Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
vaisselle était blanche simplement. L’argenterie portait le monogramme de Hitler, comme à Berlin. Les quelques fleurs qui ornaient la pièce avaient toujours l’approbation de Hitler. On avait toujours de la bonne cuisine bourgeoise, d’abord de la soupe, puis un plat de viande, enfin un entremets sucré ; on buvait de l’eau minérale de Fachingen, ou du vin cacheté ; des domestiques en gilets blancs et pantalons noirs, en fait des gardes du corps SS en livrée, faisaient le service. Environ vingt personnes prenaient part au repas, mais la longueur de la table ne permettait, pas qu’une conversation générale s’engage. Hitler était assis au milieu de la table, juste en face de la fenêtre ; il s’entretenait avec son vis-à-vis, dont il changeait chaque jour, ou avec ses voisins de table.
    Peu de temps après le repas, on se formait en cortège pour se diriger vers le pavillon de thé. Comme la largeur du chemin ne permettait qu’à deux personnes d’aller de front, ce cortège ressemblait à une procession. Précédé à quelque distance par deux fonctionnaires du service de sécurité, Hitler avançait avec son partenaire du moment, suivi de l’assemblée des convives dans n’importe quel ordre ; des membres du personnel de surveillance fermaient la marche. Les deux bergers allemands de Hitler s’ébattaient dans la nature, sans se soucier de ses ordres ; c’étaient bien les seuls opposants à la cour de Hitler. A la grande irritation de Bormann, Hitler faisait tous les jours ce même chemin d’une demi-heure, négligeant d’emprunter les kilomètres de chemins forestiers goudronnés.
    Le pavillon de thé avait été construit en contrebas du Berghof, à un endroit d’où on découvrait la vallée de Berchtesgaden, car c’était le point de vue préféré de Hitler. La compagnie s’extasiait devant le panorama, en employant toujours les mêmes termes, et Hitler approuvait en employant toujours les mêmes formules. Le pavillon lui-même se composait d’une pièce ronde, aux proportions agréables, de huit mètres de diamètre environ. A une rangée de fenêtres à petits carreaux, faisait face, contre le mur intérieur, une cheminée où brûlait un feu. Assis dans de confortables fauteuils, nous nous groupions autour de la table ronde, Eva Braun et une des dames aux côtés de Hitler. Quand un des convives n’avait pas de place, il allait s’asseoir dans une petite pièce contiguë. Chacun pouvait avoir à son gré du thé, du café, du chocolat, avec différentes sortes de gâteaux, tartes et pâtisseries, et, pour finir, des alcools. Ici, à l’heure du café, Hitler aimait tout particulièrement se perdre dans d’infinis monologues dont les thèmes étaient parfaitement connus de la compagnie qui ne les suivait que distraitement en feignant l’attention. Il arrivait que Hitler lui-même s’endormît au cours de ces monologues. La compagnie continuait alors de s’entretenir à voix basse, espérant qu’il se réveillerait à temps pour le dîner. On était entre soi.
    Au bout de deux heures environ, à six heures en général, le thé se terminait. Hitler se levait alors et la procession des convives se rendait à un endroit éloigné d’une vingtaine de minutes, où l’attendait une colonne de voitures. De retour au Berghof, Hitler avait l’habitude de se retirer tout de suite dans ses pièces du haut, tandis que le reste du groupe se dispersait. Bormann disparaissait souvent dans la chambre d’une des jeunes secrétaires, provoquant ainsi les commentaires sarcastiques d’Eva Braun.
    Deux heures plus tard, on se retrouvait déjà pour le dîner qui déroulait le même rituel que le déjeuner. Ensuite Hitler, à nouveau suivi de la même compagnie, se rendait dans le salon. Les meubles, choisis par l’atelier Troost, étaient peu nombreux, mais énormes : une armoire de plus de trois mètres de haut et cinq mètres de long, renfermant les diplômes de citoyen d’honneur et les disques ; une vitrine d’un style néo-classique monumental ; un boîtier d’horloge énorme, surmonté d’un aigle en bronze qui semblait veiller sur lui. Devant la grande baie vitrée se trouvait une table longue de six mètres sur laquelle Hitler prit l’habitude de signer des documents ou, plus tard, d’étudier des cartes d’opérations. Les sièges, recouverts de cuir rouge, étaient répartis en deux groupes distincts : le premier était disposé autour de la cheminée dans la

Weitere Kostenlose Bücher