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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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l’étranger. Il se refusa même à faire venir discrètement un spécialiste chez lui pour un premier examen. A ce que je sais, on ne l’examina donc jamais sérieusement et il continua à soigner ses symptômes selon ses propres théories, ce qui d’ailleurs correspondait tout à fait à son attitude de dilettante.
    En revanche, il consulta pour une extinction de voix, qui allait empirant, le célèbre spécialiste berlinois de la gorge, le professeur von Eicken. Celui-ci vint à la Chancellerie l’examiner à fond et Hitler fut soulagé d’apprendre qu’il ne s’agissait pas d’un cancer. Depuis des mois, il nous parlait de l’empereur Frédéric III et de sa fin tragique. Le chirurgien lui enleva un kyste inoffensif. Cette opération bénigne eut également lieu à son domicile.
    En 1935, Heinrich Hoffmann était tombé sérieusement malade ; le D r  Morell, une de ses vieilles connaissances, le soigna et le guérit en employant des sulfamides 3 venus de Hongrie. Hoffmann n’arrêtait pas de vanter à Hitler les mérites de ce merveilleux docteur qui lui avait sauvé la vie. Il était certainement de bonne foi, car l’une des qualités de Morell était la capacité d’exagérer au-delà de toute mesure la gravité de la maladie qu’il avait guérie, pour mieux faire ressortir son art.
    Le D r  Morell prétendait être l’élève du célèbre bactériologue Elie Metchnikoff (1845-1916), prix Nobel de médecine et professeur à l’Institut Pasteur 4  . Il prétendait que Metchnikoff lui avait enseigné l’art de combattre les maladies bactériennes. Plus tard, il aurait, à ses dires, entrepris de grands voyages comme médecin de bord sur de gros paquebots. Indubitablement, ce n’était pas vraiment un charlatan ; c’était plutôt un fanatique possédé par l’amour de sa profession et la passion de l’argent.
    Hoffmann réussit à convaincre Hitler de se faire examiner par Morell. Le résultat nous étonna car, pour la première fois, Hitler sembla convaincu de l’importance d’un médecin. « Personne encore, nous expliqua-t-il, ne m’avait dit ce que j’avais, si clairement et si nettement. On voit où il va pour vous guérir, et c’est si logique que j’ai la plus grande confiance en lui. Je suivrai ses prescriptions à la lettre. » Le diagnostic avait, d’après les déclarations de Hitler, conclu principalement à une complète régression de la flore intestinale dont Morell voyait l’origine dans un surmenage nerveux. Il assurait que, cette maladie guérie, tous les autres maux disparaîtraient d’eux-mêmes. Il voulait pourtant hâter le processus de guérison par des injections de vitamines, de substances glandulaires, de phosphore et de glucose. Le traitement devait durer un an ; auparavant on ne pourrait en attendre que des succès partiels.
    De ce jour, il ne fut plus question que de capsules emplies de bactéries intestinales, appelées « Multiflor » et cultivées, à ce qu’assurait Morell, « à partir d’une souche bactérienne de la première qualité prélevée chez un paysan bulgare ». Nous ne connaissions ce qu’il injectait ou donnait par ailleurs à avaler à Hitler que par certaines allusions. Ces méthodes nous inquiétaient quelque peu. Le D r  Brandt se renseigna auprès d’amis spécialistes des maladies internes qui récusèrent en bloc les méthodes de Morell, comme osées et non fondées sur des expériences de laboratoire. Il semblait surtout craindre l’accoutumance. On dut en effet augmenter la fréquence et la dose de ces injections, composées de substances chimiques, d’extraits de plantes et d’extraits de testicules et d’entrailles d’animaux. Un jour, Göring blessa gravement Morell en lui décernant le titre de « maître seringueur du Reich ».
    Pourtant un eczéma au pied, qui donnait depuis longtemps de gros soucis à Hitler, disparut dès le début du traitement. Au bout de quelques semaines, les maux d’estomac s’atténuèrent ; Hitler mangeait nettement plus et aussi des plats plus lourds à digérer, il se sentait mieux et déclarait avec enthousiasme : « Ah, si je n’avais pas rencontré Morell ! Il m’a sauvé la vie ! Admirable, comme il m’a soigné ! »
    Si, d’habitude, Hitler s’entendait à fasciner les autres, cette fois-ci, le rapport était inverse : Hitler était pleinement convaincu du génie de son médecin et ne toléra bientôt plus qu’on le critiquât. En tout cas, Morell

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