Au Coeur Du Troisième Reich
qu’une « commission composée d’industriels émette un avis sur ces délits, avant que la SS ou la justice ne s’en occupent. Le ministre n’admet pas les arrestations et les condamnations tant qu’il n’a pas été entendu » (Chronique).
18. Voir pour le contenu de ce chapitre mon discours prononcé à Essen devant des industriels, le 6 juin 1944.
19. Neuf mois plus tôt j’avais vainement tenté d’endiguer l’avalanche de lettres que je recevais. Pour le courrier sans importance j’avais introduit l’usage d’un tampon avec le fac-similé de ma signature et cette formule : « Retour à l’expéditeur ! sans importance pour la guerre ! » (Chronique du 11 février 1943).
20. Les chiffres concernant les pièces d’artillerie pour 1941 tiennent compte des canons antichars et des canons de D.C.A. Dans le cas des mitrailleuses et des avions, en 1941 la production était de moitié inférieure à celle de 1918 ; la production de poudre et d’explosifs deux fois et demie supérieure à celle de 1918 du fait de l’élévation des besoins en bombes, en mines terrestres et marines. Ces chiffres sont, dans le cas des armes et des avions, comparables jusqu’à un certain point seulement, car évidemment les perfectionnements techniques étaient considérables depuis 1918. (Les chiffres relatifs à la production de 1918 sont tirés du livre de Rolf Wagenführ.)
La production de munitions resta longtemps inférieure à celle de la Première Guerre mondiale. Dans un discours prononcé le 11 août 1944, je fis cette comparaison : « Pendant la Première Guerre mondiale, dans bien des domaines des résultats supérieurs ont été atteints. En particulier la production de munitions a dépassé notre production de munitions d’avant 1943 ; c’est seulement durant les derniers mois que nous avons dépassé la production maximale de munitions de l’Allemagne, du Protectorat et de l’Autriche réunis, durant la Première Guerre mondiale. »
21. Dans un discours prononcé le 28 avril 1942, je relatai dans tous ses détails une anecdote rocambolesque qui, comme on va le voir, illustre bien les difficultés que notre bureaucratie tentaculaire et autocratique causa à tout le monde dans notre économie de guerre : « Une usine d’armement d’Oldenburg a commandé le 11 février 1942 un kilo d’alcool à brûler à un fournisseur de Leipzig ; celui-ci a réclamé pour cela un bon d’achat délivré par le Bureau des monopoles du Reich. La firme d’Oldenburg s’est donc adressée à ce bureau, mais on l’a renvoyée au groupement économique compétent afin qu’elle se fasse délivrer un certificat de priorité. Le groupement économique a alors renvoyé l’affaire au groupement du district à Hanovre. Ce dernier a demandé et obtenu une déclaration formelle certifiant que l’alcool serait employé à des fins techniques. Le 19 mars, donc après plus de cinq semaines, le bureau de Hanovre a fait savoir qu’il avait déjà renvoyé le permis au groupement économique à Berlin. Le 26 mars, la firme, après avoir fait une réclamation, a été avertie par le groupement économique de Berlin que sa demande avait été accordée et transmise au bureau des monopoles du Reich ; il lui a été signalé en même temps qu’il était inutile d’écrire au groupement économique car il ne s’occupait absolument pas des contingents d’alcool. A l’avenir il fallait donc s’adresser au Bureau des monopoles du Reich – auquel bien entendu la firme avait d’abord écrit en vain. Une nouvelle demande au bureau des monopoles du Reich a été envoyée le 30 mars ; douze jours plus tard la réponse est arrivée, disant qu’il fallait d’abord déclarer au Bureau des monopoles la consommation mensuelle d’alcool à brûler, mais qu’on pouvait quand même délivrer le kilo d’alcool à la firme d’Oldenburg.
« Huit semaines après sa première démarche, l’acheteur, tout content, a donc envoyé un commissionnaire chez le fournisseur, mais celui-ci a déclaré qu’il fallait d’abord se procurer un certificat de la corporation du Ravitaillement du Reich, un organisme dépendant de l’Agriculture ; mais le bureau local de cet organisme a fait savoir qu’il ne pouvait délivrer que de l’alcool à consommer et non de l’alcool servant à des fins techniques ou industrielles ! On était alors le 18 avril et le kilo d’alcool commandé le 11 février n’était
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