Au Coeur Du Troisième Reich
Reich soient construits selon cette « loi des ruines ».
Au cours d’une visite du chantier, Hitler, se tournant vers Bormann, demanda avec bonne humeur qu’à l’avenir je paraisse en uniforme du parti. Tous les membres de son entourage, son médecin personnel, son photographe, même le directeur de Daimler-Benz avaient reçu un uniforme. Au milieu d’eux, un civil détonnait. Par ce petit geste, Hitler donnait en même temps clairement à entendre qu’il me comptait désormais parmi ses intimes. Jamais il n’aurait marqué de contrariété en voyant quelqu’un de sa connaissance en civil à la Chancellerie ou au chalet, car Hitler préférait porter des vêtements civils, chaque fois qu’il le pouvait. Mais, au cours de ses voyages ou de ses inspections, il remplissait une fonction officielle à laquelle, seul, selon lui, l’uniforme convenait. Aussi devins-je, au début de l’année 1934, chef de division dans l’état-major de son adjoint, Rudolf Hess. Quelques mois plus tard, Goebbels me conféra le même grade en récompense de l’activité que j’avais déployée à l’occasion des manifestations de masse organisées pour le Congrès du parti, la fête de la Récolte et le 1 er Mai.
Le 28 novembre 1933, sur proposition du directeur du Front du travail allemand, Robert Ley, fut fondée une organisation de loisirs appelée « La Force par la joie ». Je devais prendre en main la division « Beauté du travail », dont l’appellation provoquait les quolibets tout autant que la formule « La Force par la joie » elle-même. Ley avait, peu de temps auparavant, au cours d’un voyage dans la province hollandaise du Limbourg, vu quelques mines remarquables par leur propreté méticuleuse et le soin avec lequel leurs alentours étaient aménagés. Il en tira un enseignement, qu’avec son tempérament porté à la généralisation, il voulut étendre à toute l’industrie allemande. A moi personnellement, cette idée m’apportait une occupation secondaire, certes honorifique, mais génératrice de grandes joies. Nous commençâmes par convaincre les industriels de refaire l’intérieur de leurs usines et de disposer des fleurs dans les ateliers. Nous mîmes un point d’honneur à ne pas en rester là. Nous fîmes agrandir les surfaces vitrées, installer des cantines, remplacer l’asphalte par des pelouses, aménager en coin de repos tel recoin qui ne servait d’habitude que comme dépôt à ordures. Nous dessinâmes une vaisselle aux formes simples, que nous fîmes standardiser, des meubles simples, normalisés et produits en grande quantité. Nous veillâmes à ce que, pour toutes les questions d’éclairage et d’aération artificiels, les entreprises s’adressent à des spécialistes ou suivent les conseils prodigués par des films d’information. Je m’attachai la collaboration d’anciens fonctionnaires des syndicats et de quelques membres du Werkbund alors dissous. Ils se dévouèrent tous sans distinction à cette tâche, décidés à améliorer, chacun pour sa part, si minimefût-elle, les conditions de vie des ouvriers et à réaliser ainsi le mot d’ordre d’une communauté populaire sans classes. Mais, à mon grand étonnement, je m’aperçus vite que Hitler ne montrait aucun intérêt pour ces idées. Lui qui pouvait se perdre dans l’examen détaillé d’un plan, ne montrait qu’indifférence lorsque je lui faisais un exposé de cet aspect social de mon travail. En tout cas, l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Berlin la tenait en plus haute estime que Hitler 4 .
Mes fonctions dans le parti me valurent ma première invitation à une réception officielle que Hitler, en sa qualité de chef du parti, donna au printemps 1934 et où les épouses étaient également invitées. Nous dînâmes dans la grande salle à manger de la chancellerie, placés à des tables rondes par petits groupes de six à huit personnes. Hitler allait de table en table, disait quelques paroles aimables, se faisait présenter les dames. Quand il arriva à notre table, je lui présentai ma femme, dont, jusque-là, je lui avais caché l’existence. « Pourquoi, me demanda-t-il, visiblement impressionné, quelques jours plus tard, en petit comité, nous avez-vous privés si longtemps de la présence de votre femme ? » Et de fait, j’avais évité de lui parler d’elle, peut-être parce que la façon dont Hitler traitait sa maîtresse me répugnait. D’autre part, c’était
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