurait la préparation de la destruction des installations industrielles de toutes sortes, y compris dans les territoires occupés. Lors des retraites en Union soviétique, Hitler avait déjà donné l’ordre de pratiquer la politique de la « terre brûlée » et de faire perdre ainsi à l’ennemi en quelque sorte le bénéfice des gains de terrain qu’il avait réalisés. Il n’hésita pas à donner des instructions analogues pour les territoires occupés à l’ouest dès que les armées d’invasion eurent commencé leur progression à partir de leur tête de pont en Normandie. A l’origine, cette politique de destruction reposait sur des motifs opérationnels réalistes. On voulait freiner l’avance de l’ennemi en l’empêchant de prendre pied, d’amener ses renforts à partir du territoire libéré, d’utiliser le gaz, l’électricité, les ateliers de réparation, et, à plus longue échéance, d’édifier une industrie d’armements. Aussi longtemps que la fin de la guerre n’était pas en vue, ces exigences me parurent justifiées ; mais elles perdirent leur sens dès lors que la défaite finale sembla approcher inéluctablement.
    Étant donné notre situation désespérée, il était naturel que je parte du principe qu’il fallait terminer cette guerre en évitant, dans toute la mesure du possible, de causer des dévastations qui auraient gravement compromis toute reconstruction ultérieure, car je n’étais pas possédé par cette espèce d’obsession de l’anéantissement qui commença à gagner de plus en plus les gens de la suite de Hitler. Grâce à un article d’une simplicité étonnante, je réussis à duper Hitler qui organisait la catastrophe avec une âpreté et un acharnement croissants. Comme il insistait, même dans les situations désespérées, pour que les territoires perdus soient reconquis le plus rapidement possible, je n’eus plus qu’à suivre son raisonnement et à faire valoir que les industries de ces territoires m’étaient indispensables pour maintenir le niveau de l’armement après la reconquête.
    Dès le début de l’invasion, le 20 juin, après que les Américains eurent percé le front défensif allemand et encerclé Cherbourg, mon argument amena Hitler à décider que, « malgré les actuelles difficultés des transports sur le front, il n’était absolument pas question d’envisager l’abandon des capacités de production de l’industrie locale  8   ». Ce qui permit aux commandants militaires de passer outre à un ordre précédent de Hitler, qui prescrivait la déportation en Allemagne d’un million de Français occupés dans les entreprises protégées dans le cas d’une invasion réussie  9  .
    Maintenant Hitler reparlait de la nécessité d’opérer des destructions généralisées dans l’industrie française. Le 19 août, alors que les Alliés se trouvaient encore au nord-ouest de Paris, je réussis néanmoins à obtenir son assentiment pour que les installations industrielles et énergétiques qui tomberaient aux mains de l’ennemi soient paralysées et non pas détruites  10  .
    Mais je ne réussis pas à obtenir de Hitler qu’il prenne en cette matière une décision de principe : à chaque cas qui se présentait, je devais recourir au même argument et affirmer que le repli de nos troupes n’était que provisoire, et cet argument peu à peu éculé paraissait de plus en plus absurde.
    Lorsque, à la fin du mois d’août, les troupes ennemies approchèrent du bassin de minerai de fer de Longwy et de Briey, je me trouvai confronté avec une situation différente, du fait que la Lorraine avait été, en 1940, pratiquement annexée au territoire du Reich : j’avais donc affaire pour la première fois aux attributions d’un Gauleiter. Comme il ne fallait pas compter convaincre ce dernier de laisser le territoire lorrain en l’état, je m’adressai directement à Hitler et je fus autorisé à préserver les mines de fer et les industries et à donner des instructions dans ce sens aux Gauleiter concernés 11  .
    A la mi-septembre 1944, Röchling m’informa à Sarrebruck que nous avions déjà remis aux alliés les mines de fer françaises en état de fonctionner. Mais le hasard voulut que la centrale électrique qui alimentait les installations de pompage des mines fût située de notre côté du front. Röchling voulait savoir s’il pouvait fournir le courant aux installations

Weitere Kostenlose Bücher