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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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mesures de sécurité, les écoutant avec une froideur marquée, et me laissa, toujours avec le même air, lui exposer ce que j’avais l’intention de faire. Je fus frappé par son attitude distante et impersonnelle. Il semblait n’y avoir aucun contact véritable dans son commerce avec les autres.
    Les bancs de bois blanc tranchaient de façon malencontreuse sur le cadre délibérément sombre. Comme le temps était beau, je les fis peindre en noir ; mais la malchance voulut que la pluie se mît à tomber dans les premières heures du soir et qu’elle continuât le lendemain et les jours suivants. La peinture ne sécha point. Nous fîmes venir de Berlin, par avion spécial, des rouleaux d’une étoffe noire, dont nous tendîmes les bancs. Mais la peinture encore humide traversait la toile. Vraisemblablement, plus d’un participant eut ses vêtements abîmés.
    La veille des cérémonies, dans la nuit, on transporta le cercueil sur un affût, depuis Neudeck, la propriété que Hindenburg avait en Prusse-Orientale, jusque dans une des tours du mémorial. Les drapeaux traditionnels des régiments allemands de la Première Guerre mondiale et des porteurs de torches l’escortaient ; on n’entendait pas un mot, pas un commandement. Cet hommage silencieux fit une impression bien plus profonde que la solennité organisée des jours suivants.
    Le lendemain matin, on déposa le cercueil sur un catafalque au milieu de la cour d’honneur. Tout près de là, on avait dressé, sans respecter la distance réglementaire, la tribune de l’orateur. Hitler s’avança, Schaub tira de sa serviette le manuscrit qu’il mit sur le pupitre. Hitler se prépara à parler, hésita, secoua la tête d’un mouvement brusque et fort peu solennel. Son aide de camp s’était trompé de manuscrit. L’erreur réparée, Hitler lut un panégyrique dont la rhétorique froide et formelle surprit.
    Hindenburg, par son caractère obstiné et difficilement influençable, avait longtemps été une gêne considérable, trop longtemps au gré de l’impatient chancelier du Reich, qui avait souvent dû employer la ruse, la malice ou l’intrigue, pour que le président se rende à ses arguments. L’un des maîtres coups de Hitler avait été d’envoyer chaque matin chez le président, pour une revue de presse, un nommé Funk, alors secrétaire d’État chez Goebbels et originaire de Prusse-Orientale comme Hindenburg. Entre ces deux hommes d’origine commune s’établit bientôt une familiarité dont Funk sut jouer pour atténuer plus d’une nouvelle désagréable ou la présenter de telle sorte qu’elle ne heurtât point.
    Hitler n’avait jamais sérieusement songé à restaurer la monarchie, comme Hindenburg et nombre de ses amis politiques avaient pu l’espérer du nouveau régime. Plus d’une fois, on l’a entendu dire : « J’ai continué à faire payer leur pension à des ministres sociaux-démocrates comme Severing, car on peut penser d’eux ce qu’on veut, mais ils ont eu le mérite d’avoir éliminé la monarchie. Ce fut un grand pas en avant. Ce sont eux les premiers qui nous ont préparé la voie. Et on vient nous dire maintenant qu’il faut restaurer la monarchie ? Moi, partager le pouvoir ? Regardez donc l’Italie ! Est-ce qu’ils me croient si bête ? Les monarques ont toujours été des ingrats avec leurs plus proches collaborateurs. Pensez seulement à Bismarck. Non, je ne tomberai pas dans ce piège. Même si maintenant les Hohenzollern se montrent si aimables. »
     
    Au début de l’année 1934, Hitler me surprit en me passant ma première grande commande. On me demandait de remplacer la tribune provisoire en bois de l’esplanade Zeppelin à Nuremberg par un édifice en pierre. Je m’étais battu sans résultat avec mes premières esquisses, quand, dans une heure de chance, une idée me vint, qui me parut convaincante : je ferais de grands escaliers, surmontés par un long portique à colonnes flanqué à ses extrémités de deux masses géométriques encadrant le tout. L’influence de l’autel de Pergame était évidente. L’indispensable tribune d’honneur que j’essayais de placer au milieu des escaliers de la manière la moins voyante possible ne s’intégrait pas vraiment à l’ensemble.
    La maquette terminée, je priai Hitler de venir la voir. J’étais un peu inquiet car le projet dépassait de beaucoup la commande. L’édifice avait 390 mètres de long et 24 mètres de haut. Il

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