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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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celui-ci ».
    Le général Praun, commandant en chef des transmissions, annula le jour même son ordonnance du 27 mars 1945. Il leva toutes les consignes de destruction et donna même, à usage interne, l’ordre de conserver intacts les stocks, parce qu’ils pourraient, après la guerre, aider à reconstruire le réseau de transmissions. Il déclara que, de toute façon, l’ordre donné par Hitler de détruire le matériel de transmission n’avait pas de sens, puisque l’ennemi apportait ses câbles et ses stations émettrices. Je ne sais pas, en revanche, si le commandant en chef du Train est revenu sur son ordre de transformer les territoires menacés en un désert où toute circulation serait impossible. Keitel, quant à lui, refusa de rédiger des instructions explicatives pour l’application du nouveau décret de Hitler  16  .
    Il me fit d’ailleurs remarquer, et c’était un reproche qui me visait, que l’ordre de Hitler du 7 avril ne ferait que susciter la confusion dans les directives. Il n’avait pas tort. Durant les dix-neuf jours qui venaient de s’écouler entre le 18 mars et le 7 avril, douze ordres contradictoires avaient été donnés touchant cette question. Mais le chaos des directives contribua à limiter le chaos sur le terrain.

31.
    Minuit cinq
    Au mois de septembre, le secrétaire d’État au ministère de la Propagande, Werner Naumann, m’avait invité à prononcer une allocution qui aurait été retransmise par tous les émetteurs allemands, pour galvaniser la volonté de résistance du peuple. Ayant supposé que c’était là un piège de Goebbels, j’avais décliné cette invitation. Mais maintenant que Hitler semblait, en prenant le décret que j’avais rédigé, avoir opéré un revirement dans mon sens, je voulais mettre à profit le retentissement qu’aurait un discours radiodiffusé pour exhorter le plus large public possible à éviter toute destruction insensée. J’informai Naumann que j’acceptais sa proposition et me rendis, dès que le décret de Hitler eut paru, chez Milch, dans le pavillon de chasse qu’il possédait sur les bords du lac Stechlin, dans un coin perdu de la Marche.
    Dans cette dernière période, nous nous préparions à toute éventualité. Pour pouvoir me défendre en cas de besoin, je m’exerçai sur le bord du lac à tirer au pistolet sur une cible. Entre deux exercices, je préparai mon discours radiodiffusé. Le soir venu, j’étais assez content de moi : j’arrivais à tirer vite et bien et mon discours me semblait ne pas prêter à malentendu, sans pourtant me découvrir totalement. Devant un verre de vin, je le lus à Milch et à un de ses amis : « C’est de la folie, disais-je, de croire à l’intervention d’armes miracles dont l’efficacité pourrait remplacer le combattant. » Nous n’avions pas détruit les usines dans les territoires occupés, il fallait maintenant, de la même manière, nous faire un devoir de sauvegarder les conditions d’existence de notre propre pays. « Tous les zélateurs, disais-je expressément, qui ne veulent pas comprendre le sens de telles mesures, doivent être punis de la façon la plus sévère. Ils portent une main sacrilège sur ce qu’il y a de plus sacré pour le peuple allemand : la source d’où jaillit la force vitale de notre peuple. »
    Après avoir sacrifié ainsi au pathos habituel de l’époque et brièvement mentionné la théorie de la reconquête, je reprenais le mot « désert » employé par le commandant en chef du Train. « Le peuple allemand doit engager toutes ses forces dans cette lutte inconditionnelle pour empêcher, par tous les moyens, que ces desseins se réalisent. Si toutes ces mesures sont appliquées raisonnablement, le ravitaillement pourra être assuré jusqu’à la prochaine récolte, même si ce n’est que dans une modeste mesure. » Avec un calme stoïque, Milch déclara quand j’eus terminé : « Tout cela est assez clair, pour la Gestapo y compris ! »
    Le 11 avril, le camion d’enregistrement de la Radio était déjà arrivé devant la porte du ministère ; des ouvriers posaient les câbles dans mon bureau, quand je reçus un coup de téléphone : « Venez chez le Führer et apportez le texte du discours. » J’avais, dans une version destinée à la presse, édulcoré les passages les plus violents  1  , sans pourtant renoncer à mon intention, qui était toujours de lire le texte original. J’emportai la version

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