Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
sociale lui était totalement indifférente.
    Hess, au contraire, ne s’intéressait qu’aux immeubles d’habitation et faisait à peine attention à la partie prestigieuse de notre projet. A la fin d’une de ses visites, il me fit des reproches à ce sujet. Je lui promis qu’à toute brique utilisée dans nos immeubles d’apparat correspondrait une brique réservée aux immeubles d’habitation. Quand Hitler entendit parler de notre convention il en fut désagréablement surpris, protestant de l’urgence de ses exigences, mais il ne l’annula pas.
    Contrairement à ce qu’on croit souvent, je n’étais pas l’architecte en chef de Hitler, le supérieur hiérarchique de tous les autres architectes. Les architectes qui s’occupaient de Munich et de Linz disposaient comme moi de pleins pouvoirs. Au fil des années Hitler confia des tâches spéciales à un nombre croissant d’architectes. Avant la guerre il devait y en avoir dix ou douze en tout.
    Dans les discussions que nous avions, Hitler était capable de saisir très rapidement un projet et d’en avoir une représentation plastique très exacte en combinant le plan et des vues de l’édifice. Malgré les affaires de l’État et bien qu’il se soit souvent agi de dix à quinze grands projets intéressant différentes villes, il se retrouvait instantanément dans les plans, même quand il ne les avait pas vus depuis des mois, avait encore en mémoire quelles modifications il avait exigées et décevait ceux qui pensaient qu’il aurait oublié depuis longtemps une suggestion ou une exigence.
    Dans ces sortes de discussions il se montrait le plus souvent réservé et plein d’égards. Il faisait part des modifications qu’il désirait voir apporter avec une amabilité remarquable et sans ce ton blessant dont il s’adressait à ses collaborateurs politiques. Convaincu que c’était l’architecture qui portait la responsabilité de son projet, il veillait à ce que ce soit l’architecte lui-même et non pas tel Gauleiter ou tel Reichsleiter qui ait la parole. Car il ne supportait l’immixion d’aucune instance étrangère à la profession, si haute fût-elle. Quand on lui opposait une autre idée, il ne restait pas figé sur ses positions et déclarait : « Oui, vous avez raison, c’est mieux comme ça. » Aussi ai-je conservé le sentiment d’être pleinement responsable des projets que j’ai conçus sous Hitler. Nous eûmes souvent des vues divergentes mais je ne me souviens d’aucun cas où Hitler ait forcé son architecte à épouser ses vues. Ces rapports d’égalité qui fondaient nos relations d’architecte à maître d’ouvrage expliquent que, devenu ministre de l’Armement, j’aie conservé une autonomie bien plus grande que celle dont jouissait la majorité des ministres et des généraux.
    Hitler ne réagissait brutalement et sans pitié que quand il sentait une opposition muette touchant à l’essentiel. Ainsi le professeur Bonatz, maître de toute une génération d’architectes, n’eut plus une seule commande du jour où il critiqua les nouveaux édifices de Troost sur la Königsplatz de Munich. Même Todt n’osa plus demander à Bonatz de construire quelques viaducs pour des autoroutes. C’est seulement mon intervention auprès de Mme Troost, la veuve du professeur vénéré, qui fit rentrer Bonatz en grâce. Cette femme avait assez de poids pour n’avoir qu’à glisser : « Pourquoi ne bâtirait-il pas des ponts ? Il n’est pas mal du tout dans les ouvrages techniques ! » et Bonatz construisit des viaducs.
    Hitler ne cessait de m’assurer : « Comme j’aurais aimé être architecte ! » et quand je lui répondais : « Mais je n’aurais pas de maître d’ouvrage », il me répliquait : « Oh vous, vous auriez percé de toute façon ! » Je me demande parfois si Hitler aurait interrompu sa carrière politique s’il avait rencontré au début des années 20 un maître d’ouvrage fortuné. Mais au fond, je crois que la conscience qu’il avait d’avoir une mission politique et sa passion pour l’architecture ont toujours été inséparables. Je n’en veux pour preuve que les deux esquisses que l’homme politique de trente-six ans, au bord de la faillite en cette année 1925, avait dessinées dans l’intention,qui pouvait à l’époque paraître absurde, de couronner ses succès d’homme d’État par un arc de triomphe et un hall à coupole.
    Le Comité olympique allemand se trouva

Weitere Kostenlose Bücher