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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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verdure. Ce système devait, du moins l’espérais-je, empêcher l’asphyxie qui guette tout centre de ville enserré dans les anneaux des zones d’urbanisation traditionnelles. Résultant obligatoirement de ma structure axiale, il faisait aussi profondément pénétrer les espaces verts dans le centre de la ville.
    De l’autre côté de l’autoroute, aux quatre extrémités de la nouvelle croix axiale, un terrain était réservé à un aéroport, tandis que le lac de Rangsdorf servirait aux hydravions dont on pensait qu’ils auraient de l’avenir puisque promettant à l’époque des rayons d’action supérieurs. L’aérodrome de Tempelhof, situé trop au centre du nouveau développement urbain, devait être désaffecté et transformé en un parc d’attraction sur le modèle du Tivoli de Copenhague. Dans un avenir plus lointain cette croix axiale devait, selon nos estimations, être complétée par cinq boulevards circulaires et dix-sept voies de dégagement d’une largeur de 60 mètres, pour lesquels nous nous étions toutefois contentés jusqu’alors de définir de nouveaux alignements. La liaison entre la croix axiale et une partie des circulaires devait, dans notre projet, être assurée par des trains souterrains rapides, de façon à soulager le réseau routier urbain. A l’ouest, touchant le stade olympique, un nouveau quartier universitaire serait construit, car la plupart des bâtiments de cours ou instituts, situés dans la vieille université Frédéric-Guillaume de l’avenue Unter den Linden, étaient dans un état de délabrement et de décrépitude insupportable. Au nord de ce nouveau quartier s’étendrait un autre quartier neuf, réservé à la médecine et comportant hôpitaux, laboratoires et instituts. La rive de la Spree, entre l’île du musée et le Reichstag, jusque-là traitée en parent pauvre avec ses petites fabriques et ses terrains vagues, devait également faire l’objet d’une rénovation centrée sur une extension des locaux des musées berlinois.
    De l’autre côté de l’autoroute périphérique, on avait prévu des espaces verts qu’un haut fonctionnaire des Eaux et Forêts, spécialement doté de pleins pouvoirs, avait déjà commencé à aménager, en transformant la forêtde conifères typique des paysages des Marches en une forêt d’arbres à feuilles caduques. Sur le modèle du Bois de Boulogne, le Grunewald devait être ouvert au public et offrir aux millions d’habitants de la capitale des sentiers de promenade, des aires de repos, des terrains de sports et des restaurants. Ici aussi je fis tout de suite planter des dizaines de milliers d’arbres feuillus afin de reconstituer l’ancienne forêt mixte déboisée par Frédéric le Grand pour assurer le financement des guerres saxonnes. Du gigantesque projet de restructuration de Berlin ne subsistent que ces arbres à feuilles caduques.
    Le projet primitif de Hitler, centré sur la création d’une avenue d’apparat et absurde sur le plan de l’urbanisme, se transforma peu à peu au cours de nos recherches, donnant naissance à un plan d’ensemble tout à fait nouveau. Son idée de départ était devenue un point négligeable de la nouvelle planification qui voulait embrasser tous les problèmes. J’avais dépassé de beaucoup – tout au moins en ce qui concerne l’extension de cette urbanisation planifiée – les données initiales de Hitler. Pareille chose ne lui était vraisemblablement pas arrivée souvent dans sa vie. L’étendue du projet ne le rebuta pas. Il me laissa les mains libres mais ne put jamais s’intéresser vraiment à cette partie de notre étude. Il regardait bien les plans, mais très superficiellement, demandant au bout de quelques minutes, visiblement ennuyé : « Où avez-vous mis les nouveaux plans de la Grande-Rue ? » entendant par là le seul morceau médian de l’avenue de prestige, celui qu’il avait commandé à l’origine. Il imaginait alors avec volupté les futurs édifices : les ministères, les immeubles administratifs des grandes firmes allemandes, le nouvel Opéra, les hôtels de luxe et les palais de distractions. Je l’imitais volontiers. Toutefois je plaçais la planification générale sur le même plan que les immeubles d’apparat. Hitler, non. La passion qu’il montrait pour les édifices promis à l’éternité l’empêchait de s’intéresser aux structures du trafic, aux zones d’urbanisation et aux espaces verts : la dimension

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