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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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quand il se marie, il perd pour les femmes qui l’adulent un certain quelque chose, il n’est plus autant leur idole. »
    Il croyait savoir que les femmes étaient sensibles au charme érotique puissant qui, selon lui, émanait de sa personne. Mais là encore, il était plein de méfiance ; il ne savait jamais, avait-il l’habitude de dire, si c’était le « chancelier du Reich » ou « Adolf Hitler » que les femmes préféraient et il n’aimait pas, avait-il aussi l’habitude de dire galamment, avoir des femmes d’esprit auprès de lui. Il n’avait manifestement pas conscience que de telles déclarations ne pouvaient manquer de blesser les dames présentes. Mais Hitler savait aussi se montrer paternel. Un jour qu’Eva Braun, qui était allée faire du ski, était en retard à l’heure du thé, il fut pris d’inquiétude, regardant nerveusement l’heure à sa montre, visiblement soucieux à la pensée qu’il avait pu lui arriver quelque chose.
    Eva Braun était d’origine modeste. Son père était instituteur. Je n’ai jamais fait la connaissance de ses parents qui ne se manifestèrent jamais et vécurent jusqu’à la fin de leur vie en petites gens. Eva Braun aussi garda sa simplicité, s’habillant sans recherche et portant des bijoux bon marché 3 dont Hitler lui faisait cadeau pour Noël ou pour son anniversaire. C’étaient, la plupart du temps, des pierres fines, valant au mieux quelques centaines de marks et en définitive d’une insultante modestie. Bormann soumettait un assortiment de bijoux à Hitler qui, avec son goût petit-bourgeois, choisissait, m’a-t-il semblé, les compositions les plus mesquines.
    Eva Braun ne s’intéressait pas du tout à la politique, c’est à peine si, une fois ou l’autre, elle essaya d’influencer Hitler. Mais, ayant une vue saine des choses de la vie quotidienne, elle se permit quelques remarques sur de petites anomalies de la vie munichoise. Bormann n’aimait pas ça du tout car, dans ces cas-là, Hitler le convoquait immédiatement. C’était une femme sportive, une bonne skieuse d’une grande résistance, avec qui nous entreprîmes très souvent des excursions en montagne au-delà des limites de notre domaine. Une fois, Hitler lui donna huit jours de congé, bien sûr à une période où lui-même était absent de la « montagne ». Elle vint avec nous passer quelques jours à Zürs où, n’ayant pas été reconnue, elle passa ses nuits à danser avec de jeunes officiers. Elle était loin d’être une moderne M me  de Pompadour ; elle n’intéresse l’historien que parce qu’elle donne du relief aux traits de caractère de Hitler.
    Sa situation m’inspirant de la compassion, j’éprouvai bientôt de la sympathie pour cette malheureuse femme attachée à Hitler. Notre commune aversion pour Bormann fondée, il est vrai, à l’époque, sur la lourdeur arrogante avec laquelle il violait la nature et trompait sa femme, contribua aussi à nous lier. Quand, au procès de Nuremberg, j’appris que Hitler avait épousé Eva Braun pour les trente-six heures qui leur restaient à vivre, je m’en réjouis pour elle, bien qu’on puisse encore retrouver dans ce geste le cynisme avec lequel Hitler avait toujours traité non seulement Eva Braun, mais aussi les femmes en général.
    Je me suis souvent posé la question de savoir si Hitler aimait les enfants. Quoi qu’il en soit, il s’y efforçait, quand il en rencontrait, connus ou inconnus. Il essayait même, sans que cela lui réussisse jamais vraiment, d’adopter à leur égard une attitude paternellement amicale. Il ne trouva jamais la bonne manière, celle qui lui aurait permis d’avoir avec eux des rapports simples et sans contrainte. Après leur avoir dit quelques mots, il s’occupait vite d’autre chose. Il ne considérait les enfants que comme les représentants de la génération montante et, en conséquence, se réjouissait plus de leur aspect (blonds aux yeux bleus), de leur taille (sains, vigoureux) ou de leur intelligence (vifs, résolus) que de leur être enfantin. Sur mes enfants, sa personnalité est toujours restée sans effet.
     
    Le seul souvenir qui me reste de la vie de société à l’Obersalzberg est celui d’un vide singulier. Par bonheur, j’ai noté dans mes premières années de détention, quand ma mémoire était encore fraîche, des bribes de conversation qui me semblent présenter quelque authenticité.
    Il ne reste pas grand-chose des innombrables

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