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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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dégagement sur toutes les faces. Il admirait tous ces édifices, même s’ils ne se rapprochaient pas tout à fait de ses conceptions, comme c’était le cas de l’hôtel de ville néo-gothique, dont il disait : « Vienne a là un digne représentant. Regardez au contraire l’hôtel de ville de Berlin. Mais Berlin en aura un encore plus beau que celui de Vienne, vous pouvez y compter. »
    Ce qui l’impressionnait encore plus, c’étaient les nouveaux boulevards à Paris, ces grandes percées effectuées de 1853 à 1870 par Georges E. Haussmann pour la somme de 2,5 milliards de francs-or. Il tenait Haussmann pour le plus grand urbaniste de l’histoire, mais il espérait bien que je le surpasserais. Le long combat d’Haussmann laissait présager que son projet se heurterait à des résistances. Seule son autorité, affirmait-il, réussirait à l’imposer.
    En attendant, il employa la ruse pour venir à bout de la mauvaise volonté montrée par l’administration de la ville ; celle-ci, en effet, tint le projet de Hitler pour un cadeau empoisonné, une fois établi qu’elle aurait à supporter le coût élevé de la percée et de la construction des rues, de l’aménagement des espaces publics et de l’installation d’un réseau rapide de chemins de fer urbains. « Nous allons pendant un certain temps travailler à des projets pour la construction de notre nouvelle capitale sur les bords du lac Müritz dans le Mecklembourg. Vous allez voir comme les Berlinois vont s’activer quand ils flaireront la possibilité d’un départ du gouvernement du Reich. » Effectivement quelques allusions suffirent pour amener les édiles municipaux à accepter de financer l’opération. Toujours est-il que Hitler se complut à jouer pendant quelques mois avec ce projet d’un « Washington » allemand, se représentant comment on pourrait créer une « ville idéale » à partir du néant. Mais il finit par tout rejeter en déclarant : « Des capitales construites de toutes pièces restent toujours mortes. Pensez à Washington ou Canberra. Même chez nous à Karlsruhe, il n’y a pas de vie possible car les ronds de cuir restent entre eux. » Dans cette affaire, je n’ai, jusqu’aujourd’hui, pas pu savoir clairement si Hitler ne faisait que me jouer la comédie à moi aussi, ou s’il a, à un moment donné, sérieusement envisagé cette possibilité.
    A l’origine de l’image que Hitler se faisait du Berlin qu’il voulait construire, il y a eu les Champs-Élysées avec leurs 2 kilomètres de long et leur Arc de Triomphe de 50 mètres de haut édifié par Napoléon I er en 1805. De là venait aussi son idée d’un « Grand Arc » et sa conception de la largeur de l’avenue. « Les Champs-Élysées, disait-il, ont 100 mètres de large. Notre avenue aura en tout cas 20 mètres de plus. Quand, au XVII e  siècle, le grand Prince Électeur fit construire l’avenue des « Linden » et qu’avec une grande clairvoyance il décida qu’elle aurait 60 mètres de large, il pouvait tout aussi peu prévoir le trafic actuel qu’Haussmann quand il conçut les Champs-Élysées. »
    Pour hâter la réalisation de ce projet, Hitler demanda au secrétaire d’État Lammers de faire paraître un décret me conférant des pouvoirs très étendus et me plaçant directement sous les ordres de Hitler. Ni le ministre de l’Intérieur, ni le maire, ni le Gauleiter de Berlin, Goebbels, n’étaient habilités à me donner des ordres. Je fus même expressément déchargé de l’obligation d’informer la ville et le parti de l’état de mon projet  3  . Quand j’exprimai à Hitler le désir de pouvoir exécuter cette commande comme architecte indépendant, il acquiesça aussitôt. Le secrétaire d’État Lammers trouva un statut juridique me permettant d’éviter la fonctionnarisation qui me faisait horreur ; mon service ne devint en aucune manière un service public ; il fut au contraire traité comme un grand institut de recherches parfaitement indépendant.
    Le 30 janvier 1937, je fus officiellement chargé de la plus grande « mission architecturale » jamais confiée par Hitler. Il chercha longuement un titre qui sonnât bien et inspirât le respect. Ce fut Funk qui le trouva. Je devins l’ « inspecteur général de la Construction chargé de la transformation de la capitale du Reich ». Quand il me remit l’acte portant ma nomination, il le fit presque timidement, attitude

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