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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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la vie dont témoignait par exemple l’architecture grecque, était, selon lui, « allègre et saine ». Un jour, la photo d’une belle nageuse le plongea dans une rêverie philosophique. « Quels merveilleux corps on peut voir aujourd’hui ! C’est en notre siècle seulement que la jeunesse par le sport, se rapproche des idéaux grecs. Les siècles précédents ont bien négligé le corps. Mais, en cela, notre époque se différencie de toutes les autres époques depuis l’Antiquité. » Lui, pourtant, refusait de pratiquer quelque sport que ce soit. Il ne mentionna jamais non plus qu’il avait eu dans sa jeunesse une quelconque activité sportive. Quand il parlait des Grecs, il pensait aux Doriens. L’hypothèse émise par des savants de son époque, selon laquelle la tribu dorienne, venue du Nord, était d’origine germanique et sa culture étrangère au monde méditerranéen, y était pour quelque chose.
     
    La passion de Göring pour la chasse était un des thèmes favoris de nos conversations. « Comment un homme, raillait-il, peut-il s’enflammer pour une chose comme ça ? Tuer des animaux quand c’est nécessaire est l’affaire du boucher. Et en plus, dépenser de l’argent pour ça… Je comprends qu’il doive y avoir des chasseurs professionnels pour tuer le gibier malade. Et si encore il y avait l’attrait du danger comme dans les temps où on affrontait le gibier à l’épieu. Mais aujourd’hui où n’importe quel gros ventre peut, en toute sécurité, abattre le gibier à distance… La chasse et les courses de chevaux sont les dernières survivances d’un monde féodal disparu. »
    Un autre plaisir de Hitler consistait à se faire raconter en détails par l’ambassadeur Hewel, l’homme de liaison de Ribbentrop, la teneur de ses conversations téléphoniques avec le ministre des Affaires étrangères. Il lui donnait même des conseils sur la manière de plonger son chef dans l’inquiétude et le désarroi. Parfois, il se tenait près de Hewel, lui faisant répéter, combiné caché, ce que Ribbentrop disait et lui soufflant les réponses à voix basse. Le plus souvent, ces remarques sarcastiques touchaient le souci continuel qui habitait le méfiant ministre des Affaires étrangères de voir des cercles incompétents influencer Hitler dans le domaine de la politique étrangère et mettre ainsi en question sa propre compétence.
    Même après des négociations dramatiques, Hitler pouvait se moquer de ses interlocuteurs. Il raconta une fois comment, le 12 février 1938, il convainquit Schuschnigg du sérieux de la situation en feignant de s’emporter avec éclat, le forçant ainsi à céder. On a rapporté maintes réactions qui pourraient ressembler à des crises d’hystérie mais qui, en fait, n’ont dû être que de la comédie. Car c’est la maîtrise de soi qui fut, en général, précisément l’une des qualités les plus remarquables de Hitler. En ma présence, il ne perdit, à cette époque-là, que de rares fois le contrôle de lui-même.
    La première fois, cela a dû se passer en 1936, dans le salon du Berghof. Schacht était venu faire un exposé de la situation. Nous-mêmes, les hôtes, étions assis sur la terrasse contiguë ; la grande fenêtre du salon était restée grande ouverte. Manifestement irrité au plus haut point, Hitler invectivait son ministre de l’Économie qui lui répondait d’une voix forte et décidée. La dispute gagna en violence, puis s’interrompit brutalement. Furibond, Hitler vint nous rejoindre sur la terrasse et s’étendit longuement sur la résistance bornée de son ministre de l’Économie qui différait sans cesse le réarmement. En 1937, un autre accès de rage, tout à fait inhabituel, eut Niemöller pour cause. Celui-ci avait à nouveau fait preuve d’insoumission dans son sermon à Dahlem ; on montra à Hitler, en même temps que le texte du sermon, les minutes des écoutes de conversations téléphoniques de Niemöller. Hitler aboya l’ordre de jeter Niemöller dans un camp de concentration et de ne plus l’en laisser sortir, puisqu’il montrait qu’il ne s’amendait pas.
    Un autre cas renvoie à sa prime jeunesse. Me rendant, en 1942, de Budweis à Krems, je vis un grand écriteau sur une maison du village de Spital près de Weitra, à la frontière tchèque. Selon l’écriteau Hitler avait, dans sa jeunesse, habité dans cette maison. Je rapportai ma découverte à Hitler. Il devint instantanément fou de

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